Nous avions passé une excellente journée à skier. A présent, avec quelques jeunes de moins de vingt ans, nous étions attablés dans la cuisine, autour d'un jus de fruit chaud à peine plus rouge que nos propres joues. Et nous discutions de ce qui constitue la base de la guérison en Science Chrétienne. Ayant ouvert Science et Santé, notre livre d'étude, j'y lus cet énoncé de Mrs. Eddy: « Si au lieu de tirer nos conclusions concernant l'homme de la perfection, nous les tirons de l'imperfection, nous ne pouvons pas plus arriver à la vraie conception ou compréhension de l'homme, et devenir semblables à cette conception, que le sculpteur ne peut perfectionner les contours de son œuvre en regardant un modèle imparfait, ou que le peintre ne peut représenter la forme et le visage de Jésus, en ayant dans la pensée le caractère de Judas. » Science et Santé, p. 259;
« Nous commençons donc avec la perfection, dis-je, ça, c'est une exigence fondamentale ! »
« Mais, dit Janine en m'interpellant, tout ça c'est très joli, et si j'avais une grosse fièvre ou que j'étais très malheureuse ? La vie me semblerait alors tout à fait imparfaite ! »
Je me refusai toutefois à accepter ce tableau de désolation mortelle. « Quoi qu'il en soit, repris-je, il est nécessaire d'adopter le point de vue de la perfection, de clarifier notre idée de Dieu et de l'homme. C'est le seul moyen de se préparer à accepter la conscience de ce qui est parfait, conscience qui apporte la guérison. En fait, la guérison n'est qu'un sous-produit. C'est ce qui advient lorsque nous saisissons le fait réel que nous sommes les idées spirituelles de Dieu, l'unique Entendement. »
« Bon, répliqua Janine, eh bien supposons que je me mette à songer à l'amour de Dieu, et que je m'accroche à l'idée que je suis bien Son reflet total. Il se peut qu'à présent je sois moins malheureuse, moins méfiante. Où en sommes-nous avec cette masse inerte qui a si chaud ? Supposons que j'aie toujours de la température et que cela semble rudement réel. »
Le livre d'étude me fournit une fois encore la réponse: « “Lorsque l'élément humain en lui luttait avec le divin, notre grand Maître dit: « Que Ta volonté soit faite, et non la mienne ! » ” » p. 33; (Voilà ce que Mrs. Eddy fait ressortir à propos de la lutte que livra Jésus. Croire en la matière, comme malade ou en bonne santé, ne constitue pas une habitude dérivée de Dieu; nous pouvons donc échanger nos fausses croyances contre un point de vue spirituel et tout remettre entre les mains de Dieu. Existe-t-il où que ce soit quelque chose de susceptible de nous empêcher de changer notre façon de penser ?)
« Un instant, s'écria Jacques, je saisis quelque chose ! Est-ce que peut-être notre seule lutte n'est pas simplement faite du refus d'abandonner l'habitude d'estimer que nos problèmes sont insurmontables ? En tout cas, la solution n'est jamais dans le problème, jamais dans un mauvais pli de penser erroné, jamais dans la matière, qu'elle soit bonne ou mauvaise, complète ou incomplète. Ni le problème ni la solution ne se trouve dans la matière. Et puis la solution exige toujours que nous nous tournions vers Dieu. »
Un silence suivit, Janine passait les sandwichs. Je repris: « N'est-ce pas, l'humilité qui nous permet de nous détourner du problème, nous rapproche aussi de la liberté, de la guérison. La conscience qui est pleine du problème, ne peut accueillir la perfection et le pouvoir découlant de la compréhension que l'homme est spirituel. »
« Je peux très bien voir, intervint Suzanne, qu'en m'en remettant entièrement à la volonté divine, je revendique ma véritable filiation à Dieu. C'est absolument clair ! »
« Et peu importe la manière, poursuivis-je, dont la théologie traditionnelle fait allusion au Christ; en Science Chrétienne, on n'a ni Principe ni règle de guérison sans comprendre le Christ, le divin message qui parle toujours en nos cœurs, enseignant et prouvant que Dieu est Père et Mère universels, qu'Il est tout à vous, tout à moi ! »
Robert intervint à son tour: « Vous savez, si un voisin me demande qui je suis et que je réponds que je suis un des enfants de M. Dupont, eh bien ça signifie quelque chose. Ça veut dire que mon père et ma mère m'aiment, qu'ils prennent soin de moi, m'habillent et me nourrissent. Et parce qu'ils m'aiment et que je les aime, je leur obéis et suis heureux de faire ce qu'ils me demandent. Alors pourquoi ne pas accepter Dieu comme notre Père-Mère Entendement et admettre qu'Il nous aime, qu'Il nous vête et nourrisse notre esprit d'idées justes ? Pourquoi ne pas reconnaître que nous sommes membres de la famille de Dieu et déclarer gaiement: “Que Ta volonté soit faite” ? Et dis-moi, Janine, où donc est cette fièvre à présent ? » ajouta-t-il.
