De toutes les émotions humaines c'est peut-être la crainte qui nous trouble le plus. La crainte nous fait perdre la paix de l'esprit. La pensée devient anxieuse, malheureuse, tumultueuse, excitée; ces états mentaux erronés s'extériorisent sous forme de désordres physiques variés ou se révèlent dans notre difficulté à nous adapter aux circonstances de la vie quotidienne.
La crainte se fonde sur une idée erronée de ce qui est réel. Si les événements, si tout ce qui nous entoure, nous paraissent être une série d'objets matériels, d'incidents matériels, ayant tous leur place dans un univers mécanisé, sans âme, alors nous n'avons ni refuge ni lieu où nous soyons en sécurité, car la matière et ses lois fortuites semblent être l'état de choses le plus normal qui soit, et nous ne pouvons jamais savoir à l'avance quelle catastrophe nous attend.
Cependant, lorsque nous commençons à comprendre ce qu'enseigne la Science Chrétienne, nous apprenons que tous les phénomènes matériels ne sont que fausses images mentales, état subjectif de l'entendement charnel, ou entendement mortel. Ce concept erroné d'entendement semble présenter une contrefaçon de l'univers spirituel parfait de la création de Dieu; après quoi, sous son influence hypnotique, nous sommes poussés à croire que ce mirage est réel.
Mais au fur et à mesure que notre compréhension spirituelle s'accroît, l'idée fausse que nous nous faisons de la substance s'atténue et nous devenons de plus en plus conscients de l'éternelle présence de l'Amour divin et du fait que l'éternelle existence de l'homme provient de cet Amour et demeure en lui. Les phénomènes matériels nous paraissent de moins en moins rebutants et dangereux. Peu à peu, nous apprenons que Dieu est notre Entendement même, ainsi que notre Vie, notre substance et notre action. Nous sommes alors capables de dire avec le Psalmiste: « Tu es pour moi un asile; tu me préserves de la détresse; tu m'environnes de chants de délivrance. » Ps. 32:7;
D'après ce qui précède, nous pouvons voir que toutes croyances au mal, la crainte comprise, semblent provenir du sentiment que Dieu est absent et que l'homme mortel est seul dans un univers hostile. Cette pensée ignorante nous rend craintifs, à la fois consciemment et inconsciemment; et, parce que le corps physique est vraiment une image de la pensée mortelle, il reproduit souvent cette crainte sous forme de maladie fonctionnelle ou organique. Cette maladie semble physique mais, tant concernant la cause que l'effet, elle est dans tous les cas un phénomène mental.
Mrs. Eddy dit brièvement: « C'est la crainte, l'ignorance ou le péché qui est la cause prédisposante et la base de toute maladie. La maladie est toujours provoquée par un faux sens qui est nourri mentalement au lieu d'être détruit. La maladie est une image de pensée extériorisée. L'état mental est appelé un état matériel. Tout ce que l'entendement mortel nourrit comme étant l'état physique se projette sur le corps. » Science et Santé, p. 411; Plus loin elle ajoute: « Si vous réussissez à chasser entièrement la crainte, votre patient est guéri. »
Mais comment arriver à ce résultat ? Comment réduire au silence cette tentation de céder à la crainte, qu'elle paraisse être dans notre pensée ou dans celle de notre patient ? Répétons ce qui a été dit plus haut: nous y parvenons en nous rendant nettement compte que le véritable moi de l'homme demeure en sécurité, en ce moment même, et pour toujours, dans la totalité de Dieu. L'homme est inaccessible au mal. Il demeure dans l'univers sans limites du bien divin où le mal, ou la crainte du mal, est inconnue.
L'homme réel n'a pas d'entendement personnel qui lui soit propre pour nourrir des pensées de crainte. Il est le reflet ou l'expression même de l'unique Entendement divin; il est l'idée ou l'individualisation de tout ce que Dieu est. L'unique Entendement, l'Amour divin, ne peut connaître aucune crainte puisque Dieu n'est conscient de rien en dehors de Sa propre totalité.
Prendre conscience de la présence réelle de l'Amour divin, l'affirmer et agir en conséquence dans la vie quotidienne, c'est posséder cet amour parfait qui « bannit la crainte » I Jean 4:18; dont parle saint Jean. Nous participons à cet Amour en le vivant et en exprimant ses qualités; et, acceptant cet Amour comme étant notre Entendement, nous nous approprions sa paix, son équilibre et son assurance.
Christ Jésus, le démonstrateur suprême du pouvoir de guérison de Dieu était entièrement conscient du rôle apparent que joue la crainte dans la cause et le développement de la maladie. Quand il ressuscita la fille de Jaïrus, il dit: « Ne crains point ! crois seulement, et elle sera sauvée. » Luc 8:50; Ensuite, lorsqu'il arriva là où gisait l'enfant, il expulsa toutes les pensées de crainte, de doute et de scepticisme qui semblaient l'environner et, instantanément, la ranima et lui rendit la santé. Le grand Maître était pleinement conscient de la tendre présence et du pouvoir tout-puissant de l'Amour. Pas une ombre de doute ni de crainte n'effleurait sa pensée. Il était absolument certain que l'unique Entendement était présence totale et que, par conséquent, la maladie et la mort étaient des illusions mesmériques sans pouvoir pour agir ni espace à occuper.
Par cette guérison, et par une multitude d'autres, Jésus nous a montré que la matière, ou mal, est irréelle, et que notre asile contre les suggestions agressives de l'erreur se trouve dans la compréhension de leur néant et la totalité de Dieu, le bien.
Mieux que personne, depuis les premiers temps du christianisme, Mrs. Eddy comprit la vraie nature de l'asile de l'homme. Bien des fois au cours de son travail de Découvreuse et de Fondatrice de la Science Chrétienne elle dut recourir à ce havre de paix et de sécurité pour retrouver l'inspiration et reprendre force et courage afin de continuer la tâche que Dieu lui avait assignée. Aussi parle-t-elle en réelle connaissance de cause lorsqu'elle dit: « Notre sécurité est dans notre certitude que nous habitons véritablement dans la Vérité et dans l'Amour, demeure éternelle de l'homme. Une telle assurance céleste met fin à tout conflit, fait cesser tout tumulte, car le bon combat que nous avons livré est terminé et l'Amour divin nous donne la vraie conscience de la victoire. » Pulpit and Press, p. 3.
