Ce que l'on appelle la vue est un des moyens qui nous permet, dans l'univers des sens physiques, de reconnaître les objets matériels et les rapports existant entre eux. Puisque l'expérience et l'éducation viennent constamment rectifier ce qui nous apparaît matériellement, c'est que la vision matérielle n'est ni suffisante ni digne de foi. L'œil voit tant de choses qui le trompent ! On pourrait croire, par exemple, que les montagnes et l'horizon se touchent; mais on peut rejeter cette fausse image, sachant ce qu'il en est.
On apprend en Science Chrétienne que la vue matérielle n'est pas à même de percevoir les réalités spirituelles. Mrs. Eddy déclare à propos de la conception humaine que nous avons de l'univers: « Disons, dans l'immaturité de notre compréhension des choses de l'esprit, de ces beautés de l'univers sensoriel: “J'aime ce que vous promettez et je découvrirai un jour la réalité spirituelle et la substance de ce que vous me permettez de voir vaguement pour l'instant sous la forme de contour, de lumière et de couleur; je serai alors comblé.” » Miscellaneous Writings, p. 87 ;
Ne sentons-nous pas souvent que la vision claire que donne la lumière spirituelle nous fait défaut ? Dans une certaine mesure, la Science Chrétienne nous permet d'atteindre cette véritable vision. Si la gloire de Dieu exprimée en nous-mêmes et autrui, si l'amour et la sagesse de Dieu dans les affaires humaines, et si la puissance curative de Dieu ne nous apparaissent que dans une faible mesure, alors il nous faut revendiquer le sens spirituel, la capacité que Dieu nous donne de voir clairement. En tant que véritables enfants de Dieu, nous sommes à même de comprendre cette vérité spirituelle: Dieu est Tout et l'homme est complet dès maintenant. Ne nous contentons donc pas de dire: « Si seulement je pouvais mieux voir la présence et la puissance de Dieu », mais bien plutôt: « Cher Dieu, je Te remercie de pouvoir voir Ta présence et Ta puissance. »
Dans son Évangile, saint Jean parle du Christ comme de « la véritable Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde. » Jean 1:9; La Science Chrétienne révèle cette vraie lumière au genre humain. Comprendre peu à peu que le Principe divin est l'Entendement omnipotent et omniprésent nous permet de connaître la nature spirituelle de l'homme et de l'univers, ainsi que leur relation avec Dieu. On est alors à même de voir l'homme tel que Dieu l'a créé et de comprendre que l'existence mortelle et ses apparences sont trompeuses et chimériques; c'est là la vision spirituelle éclairée.
Comme on est souvent tenté d'accepter comme vraies chez les autres les apparences mensongères, et combien cette fausse évidence déforme cruellement et injustement l'idée véritable de l'homme ! Si l'on n'utilise pas la vraie vision spirituelle, on est enclin à voir son prochain comme faible, maladif ou affligé d'une imperfection quelconque. Ou bien on remarque peut-être son manque d'égards, son air froid. Il se peut qu'un préjugé irrationnel obscurcisse et dénature à nos yeux le caractère d'un ami. Si, au lieu de rejeter cette fausse image immédiatement, elle reste ancrée dans notre esprit, elle influencera nos rapports avec lui jusqu'à ce qu'elle soit rectifiée.
Christ Jésus, notre Guide, voyait l'homme réel au lieu du mortel discordant. Mrs. Eddy écrit: « Jésus voyait dans la Science l'homme parfait, qui lui apparaissait là où l'homme mortel pécheur apparaît aux mortels. Dans cet homme parfait le Sauveur voyait la ressemblance même de Dieu, et cette vue correcte de l'homme guérissait les malades. » Science et Santé, p. 476 ; Grâce à la vue spirituelle éclairée, nous sommes à même de remplacer la fausse image par l'image parfaite qui nous montre, en Science, l'idée véritable, l'homme réel. De même que nous veillons à rejeter la fausse image des autres afin de ne les voir que parfaits, de même nous devons surmonter la crainte qu'ils puissent nous voir d'une façon erronée, imparfaite.
