Comme Moïse faisit paître le troupeau de son beau-père, à Madian, « il mena le troupeau derrière le désert, et vint à la montagne de Dieu, à Horeb. L'ange de l'Éternel lui apparut dans une flamme de feu, au milieu d'un buisson. Moïse regarda; et voici, le buisson était tout en feu, et le buisson ne se consumait point. Moïse dit: Je veux me détourner pour voir quelle est cette grande vision, et pourquoi le buisson ne se consume point. L'Éternel vit qu'il se détournait pour voir; et Dieu l'appela du milieu du buisson » (Ex. 3:1–4).
Si Moïse « se détournait, » c'était pour voir quoi? Quelque chose d'extérieur à sa conscience, ou bien l'illumination intérieure de l'Esprit? Élevé à la cour d'Égypte, fils adoptif d'une princesse, il avait appris à connaître les arts, les lettres, la loi, les coutumes sociales et religieuses de la nation qui passait alors pour la plus civilisée. Pourtant il n'oublia jamais son origine et le destin des Hébreux, peuple monothéiste. Leur tragique situation en Égypte troubla probablement sa conscience pendant son long exil dans le pays de Madian. Il n'y avait qu'un seul moyen de la tranquilliser, et la voix de Dieu le lui révéla: Retourner en Égypte pour faire sortir de l'esclavage les enfants d'Israël et les conduire dans un pays où ils pourraient librement remplir la mission que Dieu leur avait confiée. C'était une tâche formidable, devant laquelle Moïse recula d'abord, cherchant à prouver par diverses raisons qu'il y était inapte. Finalement la volonté humaine fut réduite au silence, et il se soumit au commandement divin. Parce que Moïse se détourna pour voir et obéit à ce qu'il entendait et voyait, à partir de ce moment-là l'histoire changea de cours.
Quelques années plus tard, Moïse conduisit jusqu'au mont Horeb les enfants d'Israël. Là, par sa communion avec Dieu, fut donnée aux humains la base de la loi morale — les dix commandements. Pendant les quarante années dans le désert, sans s'arrêter aux murmures et aux rébellions du peuple, il leur enseignait avec patience les simples vérités spirituelles qui, prenant au cours des siècles une vigueur accrue, préparèrent l'avènement du Messie dont Israël avait la promesse.
La vie de Jésus le Christ, le Messie longtemps attendu, nous offre un bel exemple de consécration. « Il se détournait pour voir » ce que le Père révélerait à Son Fils bien-aimé. Tout jeune encore il put entendre l'appel de l'Esprit, car, comme nous le lisons dans la Bible: « L'enfant croissait et se fortifiait en esprit » (Luc 2:40). A l'âge de douze ans, il déclara qu'il lui fallait être occupé des affaires de son Père. Plus tard le baptême, les tentations, le ministère de l'enseignement et de la guérison devinrent pour lui des marches ascendantes où, se détournant, il pouvait voir l'inaltérable amour du Père, et discerner plus loin que la croix ou la tombe la résurrection, l'ascension. Jean dit à ce sujet (Jean 1:17): « La loi a été donnée par Moïse; la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ. » La loi de Moïse trouva son accomplissement dans la loi supérieure de l'Amour, contenue implicitement dans l'Évangile.
A notre époque, Mary Baker Eddy, Découvreuse et Fondatrice de la Science Chrétienne, suivit le Maître et se montra toujours vigilante, cherchant les indices de la vérité qui se révélait à sa conscience. Comme enfant déjà, elle était remarquablement réceptive aux vérités spirituelles. Il lui devint naturel de se détourner pour voir les choses que sa pensée progressive pouvait distinguer clairement; aussi dit-elle dans Science et Santé avec la Clef des Écritures (p. 207): « La réalité spirituelle est le fait scientifique en toutes choses. »
Parce que trois personnes obéissantes, à plusieurs siècles d'intervalle, se détournèrent « pour voir, » nous avons aujourd'hui la loi, l'Évangile et la Science Chrétienne — une chaîne de déroulement spirituel ininterrompue. Moïse reçut la révélation de la loi morale; Jésus le Christ fit voir l'union de la loi et de l'Évangile; Mary Baker Eddy découvrit la Science Chrétienne qui maintient et démontre cette union.
La carrière du Christ Jésus accomplit les prophéties de l'Ancien Testament; de même la Science Chrétienne accomplit celles du Nouveau Testament. Les disciples qui comprennent cette Science peuvent voir et prouver qu'elle est le Consolateur promis par Jésus (Jean 14:16): « Je prierai le Père, qui vous donnera un autre Consolateur, afin qu'il soit éternellement avec vous, l'Esprit de vérité. » Le Maître dit en outre (16:13, 14): « Quand... sera venu l'Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité... Il prendra de ce qui est à moi, et vous l'annoncera. »
Voilà ce que la Science Chrétienne fait pour ceux qui l'étudient. Les paroles et les œuvres du Maître leur deviennent si claires qu'ils se détournent pour voir comment ils peuvent apprendre à parler et à guérir selon son exemple. La chose est possible; elle s'est prouvée dans des cas innombrables, et jusque dans les régions les plus lointaines les preuves vont se multipliant. Il suffit de lire les témoignages que publient les périodiques Scientistes Chrétiens pour reconnaître ce fait incontestable.
Si nous voulons échapper à l'esclavage de l'Égypte, aux limitations des pharisiens, à l'envahissant matérialisme de la pensée moderne, il faut nous détourner pour voir. Il faut prêter l'oreille à la voix bien nette du Consolateur, de la Science Chrétienne, qui nous apprend à quitter le désarroi des circonstances humaines pour atteindre à la conviction positive de la Vérité; les alarmes, l'insécurité matérielle, l'irréalité doivent être abandonnées en faveur du courage, de la certitude spirituelle et de la réalité. Commençons par nous détourner pour voir chacun le buisson ardent, et pour en apprendre le sens caché; voici en effet ce qu'affirme Mrs. Eddy à la page 461 de Science et Santé: « Seule l'illumination du sens spirituel peut projeter sur cette Science la lumière de la compréhension, parce que la Science renverse l'évidence qui tombe sous les sens matériels et fournit l'éternelle interprétation de Dieu et de l'homme. »