L'humanité lutte afin de trouver la réponse à cette question solennelle, à une époque qui sera peut-être considérée plus tard comme celle de la grande peur. Elle sera également considérée comme une époque de fabuleuses inventions mécaniques ayant apporté à l'individu une plus grand liberté physique mais aussi, et paradoxalement, la crainte mesmérique de la disparition de la race humaine.
Les observateurs superficiels, qui admettent tout ce que la pensée humaine tient pour vrai temporairement et fondent là-dessus leurs conclusions, sont enclins à croire à cette destruction. Il se peut qu'ils soient en désaccord quant à l'époque où interviendra l'explosion finale de la volonté et de la haine humaines, explosion qui pourra entraîner la destruction de toutes les formes d'existence terrestre, mais ils sont généralement bien d'accord sur le fait que, puisque la peur seule est ce qui retient le déclenchement d'une guerre atomique détruisant tout, l'explosion finale se produira sans aucun doute. Ils formulent leurs funestes prévisions sous l'influence du tableau actuel de l'agitation générale, des révoltes et des guerres, auquel s'ajoute le mépris à l'égard de la moralité chrétienne, ce qui maintient la pensée humaine en état d'effervescence.
Et cependant, l'humanité désire ardemment vivre. Les symptômes de surexcitation et d'anxiété ne sont pas autre chose que l'indice que le caractère urgent de la situation est présentement largement reconnu. Partout les gens recherchent la sécurité, la liberté à l'égard des impulsions qui divisent, l'assurance de la paix. Leur désir sera-t-il exaucé ? Ou bien l'image actuelle des bouleversements mondiaux est-elle le signe réel du début de l'autodestruction universelle ? Dans quelle direction la longue histoire de l'humanité s'oriente-t-elle ?
A toute époque, la qualité de l'action humaine, individuelle et collective, résulte des concepts prédominants au sujet de Dieu et de l'homme, et, par voie de conséquence, de la relation de l'homme à l'homme. Ces facteurs déterminent la nature du caractère humain, son degré de spiritualité, sa foi en quelque chose de plus élevé que la ruse animale et la force matérielle. Donc, fondamentalement parlant, l'espoir de l'humanité réside dans sa progression vers une compréhension plus haute de la nature divine de l'homme et la démonstration de cette nature.
C'est à peine si un progrès dans ce sens fut apparent au cours des premiers siècles de l'humanité, et même aujourd'hui, ce progrès est loin d'être général. Dans de vastes parties du globe, des hommes mènent encore une existence des plus primitives, à peine touchés par le développement, en d'autres lieux, de l'intellect humain et de la compréhension humaine manifestés sous forme de réalisations sociales et politiques progressives dans les groupements humains les plus avancés.
L'histoire de l'humanité offre au cours des millénaires quelques exemples de cet éveil spirituel graduel dans des lois fondamentales telles que — si on les énumère dans l'ordre historique de leur apparition — les Dix Commandements énoncés par Moïse, les lois bienveillantes de Darius concernant le gouvernement des provinces conquises, le Sermon sur la Montagne, certains écrits du Coran, et, des siècles plus tard, quelques-unes des lois votées par le Parlement de Londres, le Congrès de Washington, et la Charte des Nations Unies. Tous ces efforts, moraux et politiques, furent accomplis afin d'aider les hommes à vivre ensemble dans la paix et la justice.
Le progrès spirituel de la race humaine s'est fait sentir petit à petit, dans l'apparition de qualités d'humanité mises en évidence par l'attribution à l'individu d'une valeur toujours plus grande. Avec quelle simplicité la vieille paysanne du roman de Frederic Prokosch intitulé Ère d'orage résume-t-elle tout cela en affirmant: « Ma mère m'a dit, et ma grand-mère avant elle, et c'est encore vrai, que nous devons apprendre à nous aimer les uns les autres ou mourir, et que c'est la seule leçon, qu'il n'y en a pas d'autre, et que c'est là tout ce qui existe. » Toutefois, l'amour et la compassion fraternels ne s'apprennent pas comme la table de multiplication; il faut que l'humanité y parvienne par le développement spirituel.
C'est des superstitions aveugles de la période primitive, lorsque la peur de la nature et l'absolue nécessité de pourvoir aux besoins essentiels mêmes de l'existence dominaient la vie humaine, que se développa la croyance en de nombreux dieux locaux, à la fois bons et mauvais, ainsi que l'imagerie qui était censée les représenter. Sous l'impulsion de cette double norme de réalité, intelligence et pouvoir, ce fut une période de conquête s'appuyant sur la force physique brute, une période de pillage et de meurtre des populations de cités entières.
C'est pendant cette période où sévissait un polythéisme cruel et impitoyable que les premiers faibles indices de monothéisme apparurent en Égypte. Plus tard, les enfants d'Israël instaurèrent le culte d'un Dieu unique et, sous la conduite spirituelle de Moïse, ils introduisirent ce culte au Proche-Orient.