C'est merveilleux comme la Science Chrétienne nous apprend à connaître notre identité véritable, pure et parfaite ! En élevant notre pensée jusqu'à la clarté de l'Esprit, nous nous voyons nous-mêmes placés sous la loi de Dieu, protégés, indemnes, intacts. Nous ne nous trouvons pas où l'œil mortel nous voit. A jamais nous sommes cachés en l'Amour divin.
De nombreux personnages de la Bible ont eu cette vraie vision. Job a dit: « Mes oreilles avaient entendu parler de toi; mais maintenant, mon œil t'a vu. » Job 42:5; Jacob aussi put dire: « J'ai vu Dieu face à face, et ma vie a été sauvée. » Gen. 32:30; Nul doute, nous aimerions tous voir clair au point de pouvoir en dire autant. En parlant de Dieu, Mrs. Eddy écrit: « C'est non matériellement, mais spirituellement que nous Le connaissons en tant qu'Entendement divin, que Vie, Vérité et Amour. » Science et Santé, p. 140; C'est par le savoir spirituel et non par les sens que nous percevons Dieu face à face, c'est-à-dire que nous connaissons plus complètement, plus profondément, Dieu et Sa relation avec l'homme. Ceci équivaut à voir clairement Sa majesté, Sa justice et à nous voir nous-mêmes à Sa ressemblance.
Une Scientiste Chrétienne fut capable de prouver ce que la Science Chrétienne peut accomplir grâce à une vision claire et au savoir spirituel. Un matin, pendant qu'elle priait et faisait son travail métaphysique, elle ressentit le besoin de méditer sur la vraie nature de la clarté, de la lumière et de la vision spirituelle. Une journée bien remplie s'ouvrait devant elle, et elle pria avec sincérité pour être à même de rejeter, tout du long, toute fausse évidence ou apparence qui pourrait se présenter, pour ne voir que l'homme véritable en chacun et pour n'avoir conscience que de son unité avec son origine divine. Fermement elle se cantonna dans cet état spirituel de pensée.
Vers midi, elle rendit visite à quelqu'un dans un vieux chalet à la campagne; franchissant le seuil de la cuisine, elle fit une chute dans la cave par une trappe ouverte qu'elle n'avait pas vue.
Incapable de bouger ou de parler, elle pouvait néanmoins penser clairement et voir l'irréalité de la situation. Elle vit que son être véritable était entre les mains de l'Amour divin, et avec joie elle pensa aux paroles de l'apôtre Paul: « Ni les cimes, ni les abîmes, ni quoi que ce soit dans la création, rien ne pourra nous séparer de l'amour que Dieu nous a témoigné en Jésus-Christ, notre Seigneur. » Rom. 8:39. Pendant qu'on la transportait pour l'étendre, il lui sembla qu'elle assistait à cela détachée, en simple spectatrice. Elle vit que l'homme réel est spirituel, invulnérable, et affirma mentalement que la matière, ce prétendu corps matériel, ne pouvait la tenir prisonnière.
En quelques instants elle recouvra la parole. Elle se sentit libre. A la stupéfaction de ceux qui étaient là, elle demanda son sac et son chapeau et prit congé très rapidement. Joyeuse et libre, sans aucune trace de blessure, elle refit le chemin jusqu'à la gare. Elle se sentit incapable, le restant de la journée, de partager cette expérience sainte avec qui que ce soit, tant cela l'avait impressionnée. Pendant la nuit, elle resta éveillée tout un temps, avec un merveilleux sentiment de bonheur, le cœur débordant de gratitude envers notre Père-Mère Dieu. Jamais auparavant elle n'avait aussi clairement reconnu la présence de Dieu et elle comprit qu'elle aussi, comme Jacob, pouvait déclarer: « J'ai vu Dieu face à face, et ma vie a été sauvée. »
