Nous pouvons très facilement prendre l'habitude de critiquer autrui si nous n'y prenons garde; car en acceptant la norme de perfection proposée par la Science Chrétienne [Christian Science] et en essayant de réaliser cet idéal, nous nous attendons trop souvent à ce que les autres aient déjà atteint ce niveau. Si donc quelqu'un, à notre avis, n'a pas encore pu démontrer cette perfection dans son existence, nous avons tendance à le juger, oubliant peut-être nos propres manquements. La légende de Procuste illustre cette tendance. Tous les voyageurs qui s'arrêtaient chez lui, il les étendait sur son lit. Il leur coupait les pieds lorsqu'ils dépassaient le lit ou les faisait tirer au moyen de cordages jusqu'à ce qu'ils en atteignissent la longueur. Nos jugements d'autrui sont parfois tout aussi cruels.
D'après la Science du Christ, l'homme est parfait dès maintenant, car Dieu est parfait et l'homme est Son image et Sa ressemblance; par ailleurs cette réalité de la perfection actuelle de l'homme se démontre dans la mesure où nous la comprenons. Christ Jésus déclara (Matth. 5:48): « Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait. » Créé à l'image et à la ressemblance de Dieu, l'homme doit être Son reflet spirituel; ce n'est pas un mortel en lutte pour la perfection, car le reflet ne saurait différer de l'original. La Science Chrétienne [Christian Science], par conséquent, montre que dans sa nature véritable, l'homme est éternellement parfait. Mrs. Eddy déclare dans Science et Santé avec la Clef des Écritures (p. 470): « Dieu est le créateur de l'homme, et, le Principe divin de l'homme demeurant parfait, l'idée divine ou reflet, l'homme, reste parfaite. »
Du point de vue humain, cependant, nous devons faire des efforts pour être à la hauteur de cet idéal, l'homme réel, et nous y parvenons dans la mesure où nous spiritualisons et purifions notre pensée. Il n'y a là aucune contradiction, quand nous considérons le caractère réel et véridique de l'homme parfait, et que l'imperfection apparente de l'homme est mensongère, et n'est qu'un malentendu, ou une vue erronée de l'homme réel, qui s'efface devant l'idée véritable. Le Christ révèle l'homme idéal, présenté par Jésus; et en acceptant le Christ, l'idée vraie, l'être humain avance vers la perfection.
Le Scientiste Chrétien purifie sa pensée en comprenant la nature de Dieu et de l'homme un peu mieux chaque jour, et en y conformant sa vie. « Il se détourne constamment du sens matériel, et porte ses regards vers les choses impérissables de l'Esprit », lisons-nous à la page 21 de Science et Santé. Voici la suite du passage: « S'il est sincère, il prendra la chose au sérieux dès le début, et avancera chaque jour un peu dans la bonne direction, jusqu'à ce que finalement, il achève sa course avec joie. »
Dans son épître aux Romains, Paul déclare de même (12:2): « Ne vous conformez pas au présent siècle, mais soyez transformés par le renouvellement de votre esprit, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, qui est bonne, agréable et parfaite. »
Tout en nous attendant à ce que les autres, comme nous-mêmes, fassent de leur mieux, il nous faut veiller à ne pas commettre l'erreur de juger ceux qui désirent vivement vaincre leurs défauts et pallier leurs manquements, mais qui n'ont pas encore atteint un degré de sensibilité et de compréhension spirituelles suffisant pour y parvenir. Il nous faut manifester compassion et patience lorsque nous pensons aux autres et sommes en contact avec eux, comme nous nous attendrions à ce qu'ils le fussent le cas échéant avec nous. « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » déclara Jésus dans le Sermon sur la montagne (Matth. 5:7).
Il est aisé de s'impatienter des fautes et des opinions erronées de son prochain, de s'exaspérer de la lenteur apparente de sa croissance spirituelle — et cela s'applique à ce que nous pensons des membres de l'église, en général et en particulier. En effet, si nous surveillons trop étroitement la croissance d'une plante ou d'un arbrisseau, nous sommes tentés de croire qu'ils restent stationnaires; alors qu'en réalité ils suivent leur propre rythme de croissance et qu'ils finiront même par avoir de nouvelles racines. Le jardinier impatient, qui condamne et arrache tout ce qui ne pousse pas aussi vite et de la manière qu'il voudrait, détruirait un jardin au lieu de l'entretenir.
L'Amour divin ne critique jamais. La nature de l'Amour est d'aimer, ce qui suppose aussi compréhension et considération. L'Amour supporte et soutien; jamais il n'abat ni ne condamne. L'Amour aide et guérit toujours; jamais il ne heurte ni ne blesse. L'Amour est toujours constructif, jamais destructif. L'Amour ne trouve pas de fautes; il corrige et gouverne. L'Amour ne connaît que le bien; et dans cette conscience du bien qui englobe tout, il n'y a aucune idée d'erreur ni rien à critiquer.
L'homme représente une conscience individuelle reflétant seulement ce que l'Amour divin connaît, et ne possédant rien que l'Amour divin n'ait pas. L'homme réel, par conséquent, ne critique point. La conscience humaine qui, semble-t-il, considère comme vraies tout à la fois la perfection et l'imperfection, est seul critique; aussi, en dernière analyse, toute critique revient en réalité à une autocritique.
C'est l'entendement mortel, ou la conception erronée de l'existence, qui à ce qu'il paraît, englobe et exprime l'imperfection; mais celui qui en admet la véracité et la manifeste dans son existence devrait recevoir de l'aide, non une critique. La critique est un agent destructeur qui impose comme une marque à l'individu ce dont, peut-être, il cherchait précisément à se libérer.
Critiquer constamment les autres, par conséquent, c'est persister à prendre pour véridique une fausse image de l'homme. En parler, ce n'est trop souvent que tenter d'y faire croire autrui. La Science Chrétienne [Christian Science] nous enseigne à voir au-delà de ce que connaissent les sens physiques et de voir dans la Science l'homme parfait créé par Dieu.
Il n'est pas question bien sûr, d'abandonner tout sens critique. Nous avons à distinguer entre le bien et le mal, quand le Principe et la Vérité sont en jeu. Nous ne saurions excuser le mal, nous abstenir de le condamner, ni accepter les erreurs d'autrui. Mais nous ne devons jamais lier l'homme et le mal; il ne nous faut jamais condamner ou critiquer personne à cause d'opinions erronées ou d'actes injustifiables. Chassons l'erreur de notre propre pensée, laissons notre lumière briller sans pharisaïsme: cela nous aidera à détruire le mal et éclairera le chemin pour notre prochain.
Mrs. Eddy nous donne dans Non et Oui d'excellentes directives, qui nous montrent l'attitude à adopter envers ceux qui peuvent s'être trompés ou qui n'ont pas encore atteint le niveau de perfection établi par la Science. Les voici (p. 7): « Je recommande aux Scientistes de ne faire aucune distinction entre les personnes, mais de penser, de parler, d'enseigner et d'écrire la vérité de la Science Chrétienne sans égard à la personnalité bonne ou mauvaise dans ce champ d'activité. Laissez au Père, dont la sagesse est infaillible et l'amour universel, le soin de distinguer entre les caractères individuels, de les séparer et de les guider. »
Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés; ne nous abandonne pas à la tentation, mais délivrenous du mal... Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi les vôtres. — Matthieu 6:12–14.