Il y a des siècles, on accueillit avec scepticisme l'aveugle-né lorsqu'il affirma que Christ Jésus l'avait guéri. Pour la pensée matérialiste, cela était impossible. Les disciples de Jésus eux-mêmes avaient attribué sa cécité à ses propres péchés ou à ceux de ses parents. Ils donnaient ainsi par ignorance du pouvoir à la suggestion mentale agressive.
Attribuant à son geste un caractère métaphorique, Jésus cracha sur l'attitude de l'entendement charnel qui, incapable de discerner les choses spirituelles, agit selon des motifs matériels, parfois sinistres. Il savait que la suggestion erronée pousse les hommes à croire à la finalité et à la fatalité de certains états. Pour corriger cette croyance enténébrée, il dit à ses disciples (Jean 9:5): « Pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. » Il expliqua aussi qu'il devait accomplir les œuvres de Dieu tandis qu'il faisait jour.
Ses disciples pensèrent peut-être qu'il faisait allusion à la lumière du jour, mais Jésus parlait du jour de l'Esprit, qui n'a pas besoin de rayons solaires pour perpétuer son rayonnement éternel. Grâce à la lumière spirituelle de la compréhension divine, Jésus avait conscience de la perfection de l'homme créé par Dieu et il renversait l'évidence dont la matière faisait parade.
Aucune imperfection n'existe dans la lumière de la Vérité; c'est pourquoi l'aveugle fut guéri. Bien plus, on ne mentionne pas que sa vue dût s'accoutumer à une perspective correcte ou aux objets eux-mêmes. Il rendit gloire à Dieu.
Quand les Pharisiens irrités voulurent l'obliger à nier que Jésus l'eût guéri, prétendant que le Maître était un pécheur, il répondit (verset 25): « Je ne sais si c'est un pécheur; je sais une chose: c'est que j'étais aveugle, et que maintenant je vois. »
La lumière du Christ avait si bien pénétré sa conscience qu'il fut surpris de les entendre avouer ne pas savoir d'où Jésus venait.
Nous pouvons croire que Jésus donna la vue aux aveugles et l'ouïe aux sourds, que notre but est de l'imiter dans toutes ses œuvres; mais cette croyance seule ne nous le fera pas imiter. La croyance mortelle est changeante. Mrs. Eddy éclaircit ce point dans Rétrospection et Introspection (p. 54): « Des millions de personnes croient en Dieu, le bien, mais ne portent pas les fruits de la bonté, parce qu'elles n'ont pas atteint sa Science. La croyance est virtuellement de l'aveuglement, lorsqu'elle admet la Vérité sans la comprendre. La croyance aveugle ne peut pas dire avec l'apôtre: “Je sais en qui j'ai cru.” »
Grâce à la lumière que la Science Chrétienne [Christian Science] jette sur la Bible, nous apprenons que Dieu est l'Esprit et que l'homme, Son image, est parfait, intact et à jamais harmonieux. Cette Science nous fait aussi comprendre que les sens spirituels de l'homme sont intacts et permanents. La croyance aveugle considère ces sens comme entièrement matériels et croit qu'ils peuvent être troublés, diminués ou détruits. La Science nous apprend qu'il n'y a pas de sens matériels, car la matière est inanimée.
Mrs. Eddy définit les « yeux » dans Science et Santé (p. 586) comme le « discernement spirituel, — non matériel, mais mental ». Le discernement spirituel ne voit que le bien. Les sens mortels n'ont jamais vu la gloire que Dieu a préparée pour ceux qui Le cherchent, ils n'ont jamais vu la lumière que l'on trouve en suivant la voie du discernement spirituel.
Une Scientiste Chrétienne fut soutenue et réconfortée sans mesure lorsque, passant par une période de chocs et de chagrin, elle put discerner l'inséparabilité de Dieu et de l'homme. Elle fut capable de percevoir que l'homme n'était pas dans une tombe, mais dans le sein du Père, la Vie éternelle. Sa guérison lui procura un sens céleste de sérénité et de paix.
Elle reconnut avec gratitude que sans la vérité et l'aide de la Science Chrétienne [Christian Science] elle serait restée aveugle à l'espérance et à la foi, aveugle à la compréhension spirituelle de l'immortalité de l'homme, aveugle à la toute présence de Dieu. Elle se rendit compte qu'elle aurait cherché son chemin dans la matière à tâtons et en hésitant, aux prises avec l'obscurité, la solitude et l'obstruction qui caractérisent la voie matérielle. Mais l'Entendement, Dieu, qui sait tout et voit tout lui montra le chemin ascendant et elle trouva la compensation de l'Amour divin.
Voir spirituellement, c'est être inspiré. Sans l'inspiration, nous ne saurions voir Dieu. L'aveugle de naissance obtint dans une certaine mesure la vue spirituelle et physique. Non seulement il crut que Jésus accomplissait la volonté de Dieu, mais il l'adora comme le Fils de Dieu. Nous devrions parfois nous demander: « Que vois-je ? » On peut devenir si aveugle à l'amour de Dieu qu'on ne voit que le chemin pierreux que l'on foule. Un autre parcourra la même route, si inspiré par l'Amour divin qu'il contemplera la gloire de Dieu sur la terre comme elle est dans les cieux.
A s'éveiller à une conception de la Vie en Christ, la Vérité, on a la vision de l'immortalité de l'homme et l'on contemple les merveilles de Dieu, la perfection de la réalité. On voit la bonté, non le mal; la joie, non le chagrin; la perfection, non la difformité; la vie, non la mort.
L'unité de Dieu et de l'homme est un fait établi dans la Science. Mrs. Eddy écrit dans son Message to The Mother Church for 1902 (p. 9): « L'unité de Dieu et de l'homme n'est pas le rêve d'un cerveau enflammé; c'est l'esprit du Christ guérisseur, qui demeure à jamais dans le sein du Père et devrait demeurer à jamais dans l'homme. Quand j'en entendis pour la première fois les sons générateurs de vie et ne pus discerner d'où ils venaient ni où ils allaient, j'eus la preuve de leur origine divine, de leur pouvoir guérisseur, et cela ouvrit mes yeux fermés. »
L'étoile qui brilla sur l'enfant de Bethléhem continue à resplendir avec une tendresse ineffable sur les yeux des sages qui en perçoivent l'éclat. Les rayons de la Vérité conduisent hors de la matière, ils élèvent au-dessus d'elle, ils mènent à l'Esprit; ils maintiennent les regards des sages fixés sur la lumière pour qu'ils puissent voir Dieu et vivre.
    