Par un beau matin de printemps, une fillette et sa mère suivaient un chemin creux, à la campagne. Au cours de leur promenade, elles voyaient bien des choses intéressantes; elles apprenaient de grandes et précieuses leçons.
Dans une belle prairie, elles virent des vaches qui paissaient. Un peu plus loin, un troupeau de moutons traversa la route. Un chien qu'elles ne connaissaient pas les suivit quelque temps. Un lourd chariot que traînaient deux forts et patients chevaux de ferme les dépassa, en les touchant presque. Vues de si près, ces choses semblaient énormes à la fillette, parfois même un peu effrayantes; aussi serrait-elle bien fort la main de sa mère. Mais les oiseaux chantaient, la brise caressait les jolies fleurs des champs, le soleil brillait, la paix et l'abondance se manifestaient partout.
Les deux promeneuses étaient pleines d'entrain. La route s'étendait devant elles comme un mince ruban aux teintes ambrées, d'une beauté attrayante. Pourtant, il leur fallait faire attention où elles posaient le pied, car par endroits le chemin était pierreux, inégal, et la marche n'était pas toujours facile. Elles se trouvèrent même une fois devant un trou rempli de boue noire et visqueuse qui les empêcha presque de passer; ensuite pendant quelque temps, leur chemin longea une ravine étroite et profonde où elles pouvaient voir, en se penchant sur le mur d'appui, un petit ruisseau qui courait gaiement vers la mer lointaine. Avec sagesse, la maman montrait à sa fille les pièges et la manière de les éviter; elle lui indiquait aussi toutes les belles choses dont elle pouvait jouir le long du chemin.
« Je n'ai pas peur, maman, » dit la fillette avec un sourire, « quand je te tiens par la main. »
« Naturellement, » répondit la mère, « parce que tu as confiance en moi. Pense maintenant à la confiance que nous pouvons avoir en Dieu, dans notre Père-Mère Dieu! Il est toujours avec toi, jour et nuit, où que tu sois, quoi que tu fasses. Son amour parfait te protège et te guide; tu peux marcher avec Lui, tranquille et sans crainte. Tu peux toujours prouver Son pouvoir infini, Sa bonté certaine. »
Puis elle dit à la fillette une chose qui lui était arrivée dans son enfance. « Un jour, » raconta-t-elle, « une petite amie et moi montâmes nos poneys pour faire une promenade. Après être allées bien loin, nous décidâmes de tourner bride et de voir qui arriverait la première à la maison. Les poneys trottèrent de plus en plus vite, et à un tournant, ma selle glissa: je fus projetée sur une pile de grosses pierres. Un homme qui se trouvait là me porta jusque chez nous, où ma mère commença tout de suite à savoir la vérité en ce qui me concernait.
« Le lendemain, j'allai à l'école, mais mon visage était tout meurtri et je n'étais pas à mon aise. Pendant les leçons, la douleur parut empirer, et finalement je me sentis si seule, si désolée, si craintive que j'avais de la peine à ne pas pleurer; je demandai à l'institutrice si je pouvais sortir de la salle pendant quelques minutes.
« Dès que j'eus refermé la porte, je vis que j'avais compté sur ma mère et non pas sur Dieu. Je savais, naturellement, que cela n'était pas juste. Je savais aussi — et c'était un grand réconfort! — que là où je me trouvais au moment même, Dieu était présent, et qu'en Sa présence je ne pouvais être seule, effrayée ou malade.
« Tout de suite je fus guérie; avec confiance et joie je rentrai dans la salle et continuai mon travail. Cette expérience m'a bien souvent aidée au cours des années suivantes, et je suis sûre qu'elle t'aidera. Dieu est toujours présent pour subvenir à tous nos besoins, comme le dit la Science Chrétienne; mais il nous faut écouter Sa voix et Lui obéir. »
« Je sais, » répondit la fillette. « ‟Je veux écouter Ta voix” fait partie de mon cantique favori. Chantons-le maintenant, veux-tu? »
Ensemble donc, tout en marchant, elles chantèrent ce beau cantique écrit par notre chère Leader, Mary Baker Eddy (Poems, p. 14):
« Montre-moi comment, Berger,
Gravir le coteau;
Comment récolter, semer —
Paître Ton troupeau.
Je veux écouter Ta voix
Pour ne pas errer;
Suivre toujours avec joie
L'âpre et dur sentier. »
Quelques jours plus tard, la même fillette et sa mère faisaient des emplettes dans la grande ville la plus proche. Il fallait aller dans bien des bâtiments, traverser des rues encombrées. La petite fille pensait qu'elle n'avait jamais vu tant de monde à la même place, tant de voitures avançant si vite, ni entendu un vacarme pareil. Mais elle n'avait pas peur. Prudemment, sans crainte, quand l'agent pivot en donnait le signal, elle et sa mère traversaient les rues bruyantes où se pressait la foule; quand il le fallait, toutes deux laissaient passer les automobiles et attendaient tranquillement la prochaine interruption.
« Ici, bien sûr, nous pouvons chanter ‟Montre-moi comment, Berger,” n'est-ce pas? » dit la fillette, souriant à sa mère.
« Oui, vraiment, » répondit celle-ci. « Nous pouvons toujours chanter cela, chérie, et savoir que, comme tu l'as appris à l'école du dimanche, Dieu est partout. Là où est Dieu, se trouve naturellement le bien, car Dieu est bon. Qui pourrait être troublé, malheureux, malade ou craintif, en présence du bien? »
« Personne, » dit l'enfant d'un air sérieux.
« Ayons donc toujours soin d'obéir à la Parole de Dieu — sans réserve, de bon cœur, comme nous obéissions tout à l'heure à l'agent. Alors nous sentirons toujours la présence de Dieu, car la Bible dit: ‟Ta parole est un flambeau qui guide mes pas, une lumière sur mon sentier.” »
Dans la soirée, comme le train les ramenait à la maison, la maman parla d'un autre cantique de Mrs. Eddy, et de grand cœur elle en récita pour sa fillette ces quelques lignes (Poems, p. 12):
« Sur les flots en furie, je vois
Marcher le Christ;
Avec tendresse il vient à moi,
Parle et m'assiste. »
« A mesure que chacun de nous prouve la grande vérité que révèle ce cantique — la présence du Christ guérisseur, » poursuivit la mère, « nous aiderons tous les humains à la prouver; car chaque démonstration individuelle du bien concourt à la démonstration du bien universel. Et quand tous verront que ‟sur les flots en furie” le Christ, la Vérité, marche triomphalement, ils seront en sécurité, sans crainte, vraiment libres! »