Parmi les nombreuses et fort intéressantes rubriques marginales que contient notre livre de texte, Science et Santé avec la Clef des Écritures, par Mary Baker Eddy, nous trouvons celle-ci: « Succès véritable » (p. 372). Elle se rapporte au passage suivant: « L'homme sera parfait quand il démontrera absolument la Science Chrétienne. Il ne pourra ni pécher, ni souffrir, ni être assujetti à la matière, ni désobéir à la loi de Dieu. Par conséquent il sera comme les anges du ciel. » Quel exposé remarquable, profond, et comme il diffère des vues générales concernant le succès!
Voilà donc l'étoile à laquelle nous pouvons accrocher notre chariot. En nous efforçant d'atteindre à ce « succès véritable, » nous pouvons manifester sans contrainte la pure innocence qui caractérise déjà l'être réel; nous avons sans cesse l'occasion d'élever nos pensées plus haut que le fatras des concepts terrestres qui sont la cause de toutes les souffrances; nous sommes libres de fouler aux pieds la croyance à la matière avec toutes ses fausses lois et d'en prouver le néant; nous pouvons jouir pleinement de notre union avec notre divin Père-Mère Dieu, obéir avec joie à Sa volonté, sachant qu'elle prévoit pour nous l'harmonie perpétuelle.
Le bien spirituel est sans limites. Il est accessible à tous. Plus nous l'employons, plus nous en avons. La sincérité, le zèle avec quoi nous nous efforçons de parvenir au vrai succès dépendent de nous-mêmes; c'est affaire entre nous et Dieu. Chacun peut refléter les qualités divines aussi complètement qu'il le désire, sans en priver pour cela son prochain. Chacun peut vaincre sa croyance au péché, au matérialisme, sans restreindre à cet égard les perspectives de son frère. Notre victoire au contraire rend plus facile celle d'autrui, comme aussi ses efforts fructueux nous aident à progresser.
Dans la mesure où l'on prouve le succès véritable, il s'exprimera visiblement par des conditions meilleures, un champ d'activité plus vaste, des bénédictions et des bienfaits multiples. Jésus a promis que si nous cherchons premièrement le royaume de Dieu, nous recevrons par surcroît tout ce qui est bon.
Puisqu'il est la réflexion de l'unique Être infini, l'homme est un génériquement; donc le bien qu'exprime un individu est également à la portée de tous les autres. Mais ne laissons pas entrer dans notre conscience la croyance de séparation qui met en avant non pas l'homme spirituel, mais des personnes, des humains, des gens! Ce faux point de départ aboutit à plusieurs entendements, aux mauvaises tendances telles que l'égoïsme, l'orgueil, l'envie, la méchanceté.
Le concept matériel du succès est forcément limité, fini, car il s'accorde avec la nature même de la matière. Il a pour objet les conditions de la matérialité. Aussi fait-il croire à l'homme mortel que plus son prochain prospère, moins il est lui-même dans l'abondance. Dans le monde matériel ce concept erroné est une des principales sources de conflit, de péché, d'affliction. L'homme mortel s'imagine qu'il peut réussir aux dépens d'autrui en évinçant ou en rabaissant son frère. Mais étant donné l'unité essentielle de l'homme, ces méthodes-là agissent au détriment de leur auteur; comme le dit la Bible, il tombera dans la fosse qu'il a creusée.
Pour que le corps humain soit en santé, il faut que tous ses membres soient sains et travaillent ensemble harmonieusement. Si la main voulait devenir plus forte en écrasant le pied ou en l'empoisonnant, inévitablement tout le corps serait atteint et la main elle-même souffrirait à l'égal du pied.
Parfois il semble que d'autres — c'est-à-dire notre concept à leur égard — puissent entraver notre démonstration; mais si nous analysons clairement la situation, nous constaterons que rien ni personne ne peut soit empêcher soit retarder la démonstration du succès véritable. Certains facteurs paraissent quelquefois modifier les conditions dans lesquelles on travaille; mais si regrettable ou même pénible que puisse être la situation, ce n'est jamais qu'une chose extérieure. Nos efforts ne tendent pas à la richesse ou à la gloire; nous cherchons simplement à ce que s'exprime chez nous l'humilité, la sincérité, l'amour, la sainteté; or ceci est possible quelles que soient les conditions apparentes. Nous savons que notre Maître employa les circonstances dues aux pires mobiles de l'entendement charnel — la crucifixion ell-même — comme marchepied pour parvenir à sa plus glorieuse démonstration. Dans ce domaine comme dans tous les autres, nous pouvons suivre ses traces. Notre chère Leader, Mrs. Eddy, nous donne cette assurance qu'elle avait amplement prouvée: « Celui qui, invoquant le nom du Christ, a virtuellement accepté les divines revendications de la Vérité et de l'Amour en Science divine, s'éloigne chaque jour du mal; et tous les pervers efforts des démons hypothétiques ne sauraient empêcher que cette vie se porte cesse vers Dieu, sa source divine » (Miscellaneous Writings, p. 19).