« Mais absolument nulle part, fit-elle, nulle part chez les enfants de Dieu. »
« En somme, reprit Jacques, quelle méthode de guérison avons-nous ? Pour commencer à prier, il faut refuser à la pensée la possibilité de s'apesantir sur le problème comme s'il s'agissait d'un fait réel. Ceci met l'humilité en action et nous montre que nous sommes fils de Dieu. »
Puis ce fut au tour de Robert de prendre la parole: « Voyons, cette sorte de douceur, c'est la puissance. Pour l'appeler d'un autre nom, c'est le muscle spirituel. Dans cet ordre d'idées, on peut dire que Christ Jésus était très fort. Il savait qu'il était le Fils de Dieu; et nous aussi d'ailleurs. Nous sommes donc à présent prêts à prier, à penser la Prière du Seigneur qu'il nous a donnée. »
Tous ensemble: « Mais certainement. »
« Mais ce n'est pas tout à fait fini, repris-je. Il y a plus à accepter. Nous avons déjà accepté cette discipline qui ne fait qu'un avec l'obéissance à la volonté divine. L'accepter, nous permet d'avoir une vue plus claire de l'amour qui vient de Dieu. Tous les dimanches à l'église nous entendons ceci du pupitre: “Voyez quel amour le Père nous a témoigné, pour que nous soyons appelés enfants de Dieu !” I Jean 3:1; L'amour de Dieu est spirituel, c'est nous qui le recevons. L'amour que Dieu nous porte, exige que nous aimions de cette manière divine et que nous fassions fi de toutes les autres. »
Et Jacques compléta mon idée en ajoutant: « Il faut toujours juger — et vivre — en se fondant sur l'amour de Dieu, sur la perfection. Le seul homme qui soit est le reflet de Dieu, le reflet de l'Amour. Nous sommes en mesure de neutraliser toutes suggestions tentant de s'ériger contre la position spirituelle de perfection que l'Amour connaît comme vraie. »
Je renchéris: « Mais absolument, Jacques, c'est ainsi — par l'amour — que nous déversons la vérité qui guérit; sans nous appuyer sur l'amour personnel du sens personnel d'un mortel, mais en identifiant l'amour de Dieu en toutes circonstances. L'amour de Dieu apporte la guérison tout aussi certainement que Dieu est omniprésent. Le moment présent est le seul, il est unique et il est parfait. Jamais il n'y a eu d'autre entendement que cette seule conscience pleine d'amour. Sous cet éclairage, n'importe quelle vision différente que nous entretenons de nous-mêmes ou des autres, doit disparaître. »
« Simplement avec ce point de vue, as-tu jamais eu une guérison ? » interrogea Jacques.
« Certainement, fis-je. En me servant de la Science divine, j'ai réussi à démontrer une vue parfaite. Je souffrais de voir de moins en moins bien. Et un jour, il fallait que j'appelle quelqu'un d'urgence; mais une fois dans la cabine téléphonique, impossible de lire l'annuaire. Je me suis alors rendu compte de l'importance du problème et j'ai, sur-le-champ et de tout cœur, décidé de baser mes pensées sur la perfection. Sur pareille assise, je ne pouvais être consciente de rien autre que la totalité de Dieu qui comprenait mon identification à Dieu. Je m'érigeai en force contre ce qui suggérait l'éventuelle puissance d'une affliction dénommée vision imparfaite. Ayant établi clairement cette vérité dans ma conscience, je me rendis compte que, focalisant convenablement, mes yeux percevaient à présent parfaitement les lettres et les chiffres. Et ce problème n'a jamais réapparu. Nous lisons dans I Corinthiens: “Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous ne vous appartenez point à vous-mêmes ?” » I Cor. 6:19.
Et voilà ce que, ce jour-là, nous avons appris sur la guérison.