Aborder d'une manière pratique le problème de la construction, voilà qui est toujours nécessaire; mais il n'en faut pas conclure que le point de vue doive être matérialiste. Le réalisme en Science Chrétienne est spirituel, et l'intelligence pratique de la construction d'une église suivra cet ordre de Jésus (Matth. 6:33): « Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par-dessus. »
La Bible fournit maints exemples de succès obtenus quand toutes les chances semblaient contraires. C'est ainsi que Moïse, défiant les armées du Pharaon, fit sortir d'Égypte les Israélites qui n'avaient rien pour se défendre. A deux reprises Jésus nourrit plusieurs milliers de personnes avec une très petite quantité de pains et de poissons. A notre époque, la construction de L'Église Mère telle que la rapporte Joseph Armstrong dans The Mother Church, prouva que le pouvoir de Dieu permet de vaincre tous les obstacles.
Il ne faudrait pas croire que ces illustrations justifient l'entreprise hâtive d'un programme de construction par un groupe qui n'y est pas entièrement préparé. Les lecteurs de la Bible connaissent bien le récit qui montre Jésus marchant sur les eaux et Pierre désirant suivre son exemple, ce qu'il fit jusqu'à ce que la violence du vent lui devînt sensible (voir Matth. 14:25–31). Alors il commença à s'enfoncer. Pierre aurait voulu reproduire la démonstration du Maître, sans avoir la fidélité spirituelle nécessaire qui se tourne fermement vers le Christ et rejette le témoignage des sens matériels. De même, vouloir imiter sans une compréhension spirituelle suffisante la marche suivie pour la construction de L'Église Mère, serait peut-être aller au-devant d'un échec. Dans ce domaine, rien ne peut réussir à moins que l'on comprenne dans une certaine mesure cette définition du terme « Église » donnée par notre Leader (Science et Santé avec la Clef des Écritures, p. 583):
« La structure de la Vérité et de l'Amour; tout ce qui repose sur le Principe divin et en procède.
« L'Église est cette institution qui donne des preuves de son utilité et que l'on trouve ennoblissant la race, réveillant de ses croyances matérielles la compréhension endormie jusqu'à comprendre les idées spirituelles et la démonstration de la Science divine, chassant ainsi les démons, ou l'erreur, et guérissant les malades. »
Nous avons donc au début la définition de l'Église dans son sens spirituel absolu. Puis vient la description de l'institution humaine qui doit réveiller l'intelligence endormie. Le programme de construction aura sa source dans un réveil spirituel des membres de l'église, sinon les bienfaits ne seront ni réels ni durables, quoiqu'on ait peut-être construit un beau temple.
Il est certain qu'en l'absence de toute inspiration spirituelle, l'édifice lui-même ne saurait attirer ou guérir. Nous lisons dans l'Hymnaire de Christian Science (cantique 364):
Vains sont nos labeurs sur terre,
Sans l'appui du Tout-Puissant.
Ceci devrait être la note fondamentale d'un programme de construction. Il y aura sans doute diverses mesures à prendre sur le plan humain — établir un fonds spécial, nommer un comité qui s'occupera de la construction, déterminer les fonctions de ce comité, acquérir un terrain, trouver un architecte, choisir le meilleur des plans qu'il a préparés; puis le moment venu, commencer à bâtir le temple.
Au sujet du fonds de construction, il faudra peut-être réfuter plusieurs arguments limitatifs. L'on fera bien d'étudier le sens du mot dîme donné dans le Glossaire de Science et Santé (p. 595), car il ne suffit pas d'établir un fonds: celui-ci doit s'accroître avec une rapidité suffisante. Or la gratitude — l'un des synonymes que contient la définition de « dîme » — est très efficace dans ce domaine. A mesure que l'amour fraternel augmente parmi les membres, ils réaliseront que l'exercice de la générosité ne peut les appauvrir. Celui qui donne parce qu'il aime, ouvre sa pensée à l'abondance des divines idées spirituelles toujours présentes qui nous donnent les ressources quotidiennes.
La substance de notre construction est avant tout spirituelle, car il est clair que ce qui est bâti par la Vérité et l'Amour ne peut inclure aucun élément matériel. Notre véritable Église est donc érigée dans la conscience; elle est complète, sans lacunes.