Dans leur expression première du monothéisme, Dieu, que les Israélites apprirent à connaître en tant que Je suis celui qui suis, apparaissait encore comme un être corporel, dans lequel les plus hautes vertus se combinaient avec la faculté d'infliger de terribles châtiments à ceux qui transgressaient Sa loi. Et cependant, même ce concept erroné de l'Être Suprême représentait un grand pas en avant dans la marche de l'humanité vers la lumière de la vérité ultime que Dieu est le Principe divin, ou cause première, existant en soi. L'apparition de cette lumière mena au pas suivant, le plus grand qui eût jamais été fait, dans le sens du progrès spirituel de la race humaine. Cette lumière était la lumière du Christ, la Vérité. Entrevue par les patriarches et les prophètes, elle apparut dans sa plénitude au cours d'une unique existence humaine. La faire paraître dans tout son éclat fut l'œuvre d'un seul homme: Christ Jésus.
Parce que d'une façon innée, le Maître comprenait que Dieu est Esprit, Vérité, Amour protecteur créateur de tout, tout intelligent et donnant toute inspiration, et que l'homme est Sa parfaite ressemblance spirituelle, il comprenait l'effet exaltant que le Christ, la Vérité, aurait sur ceux qui le comprendraient et le mettraient en pratique. Il leur assura: « Je suis la lumière du monde; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie. » Jean 8:12; Il savait que l'expression humaine de cette lumière, de l'amour de Dieu pour tous Ses enfants, serait la longanimité, la justice, l'amour et le respect à l'égard du prochain. Ce sont là les qualités de pensée et l'attitude qui préserveront à coup sûr l'humanité de l'impulsion destructrice de l'entendement charnel et établiront la paix, le bonheur et le progrès pour tous. Lorsque l'humanité deviendra pleinement consciente du fait que l'Amour divin est l'unique cause première gouvernant tout, les guerres cesseront.
Le christianisme vint accompagné de sa preuve. Parce que le Maître ne se borna pas à enseigner le Christ mais qu'il le démontra par les guérisons qu'il opérait, par la régénération du caractère humain et par sa réapparition après avoir été exécuté, le christianisme du Christ est demeuré en tant que présence spirituelle pour guider et bénir l'humanité.
Cependant, au cours des siècles qui suivirent, le caractère simple et direct des enseignements de Jésus fut obscurci par des interprétations personnelles et aussi parce que le Sermon sur la Montagne fut l'objet d'accommodements. C'est ainsi que la Science des enseignements du Christ, rendue manifeste dans la guérison de la maladie et du péché, disparut dans une large mesure de la scène humaine.
La signification de l'apparition, dix-huit siècles plus tard, de Mary Baker Eddy, la Découvreuse et Fondatrice de la Science Chrétienne,Christian Science: Prononcer ’kristienn ’saïennce. réside dans sa découverte, qui fit date, du fait que les enseignements de Christ Jésus sont scientifiques, susceptibles d'être prouvés aujourd'hui exactement comme ils le furent à l'époque du Maître, et qu'ils possèdent par conséquent la même capacité de libérer l'individu des éléments destructeurs de l'entendement charnel. C'est pourquoi son œuvre, la Science Chrétienne, qui expose à nouveau et explique dans le détail le christianisme du Christ, offre à l'humanité la possibilité pratique réelle de désarmer l'entendement mortel et d'obtenir sur la terre l'amour et la paix universels du royaume des cieux.
Actuellement même, l'humanité est sur la voie qui mène à la réalisation de cet état, grâce à la compréhension scientifique de Dieu, l'Entendement infini qui est Amour, et de l'homme en tant que Son expression harmonieuse et parfaite. Un grand nombre de personnes de par le monde apprennent, grâce à la Science Chrétienne, qu'en réalité l'homme n'est pas un mortel imparfait, susceptible de motivations mauvaises, mais une idée divine, toujours pleinement développée et pleinement consciente de sa propre nature véritable d'enfant de Dieu, aimant, aimable et bien-aimé. Cette compréhension leur permet de résister au mal, de ne pas être attirés par lui et de ne pas le craindre. Ils deviennent plus clairement conscients de la seule intelligence, du seul pouvoir du bien. La Science Chrétienne leur a inculqué une confiance croissante dans le bien, une incrédulité de plus en plus grande quant à l'intelligence du mal, et une répugnance correspondante à recourir aux voies et moyens de l'entendement charnel pour la solution de leurs problèmes.
L'expansion mondiale de la compréhension de la Science Chrétienne est inévitable, non seulement à cause de nos efforts humains pour la provoquer, mais parce que la Science Chrétienne est la vérité. Et la Vérité est une présence universelle qui se communique spirituellement. Elle atteint des lieux où les armées ne peuvent pénétrer. L'intelligence et le pouvoir de sa bonté se reconnaissent d'instinct grâce au sens spirituel. Bien des gens chercheront à l'atteindre lorsqu'ils seront dans la détresse, car généralement parlant, ceux qui se noient se dirigent vers ce qu'ils savent être une bouée de sauvetage.
