Dans la pensée humaine, la patience est considérée en général comme une vertu, puisqu'elle sous-entend la capacité d'endurer la souffrance sans se plaindre, l'habitude d'accepter les choses telles qu'elles sont. Mais elle peut aussi impliquer un sentiment d'abandon en face des vicissitudes; vue sous cet angle, la patience semblerait être une soumission au mal. Ainsi, dans certaines circonstances, ce qui apparaît superficiellement comme de la patience peut n'être qu'une simple apathie, c'est-à-dire une forme de paresse ou d'inactivité causée par l'amour du bien-être ou l'aversion du travail. Elle peut encore dissimuler la timidité chez une personne. Quel que soit le cas toutefois, la patience vue ainsi comporte une absence d'action manifeste.
La Science ChrétienneChristian Science: Prononcer 'kristienn 'saïennce. montre que, loin d'être une vertu, la patience, comprise de ces différentes manières, est matérialiste et erronée; au contraire, dans son sens spirituel et vrai, elle n'est pas l'acceptation placide de la souffrance morale et physique, de l'injustice ou de l'intimidation. En réalité, la patience n'est pas une soumission au mal et elle ne cesse jamais de lui résister. La patience n'est pas non plus l'attente indéfinie du moment où quelqu'un fera ce qu'il doit faire, ni une tolérance sans limites à l'égard d'une mauvaise action.
Dans son sens le plus élevé, comme le fait ressortir la Science Chrétienne, la patience n'est jamais un état inactif ou stagnant de l'entendement. Elle ne manque jamais de courage, mais elle est la représentation d'une activité paisible et soutenue dans le bien. La vraie patience est née de la compréhension scientifique qui reconnaît la seule intelligence et le pouvoir omniscient de l'Amour divin, Dieu; elle est inspirée par la confiance dans la victoire ultime de la loi divine sur toutes les suggestions de crainte, d'imperfection ou de défaite provenant de l'entendement mortel.
Celui que son impatience place au seuil du découragement, par suite de sa lenteur à progresser, doit se rappeler une simple et pourtant lumineuse illustration exposée dans Science et Santé avec la Clef des Écritures, par laquelle notre Leader, Mary Baker Eddy, souligne pour nous cette leçon que le ver lui-même atteint le sommet grâce à sa tranquille persévérance. Voilà la vraie patience, car c'est la patience en action.
En parlant de ceux qui, avec ténacité, maintiennent ce qu'ils ont appris de la vérité, Mrs. Eddy écrit: « Ils suivent fidèlement; en dépit des rumeurs bonnes ou mauvaises, ils continuent de travailler à l'achèvement du bien; par la patience, ils héritent la promesse. » Miscellaneous Writings, p. 340; Elle nous conseille alors explicitement: « Soyez actifs, et, si lent soit-il, votre succès est certain: l'effort apporte le triomphe; et, tu as été fidèle en peu de choses. » Un travail accompli avec fidélité, soutenu par une résolution calme et réfléchie, telle est la patience qui remporte la victoire.
Christ Jésus était conscient de la résistance à la vérité spirituelle enracinée dans la pensée courante de son temps. Il connaissait le danger personnel qui le menaçait si, par son enseignement de Dieu en tant qu'Amour et de l'homme comme expression toujours parfaite de Dieu, il continuait à s'opposer aux croyances humaines obstinées. Cependant, il poursuivait son travail, animé par sa conviction suprême de la seule réalité du Christ, la Vérité, et de la certitude de la victoire de celle-ci sur l'ignorance mortelle et le péché. De lui, Mrs. Eddy déclare: « Jésus persistait patiemment à enseigner et à démontrer la vérité de l'être. » Science et Santé, p. 136; Là encore, notre Leader atteste que la patience se manifeste par l'effort calme et persévérant en faveur de ce qui est juste.
Essayer de séparer la patience de l'action engendre cette alternative: ou bien la patience devient inertie, ou bien l'action se borne à un unique effort si total que, s'il échoue, il risque de nous plonger dans un abîme de frustration, d'impuissance et de fatigue. A nouveau, le conseil de notre Leader nous vient à la pensée: « Réprimez le zèle non tempéré. “Apprenez à travailler et à attendre.” Jadis les enfants d'Israël furent sauvés par une attente patiente. » Rétrospection et Introspection, p. 79; Mais c'était l'attente jointe au « labeur ».
La patience scientifique nous rend capables de travailler sans surexcitation, sans la tension due à la suggestion épuisante que nous ne sommes pas à la hauteur de notre tâche ou que le temps nous manque pour l'accomplir. Elle nous permet de poursuivre un calme travail avec la ferme assurance que notre utilisation, tels que nous les reflétons spirituellement, de l'intelligence suprême et du pouvoir de Dieu, ne nous retire rien, mais au contraire nous protège contre toute illusion de fatigue. Dans la vie et le travail de notre grand Exemplaire, Christ Jésus, la patience, l'action soutenue, la confiance spirituelle et le courage sans réserve s'alliaient en une harmonie parfaite, chaque qualité faisant ressortir l'autre.
La vertu chrétienne scientifique de la patience active s'exprime par un amour continu pour ceux qui nous haïssent et nous calomnient. L'apôtre Pierre comprit que les petits groupes de chrétiens en Asie Mineure étaient constamment tentés de s'impatienter, de s'insurger contre la haine que leur témoignaient sans raison leurs voisins païens, et ainsi de les haïr à leur tour. Pierre les mit alors en garde de ne pas céder à cette tentation, quand il écrivit: « En effet, quelle gloire y aurait-il à supporter patiemment d'être battu pour avoir fait le mal ? Mais si, en faisant le bien, vous êtes maltraités, et que vous supportiez patiemment l'épreuve, c'est là une grâce aux yeux de Dieu. » I Pierre 2:20;
La situation de ces premiers chrétiens et les défis de l'entendement charnel auxquels ils faisaient face ne différaient guère de ceux qui nous confrontent aujourd'hui. Aussi longtemps que la discipline de soi et l'inspiration du Christ nous inciteront à suivre les normes spirituelles élevées de la moralité chrétienne que Jésus résuma dans les Béatitudes, il se trouvera toujours des gens, aiguillonnés par le sens matériel, pour ridiculiser notre attitude chrétienne ou pour essayer d'en tirer avantage. C'est alors que le conseil de Pierre aux premiers chrétiens prendra du relief à nos yeux, comme étant exactement approprié à notre époque.
Maintenir son idéal-Christ en face de l'opposition, du ridicule, et même du mépris de l'entendement charnel, c'est démontrer la patience inspirée de l'Amour. Le contrôle qu'exerce l'Amour divin sur sa propre idée, l'homme, apparaît comme le vrai contrôle de soi-même. Grâce à la propre discipline de la patience scientifique, nous arrivons à posséder ce sens clair de la Vérité qui nous protège et nous soutient infailliblement et qui nous dirigera vers l'accomplissement de notre tâche donnée par Dieu.
Christ Jésus enseigne une leçon pertinente dans sa parabole du semeur, relatée par Luc. Quelques-unes des semences, nous dit l'apôtre, étaient tombées le long du chemin, d'autres parmi les pierres et les épines, d'autres encore dans la bonne terre. Ici, Luc rapporte les paroles du Maître faisant de la patience une qualité indispensable à la démonstration de la Parole de Dieu: « Mais le grain tombé dans la bonne terre..., ainsi en est-il pour ceux qui, ayant entendu la parole avec un cœur honnête et bon, la retiennent et portent du fruit avec persévérance. » Luc 8:15.