« La pierre angulaire de toute édification spirituelle est la pureté, » nous dit notre Leader (Science et Santé, p. 241); mais avant de pouvoir mettre en place cette pierre, il faut creuser le terrain — exclure tous les faux concepts que nous entretenions au sujet de l'église. Nous devons extirper l'ambitieux désir d'occuper un poste important, comme aussi la croyance que nous sommes incapables de faire le travail qui nous est assigné. Il faut exclure de notre pensée la critique destructive ou les vains bavardages concernant les membres qui exercent certaines fonctions ou siègent au sein d'un comité. Quant au travail que nous faisons pour l'église, nous ne devons en éprouver aucun orgueil puisque dans tout ce que nous accomplissons la force vient de Dieu et non pas de nous-mêmes. Quand cette excavation mentale est achevée, notre pensée réceptive discerne le Christ, comme le faisait Simon lorsqu'il dit à Jésus: « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant! » (Matth. 16:16.) Il fut récompensé de sa perception, car son nom de Pierre prit un sens nouveau. Cette perception du Christ, voilà le roc ou le fondement sur lequel repose notre vraie Église, et contre lequel « les portes des enfers ne prévaudront point, » selon la parole de Jésus (verset 18).
Acquérir un terrain, prendre les décisions nécessaires quant aux détails de l'entreprise, cela doit être affaire de démonstration — le résultat de la prière, la preuve du fait que Dieu nous guide toujours. Il faut donc nous tourner vers l'Esprit, l'Entendement divin, et réaliser que cet Entendement emploie pour bâtir des qualités telles que la force, l'utilité, la beauté, l'ordre, la grandeur; ses idées expriment la pureté, la sagesse, l'amour, l'obéissance, la consécration, la fidélité.
Au sujet des frais de construction, l'on a maintes fois cité ces paroles du Maître (Luc 14:28–30): « Quel est celui d'entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne s'assied d'abord pour calculer la dépense et voir s'il a de quoi aller jusqu'au bout, de peur qu'après avoir posé les fondations il ne puisse achever la tour, et qu'alors tous en le voyant ne se mettent à le railler et à dire: Il a commencé de bâtir, et il n'a pu achever! » Jésus n'avait pas coutume de donner des conseils purement humains. Il se servait plutôt de paraboles. Ici sans doute, l'habitude générale de calculer à l'avance les frais d'un bâtiment devait enseigner une leçon.
Mais Jésus n'indiquait-il pas en outre qu'on doit renoncer à toutes les croyances mondaines qui vous empêcheraient d'être absolument fidèle à la Vérité? Sachant qu'il importe de s'en tenir fermement au Principe pour ne pas céder aux prétentions matérielles, il voulait peut-être faire voir qu'avant d'entreprendre une grande œuvre, l'on s'assurera que l'on exprime la constance, la fidélité, la pureté, l'honnêteté, la persévérance spirituelle, choses plus nécessaires encore que les ressources financières.
Le Maître parlait d'une tour plutôt que de quelque autre construction, ce qui sans doute est significatif. Dans la Bible en effet les mots « tour » et « haute tour » signifient souvent un lieu de protection spirituelle. David déclarait par exemple (II Sam. 22:3, version anglaise): « Mon Dieu est le roc en qui je me confie; il est mon bouclier, mon puissant sauveur, ma haute tour, mon refuge, mon asile; tu me délivres de la violence. » Et nous lisons dans les Psaumes (18:3, version anglaise): « L'Éternel est mon rocher, ma forteresse et mon libérateur! Mon Dieu est le roc où je trouve un refuge, mon bouclier, mon puissant sauveur, ma haute tour. » En d'autres termes, la tour et la haute tour correspondent à « la retraite du Très-Haut » dont parle le psaume quatre-vingt-onze.
Certes la construction pratique d'une église se fonde sur le discernement du concept absolu de l'Église indiqué par notre Leader, et de son rapport avec l'institution humaine. Ici le développement spirituel chez tous les membres, individuellement et collectivement, est une nécessité. L'on ne peut s'en passer si l'on veut prendre des décisions sages qui auront pour résultat un édifice bien approprié — manifestation visible de l'Église; alors s'accomplira cette parole de notre révérée Leader dans The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany (p. 232): « Suivre la voie juste, c'est obtenir le droit de passage — la voie de l'Amour et de la Vérité par laquelle toutes nos dettes se règlent, le genre humain est béni, Dieu est glorifié. »