Le Scientiste Chrétien vigilant saura qu'aucun sentiment de rivalité ne peut s'insinuer dans ses efforts pour atteindre au vrai succès; au fond, les efforts justes excluent la rivalité mais laissent le champ libre pour l'accomplissement de toute bonne tâche. La sincérité protégera le disciple, l'empêchera de tomber dans le pharisaïsme ou la vaine gloire qui se vante de ses exploits. En vérité, ces faux concepts retarderaient sa marche en avant, car ils ont pour mobile l'orgueil, l'essence même de l'erreur.
On a souvent eu la preuve que reconnaître avec joie et générosité la démonstration faite par son prochain rendait possible une démonstration analogue chez disciple réceptif. Ceci est conforme à la loi divine. Apprécier de tout notre cœur l'œuvre accomplie par notre frère, c'est en faire une réalité dans notre conscience, l'embrasser, la chérir; aussi s'extériorise-t-elle dans notre propre vie. Et l'amour désintéressé dont jaillit cette joie généreuse unit le disciple au Dispensateur de tous les biens, au divin Amour impartial, de sorte qu'une grande force soutient l'action de la vérité sur le problème à résoudre. Le livre des Nombres cite un bel exemple d'appréciation généreuse. Lorsqu'on dit à Moïse que deux Israélites prophétisaient dans le camp, et qu'on lui demanda de les en empêcher, Moïse répondit avec calme: « Es-tu jaloux pour moi? Ah! plût à Dieu que tout le peuple de l'Éternel fût prophète et que l'Éternel mît son esprit sur eux! » Mais si l'on cultive un sentiment contraire, qui limite le bien et lui porte envie, cela vous sépare en apparence de l'Amour impartial, universel, source de tous les biens, et la perte est sensible.
L'histoire d'Abraham illustre ces lois spirituelles et s'avère riche en inspiration. On nous dit que ce patriarche était très riche en troupeaux, en argent et en or, et que Lot, son neveu, avait aussi beaucoup de bétail. Comme les troupeaux s'accroissaient, le pays ne leur suffisait plus pour habiter ensemble. Abraham proposa donc que l'on se sépare en amis; il engagea généreusement son neveu à choisir la région qu'il voulait habiter. Lot opta pour la plaine du Jourdain qui, fort bien arrosée, était la partie la plus fertile du pays et pouvait se comparer à l'Égypte.
Abraham fut peut-être momentanément tenté de croire que sa situation était désavantageuse et de se demander où il trouverait les ressources nécessaires; mais la parole de Dieu qui lui fut adressée, réfuta d'une manière complète et satisfaisante tout sentiment de pénurie: « Lève les yeux et, du point où tu es placé, regarde vers le nord, vers le midi, vers l'orient et vers l'occident: tout le pays que tu aperçois je te le donnerai, à toi et à tes descendants, pour toujours... Lève-toi, parcours le pays dans sa longueur et dans sa largeur; car c'est à toi que je le donnerai. »
Le désintéressement d'Abraham et sa confiance en Dieu lui permirent de s'élever plus haut que les restrictions du sens mortel pour prendre conscience du bien sans limites. Naturellement donc, tout le bien que son regard embrassa devint vraiment sien à jamais, inséparable de son être et de sa conscience. Cette loi spirituelle opère aujourd'hui comme à l'époque d'Abraham, et peut se prouver quand les circonstances le demandent.
Individuellement et collectivement, les hommes devraient fixer leurs regards sur ce qui représente le seul véritable succès — laisser Dieu S'exprimer dans toutes Ses qualités divines, et par conséquent connaître et prouver le néant de l'erreur sous toutes ses phases; alors ils seront graduellement affranchis des rivalités pénibles avec leur cortège d'erreurs. Dans la mesure où la compréhension spirituelle est accueillie dans la conscience humaine et la transforme, on voit les choses à la lumière de la Vérité. Alors le bien se multiplie, on voit prévaloir les lois divines sages et parfaites, et les faux concepts disparaissent. C'est ainsi que tous ensemble, nous marcherons vers le « succès véritable » où nous reconnaîtrons et manifesterons notre vrai statut, étant « comme les anges du ciel. »