L'effet de la Science Chrétienne sur la conscience humaine générale est de la libérer graduellement de l'appui sans fondement qu'elle accorde à la matière pour la réalisation de n'importe quel objectif désirable. Grâce à la Science Chrétienne, les hommes apprennent que les instincts mortels sont les suggestions ignorantes et trompeuses de l'entendement mortel humain. Dans Science et Santé avec la Clef des Écritures, notre Leader, Mrs. Eddy, nous enseigne ceci: « Supposer que le péché, la luxure, la haine, l'envie, l'hypocrisie et la vengeance, ont en eux de la vie, est une terrible méprise. La Vie et l'idée de la Vie, la Vérité et l'idée de la Vérité, ne rendent jamais les hommes malades, pécheurs ou mortels. » Science et Santé, p. 289;
Ainsi la Science Chrétienne neutralise les instincts agressifs de l'entendement charnel et fait naître la sympathie, la compassion et une serviabilité humaine active. Ce sont là des expressions d'amour fraternel. Elles constituent le fondement du développement sain et complet, de la paix entre individus aussi bien qu'entre nations et races. Ce sont les effets du Christ sur la conscience humaine générale.
La Science Chrétienne pénètre graduellement la pensée du monde. Reconnaissant et acceptant avec gratitude l'occasion et la responsabilité qui leur sont offertes d'accomplir la mission mondiale de la Science Chrétienne, les membres de L'Église Mère partout dans le monde participent avec joie à l'érection du Centre de l'Église de la Science Chrétienne, lequel fournira des facilités plus grandes et meilleures pour la poursuite de cet effort chrétien en faveur de l'humanité.
Le désir quasi universel de paix et la conscience croissante de la valeur et de la dignité inestimables de l'individu mènent clairement à la conclusion que, en dépit de toutes les suggestions actuelles du sens matériel prétendant le contraire, l'humanité ne se hâte pas vers sa propre destruction mais, grâce à sa compréhension croissante de l'unique Dieu universel qui est Amour, elle progresse vers sa libération des instincts charnels qui voudraient pousser les hommes à s'entre-détruire. Nombre d'entre eux apprennent l'éternelle vérité du conseil de Paul aux Romains selon lequel ceux qui désirent la paix doivent rechercher ce qui contribue à la paix.
Ce progrès vers un sens plus spirituel d'existence, bénissant les nations par l'intermédiaire des individus qui les constituent, ne dépend pas seulement du nombre de ceux qui ont ce sens plus élevé, mais du pouvoir de la Vérité. Le progrès ne résulte pas de l'effort humain non éclairé, mais de la réponse de la conscience humaine à l'appel du Christ. Et la Vérité ne peut jamais être vaincue ni indéfiniment ignorée.
Science et Santé nous donne cette assurance absolue de la victoire de la Vérité: « Lorsque les effets définitifs, tant physiques que moraux, de la Science Chrétienne seront pleinement compris, alors cessera le conflit entre la vérité et l'erreur, la compréhension et la croyance, la Science et le sens matériel, conflit préfiguré par les prophètes et inaugure par Jésus, et l'harmonie spirituelle régnera. Les éclairs et la foudre de l'erreur peuvent éclater et fulgurer jusqu'à ce que le nuage se dissipe et que le fracas se meure dans le lointain. Alors les ondées de la divinité rafraîchissent la terre. Comme le dit saint Paul: “Il reste donc encore un repos pour le peuple de Dieu” (de l'Esprit). » p. 288;
Si l'on jette un regard en arrière sur le long développement de la race humaine et que l'on considère ses progrès depuis l'obscur monde mental de l'habitant des cavernes jusqu'au monothéisme scientifique de la Science Chrétienne, les paroles de notre Leader dans Science et Santé nous donnent le courage d'affronter la crainte que l'humanité ne se détruise elle-même. Elle nous aide à acquérir la conviction que la paix ne peut manquer de s'établir si nous demeurons fidèles à notre compréhension du Christ, accélérant ainsi la spiritualisation de la pensée humaine générale. Notre Leader écrit: « L'éternelle Vérité transforme l'univers. A mesure que les mortels débarrassent leur mentalité de ses langes entravants, la pensée s'épanouit en expression. “Que la lumière soit,” tel est le commandement perpétuel de la Vérité et de l'Amour, qui transforme le chaos en ordre et la discordance en la musique des sphères. » p. 255.
Ce que l'humanité demande à grands cris, la Science Chrétienne le lui donne. Grâce à elle, le Christ est à l'œuvre dans la pensée humaine générale, la conduisant en toute sécurité à travers l'époque actuelle de résistance de l'entendement mortel aux exigences de la Vérité et de l'Amour, jusqu'à la paix, la satisfaction, les richesses et l'amour expansif de la maturité spirituelle.
