La Science Chrétienne nous apprend que « Dieu doit être compris, adoré et démontré » (Science et Santé avec la Clef des Écritures, par Mary Baker Eddy, p. 472). Les Scientistes Chrétiens reconnaissent en général qu'une étude sincère permet d'arriver à la compréhension et à la démonstration; mais ils ne se rendent peut-être pas toujours compte que la nécessité d'adorer Dieu est indissolublement liée à cette compréhension et à cette démonstration. Tôt ou tard cependant le disciple constatera que l'établissement de la Science Chrétienne parmi les hommes doit avant tout glorifier Dieu.
Certaines caractéristiques de l'Église du Christ, Scientiste — la simplicité des cultes et des édifices, l'absence de rites — ont peut-être parfois fait croire que dans la pensée et les efforts du Scientiste Chrétien l'adoration doit jouer un rôle inférieur, plus effacé que dans d'autres communions; mais cette manière de voir est absolument contraire aux faits. Nul ne peut la soutenir après avoir lu le premier chapitre du livre de texte Scientiste Chrétien. Ce chapitre, intitulé La Prière, nous ouvre les yeux et nous fait reconnaître la sublimité, la bonté insondable, l'incomparable beauté de Dieu; il nous enseigne à nous approcher de Lui avec un saint respect en L'appelant non seulement « Notre Père-Mère Dieu, tout harmonieux, » mais aussi « Unité adorable » (ibid., p. 16).
« Unité adorable » ! Mots embrasés d'amour, rayonnants d'admiration, éclairés par la gratitude, pleins de promesse et d'assurance! Que nul ne s'imagine en avoir saisi toute l'immense portée. Grâce aux Concordances des ouvrages de Mrs. Eddy, nous verrons que dans la plupart des cas où notre Leader parle de l'adoration véritable, elle la met en corrélation avec des termes dénotant l'intelligence, par exemple appréhension, compréhension, discernement. Elle montre ainsi qu'au moins dans une certaine mesure il faut saisir intelligemment la nature de l'infini pour pouvoir adorer comme il se doit. En disant à la Samaritaine (Jean 4:22): « Vous adorez ce que vous ne connaissez pas. Nous, nous adorons ce que nous connaissons, » Jésus faisait entendre la nécessité de connaître ce que nous voudrions adorer; en effet, après avoir déclaré que Dieu est Esprit, il en tira la conclusion qu'il faut l'adorer « en esprit et en vérité. »
Dans Science et Santé (pp. 465, 587) Mrs. Eddy nous donne deux définitions de Dieu très compréhensives. Tout disciple sincère les lit souvent, mais pour les comprendre il faut à maintes reprises les scruter et les méditer. Pour l'entendement humain, il est même difficile d'entrevoir le caractère de l'Être unique, seul véritable, qui sait tout, voit tout, aime tout, est Tout. En effet, comme le montre la Science Chrétienne, ce qu'on nomme l'entendement humain est une contrefaçon illusoire du divin Entendement infini; aussi doit-il être irréel, limité. D'autre part, l'Entendement divin connaît toujours sa propre nature en tant que Principe, Ame, Esprit, Vie, Vérité, Amour, renfermant en soi tout être, toute action, toute substance, toute intelligence. Dans la mesure où la vision de cette totalité divine se fait jour dans la conscience humaine, le respect et l'admiration de la majesté suprême augmentent et deviennent plus profonds.
Cette attitude ne ressemble nullement à l'image vieillie d'une pauvre race humaine qu'humilierait le sentiment de sa propre indignité et qui se courbe devant un Dieu dont elle aspire à reconnaître la gloire tout en croyant la chose impossible sauf peut-être par la mort. Elles sont bien différentes la douceur et l'humilité qui remplissent la pensée du disciple ayant le vrai sens de l'adoration. Elles marchent de pair avec une certaine compréhension de l'unicité et de la totalité divines; cette compréhension-là chasse les suggestions d'après lesquelles il pourrait y avoir des choses étrangères ou contraires à la Divinité infinie.
Comprendre l'homme réel nous rend très désireux de renoncer aux diverses phases de la croyance selon laquelle l'homme pourrait requérir, souhaiter ou posséder autre chose que ce que Dieu, source et substance de son être, lui donne éternellement et sans limites. Dans cette purification de la conscience, le sentiment d'importance personnelle s'efface et l'on reconnaît toujours davantage que l'homme est fils de Dieu, manifestation de l'Entendement. On parvient ainsi à l'humilité véritable qui permet de concevoir avec ferveur l'infinitude de l'Être divin, embrassant à jamais toutes choses dans sa perfection glorieuse, infinie.
