Dans son Évangile, Matthieu nous relate que Christ Jésus appelle à lui en ces termes tous ceux qui sont fatigués et chargés: « Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur; et vous trouverez du repos pour vos âmes. » Matth. 11:29;
La plupart des humains donnent un sens quelque peu péjoratif à l'humilité, la considérant comme une manifestation de crainte et de faiblesse. Jésus, au contraire, par l'abstraction complète du moi et par sa démonstration du pouvoir divin quant à la guérison, concrétisa ce qu'il comprenait être la relation l'unissant à Dieu, son Père. Nous lisons dans l'Évangile de Jean: « En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même, il ne fait que ce qu'il voit faire au Père; et tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareillement. » Jean 5:19;
Ces paroles définissent exactement la véritable humilité chrétienne. C'est en affirmant cette humilité que Jésus nous a montré qu'à l'origine de sa puissance, de sa confiance, et de sa maîtrise sur la rancœur, se trouvait, selon la loi de réflexion, son expression de toutes les qualités du Christ. L'Ancien Testament nous fournit également plusieurs exemples de remarquable humilité devant la provocation. David, alors qu'il tenait Saül à sa merci, refusa de le frapper; il fut si calme, si maître de lui qu'il sut résister à la tentation de se venger et voir en Saül non pas l'ennemi qui cherchait à le faire périr mais «l'oint de l'Éternel ». I Sam. 26:11; Avant de retourner chez lui, Saül reconnut son erreur et il bénit David.
La véritable humilité dont nous savons qu'elle est génératrice de maîtrise de soi, fut maintes fois manifestée par notre Maître bien-aimé dans son œuvre de guérison. L'assurance qu'il témoignait devant les nécessités humaines urgentes, s'appuyait sur une base plus qu'humaine. Comme l'écrit Mrs. Eddy en parlant de la guérison-Christ de notre époque: « Il est bon d'être calme dans la maladie; espérer vaut mieux encore; mais le mieux de tout, c'est de comprendre que la maladie n'est pas réelle et que la Vérité peut en détruire la réalité apparente, car la compréhension de ce fait est le remède universel et parfait. » Science et Santé, p. 393;
Ces lignes nous rappellent le récit que fait Jean de la résurrection de Lazare (voir Jean 11:1–44). Avec la calme certitude du pouvoir régénérateur de Dieu, Jésus attendit deux jours avant de se mettre en route. Sa compréhension de l'immortalité de la Vie était telle, qu'arrivé au tombeau il commença par rendre grâces à son Père d'avoir déjà exaucé sa prière. Puis, comme il en donna l'ordre impératif, Lazare sortit du tombeau.
C'est grâce à cette calme humilité, qu'au mont des Oliviers il put appeler « Mon ami » celui qui lui donnait le baiser de la félonie (Matth. 26:50). Et cette humilité atteignit son apogée lorsque, sur la croix, il put encore prier son Père de pardonner ses persécuteurs.
Nous, qui nous disons ses disciples, sommes confondus devant une grandeur d'âme telle, qu'elle nous paraît inaccessible. Certes, nous n'avons pas encore atteint à la stature parfaite du Christ; mais nous pouvons cependant, grâce à ce que nous savons de la Science Chrétienne, accomplir dès maintenant certaines des œuvres que fit Jésus, à condition que nous manifestions son humilité qui nous permettra de rester calmes devant les diverses manifestations de l'erreur. Nulle part il ne nous est dit que Jésus se précipita ou courut, quelles que fussent les circonstances, et nous devons suivre son exemple. Mrs. Eddy nous dit: « Les malades sont terrifiés par leurs croyances malades, et les pécheurs devraient être effrayés par leurs croyances pécheresses; mais le Scientiste Chrétien sera calme en présence du péché ainsi que de la maladie, sachant bien que la Vie est Dieu, et que Dieu est Tout. » p. 366;
Supposons qu'une maman nous appelle pour nous dire que son petit enfant est gravement malade, et qu'elle nous supplie de venir le plus vite possible. Nous précipiter ainsi serait admettre le fait que nous reconnaissons et affirmons la réalité du cas, ce serait croire que nous pouvons faire quelque chose de nous-mêmes. Au contraire, nous devrions pouvoir attendre deux jours, c'est-à-dire prendre le temps d'imposer silence à la voix intérieure de la crainte et admettre que nous ne pouvons rien de nous-mêmes, mais « tout par celui qui [nous] fortifie [Christ] ». Phil. 4:13; Entre-temps nous nous appliquerions à devenir conscients de la totalité de l'éternel Je suis, omniscient, omniprésent et omnipotent, déniant ainsi toute réalité à ce qui est humain, matériel, terrestre, tel que la tristesse, la crainte et la souffrance. Pensant et agissant ainsi, nous pourrons ensuite nous rendre calmement auprès de l'enfant que nous aurons conscience de savoir en sécurité «sous l'abri du Très-Haut ». Ps. 91:1;
Cette humilité de Jésus nous sauvera de l'orgueil et nous permettra de rester muet devant les critiques et les injures. N'éprouvant de satisfaction qu'en écoutant la voix de la Vérité, nous éviterons de nous laisser emporter par le torrent maléfique de l'entendement mortel. En outre, nous saurons écouter patiemment la réprimande que nous méritons et nous inspirer de l'exemple donné par Mrs. Eddy. Parlant d'elle-même dans Science et Santé, elle dit: « Durant bien des années l'auteur a été fort reconnaissante lorsqu'on lui a fait des observations qui étaient méritées. » Science et Santé, p. 9.
C'est de cette manière que nous connaîtrons la paix, telle que Jésus l'a promise à tous ceux qui seraient ses disciples, à ceux qui se chargeraient de son joug — en déclarant: « Vous trouverez du repos pour vos âmes. » Cette paix, ce repos de nos âmes, voilà bien le royaume de Dieu au-dedans de nous.