L'on voit ainsi que l'adoration signifie la réalisation spirituelle. Dans la vraie conscience, elle se poursuit d'une manière continue. Nous pouvons dire que c'est une qualité naturelle de l'Entendement, aussi les termes humains sont-ils incapables de l'exprimer à fond. Inhérente à l'Entendement, elle se manifeste là où celui-ci se révèle — chez l'homme.
Cette adoration silencieuse ininterrompue, éclairée, devrait être l'élément essentiel des cultes Scientistes Chrétiens. On peut la sentir dans la calme voix des Lecteurs; elle peut résonner dans les harmonies que fait entendre l'orgue; elle peut animer le chant des cantiques et le solo; elle peut donner à l'assistance la paix de l'âme. Elle a toujours pour résultat la guérison. Devenir semblables à Dieu, c'est être formés à nouveau, régénérés, ce qui pour le sens humain se traduit par une guérison. Les bienfaisantes possibilités qu'offrent les cultes Scientistes Chrétiens sont sans limites. Elles se réaliseront toujours davantage à mesure que les Scientistes Chrétiens aimeront et adoreront avec une sincérité, une ferveur et une abnégation complètes Celui qui est tout amour.
Comme tout ce qui se fait dans le mouvement Scientiste Chrétien, les cultes obéissent aux Règles et aux Statuts exposés dans le Manuel de L'Église Mère, par Mrs. Eddy. Ce sont là de puissants remparts; ils nous protègent contre les tentations insidieuses qui feraient tomber les cultes dans le royaume de l'erreur où la matière paraît être substance, alors qu'ils devraient rester dans les hautes régions de la spiritualité. L'étude sérieuse du Manuel fera voir au disciple avec quel soin notre Leader régla l'activité de l'Église du Christ, Scientiste, pour éviter que le culte ne se matérialise. Matérialiser l'adoration serait lui ravir son pouvoir. L'adoration spirituelle seule peut purifier la conscience, éclairer la pensée et lui permettre de voir qu'en vérité la gloire de Dieu remplit les cieux et la terre.
Étant spirituelle, l'adoration véritable ne dépend point du matérialisme sous n'importe laquelle de ses phases. Les temps, les lieux, tout ce qui se rapporte aux circonstances extérieures, est incapable de l'influencer. Au contraire, l'adoration spirituelle a le pouvoir de transformer ce qu'on nomme l'apparence des choses. Au cours des siècles les humains ont bâti pour le culte des sanctuaires magnifiques dont certains subsistent encore. Nous apprécions ces monuments qui montrent que les hommes cherchaient Dieu et voulaient L'adorer. Mais dans Rétrospection et Introspection, Mrs. Eddy déclare au sujet de Jésus (p. 91): « Lorsqu'il était avec eux, une barque de pêcheur devenait un sanctuaire, et la solitude était peuplée de saints messages venant du Père qui est Tout. » Si la barque du pêcheur pouvait devenir un sanctuaire, pourquoi n'en serait-il pas aujourd'hui de même en ce qui concerne l'atelier, le bureau, la salle de conférences, le Parlement, les palais de ceux qui gouvernent? Pourquoi tous les locaux où les hommes s'assemblent afin de servir ne deviendraient-ils pas des sanctuaires?
Dans la mesure où nous connaissons Dieu comme Jésus Le connaissait, où nous L'aimons et L'adorons à l'instar du Maître, nous verrons que le lieu même où nous sommes est saint. Cette réalisation spirituelle répandra sa lumière sur tout ce qu'embrassent nos pensées. Le disciple qui, dans une adoration muette, est conscient de l'omniprésence et de la toutepuissance du Très-Haut, transforme l'atmosphère mentale où il se trouve et la purifie à tel point que l'erreur doit renoncer à tout semblant d'existence ou de réalite. Les suggestions agressives que l'on nomme méfiance, crainte, convoitise, haine, et cœtera, cherchent toujours à renforcer la croyance d'après quoi nous vivrions dans un monde malheureux battu par la tempête, exposé aux périls. Il semble arriver bien des choses qui peuvent effrayer le cœur humain et le faire trembler devant une force censément destructive qui prétend qu'elle pourra prendre la place de la Divinité toute-puissante. Toute suggestion erronée de choses contraires à Dieu doit s'évanouir à la lumière de la réalisation spirituelle. Dans le rayonnement de l'adoration spirituelle, on reconnaît avec joie qu'Il est le seul Être parfait, sans limites, indéniable, la Vie, la Vérité, l'Amour éternel.
Ainsi donc, venons adorer Dieu!
