L'on a parfois entendu des remarques de ce genre, faites par un Scientiste Chrétien dont les intentions étaient excellentes: « Vous feriez bien de vous protéger par un bon travail, si vous ne voulez pas qu'il vous arrive quelque chose. » Ne vaudrait-il pas beaucoup mieux dire: « Vous avez une merveilleuse occasion de prouver votre filialité divine et l'impuissance du mal. Faites votre travail, et réjouissez-vous! »
La Science Chrétienne nous apprend à reconnaître d'heure en heure l'impuissance du mal et la protection complète que nous assure Dieu, le bien toujours présent. Elle n'indique pas que la crainte d'être anéanti par les prétentions du mal nous incite à travailler pour « dévoir » ces erreurs. Ni le Christ Jésus ni Mrs. Eddy n'enseignent que la peur doive être le mobile de nos efforts pour abattre les mensonges du mal. La crainte n'est jamais l'influence dominante chez ceux qui comprennent l'homme de Dieu.
Quel est le vrai mobile du travail de protection? Il doit se fonder sur une certitude affirmative, positive, sereine — sur la découverte que notre vrai moi est fils de Dieu, non pas matériel mais spirituel, et sur l'ardent désir de prouver ce fait en toute occasion. Ce ne sont point les vaines menaces du mal qui nous poussent à démontrer Dieu et notre filialité divine. Au contraire, c'est l'amour et la sagesse de Dieu qui nous font réaliser que nous sommes de Lui, en Lui. L'idée-Christ opère en nous.
Se figurerait-on que Jésus ait prié parce qu'il craignait qu'en négligeant ce devoir, il ne s'attire de graves malheurs? Il priait parce qu'il savait que seule la prière intelligente et constante permet à l'homme de remplir ses obligations envers Dieu. En quoi consistent ces obligations? Il faut penser et vivre de manière à comprendre la totalité divine, assurant à jamais l'empire de l'homme sur toutes les formes du mal. Le mobile de Jésus doit être aussi le nôtre. Il nous a montré le chemin, la seule marche à suivre.
Dans Science et Santé avec la Clef des Écritures (p. 442), Mrs. Eddy nous donne ce conseil: « Scientistes Chrétiens, soyez une loi à vous-mêmes pour que la mauvaise pratique mentale ne puisse vous faire de mal, que vous dormiez ou que vous soyez éveillés. » Elle se rendait compte que la mauvaise pratique fait partie du mensonge ayant sa source dans le mal, et qu'il faut spécialement « dévoir » cette erreur, sans aucune crainte, d'une manière systématique; elle nous dit que chacun doit en réaliser l'impuissance complète en étant à soi-même une loi. Il s'agit de comprendre notre union avec Dieu et avec les forces de la loi spirituelle, ce qui nous libère de la crainte concernant les prétendues forces du mal destructif. Mais dans tous les cas, nous chercherons moins à protéger la personnalité humaine qu'à prouver notre filialité divine. La protection de Dieu marche de pair avec notre réalisation du bien.
C'est donc le cœur plein de joie et non pas de crainte que le penseur spirituel accomplit chaque jour son travail. Qu'elles viennent d'un ami ou d'un adversaire, il n'accepte pas les suggestions représentant le mal comme un redoutable dragon revêtant diverses formes et prêt à se jeter sur nous. Il se réjouit de ce fait proclamé par Jésus: « Voici que je vous ai donné le pouvoir de fouler aux pieds... toute la puissance de l'ennemi; et rien ne pourra vous nuire. » Il sait qu'on peut se fier à cette promesse; que le Christ — la véritable idée de Dieu et de l'homme — révèle à la conscience l'unicité de l'homme avec l'Entendement tout-puissant dont l'activité est universelle, ce qui fait ressortir l'impuissance du mal, son néant.
Mrs. Eddy déclare (ibid., p. 249), « Ou bien il n'y a pas d'omnipotence, ou bien l'omnipotence est l'unique puissance. » Pour chacun d'entre nous, il importe de réaliser ce fait à la fois simple et grand — l'omnipotence de Dieu. Dans nombre de passages, la Bible appelle Dieu « le Tout-Puissant. » Cela ne signifie-t-il pas que l'Éternel possède tout le pouvoir? S'il en est ainsi, de quelle puissance le mal peut-il disposer?
Le mal est donc sans pouvoir; mais ce qui engage les mortels à craindre le mal, à lui obéir, c'est leur ignorance: ils croient à tort que le mal est puissant. Pour vaincre cette croyance, il faut tout d'abord cesser de la nourrir. On surmonte l'erreur en niant ses prétentions à l'identité, au pouvoir. Si l'on s'y attache mentalement, si l'on croit que c'est quelque chose ou quelqu'un, on ne peut la maîtriser. La Science annihile le mal en révélant ce fait: la seule présence est celle de Dieu, donc l'erreur est inexistante. Mais celle-ci voudrait nous faire croire qu'elle possède une identité, que sa puissance peut s'exercer par un agent.
La seule manière de maîtriser le mal, c'est de réaliser individuellement la nature spirituelle de l'homme en tant que fils de Dieu, un avec Dieu comme l'idée est une avec l'Entendement; sain et sauf dans la Vie, dans l'Amour infini, l'homme réel ne croit point au mal et ne saurait le craindre; créé et maintenu par le Dieu infini auquel la crainte est inconnue, l'homme est également supérieur au mal.
Sans doute, le travail de protection est des plus importants, surtout si l'on éprouve encore une certaine crainte au sujet du mal. Mais ce travail prend une tout autre portée, devient plus efficace, plus chrétiennement scientifique, quand notre mobile est affirmatif, soutenu par la joie. Alors nous pouvons remplir avec bonheur la tâche incombant à l'homme, qui doit prouver qu'il est fils de l'Entendement souverain; nous sommes à même de démontrer que malgré ses prétentions à l'identité, à l'organisation, le mal ne possède aucun pouvoir. Nous suivons ainsi ce sage conseil du Psalmiste: « Tous ceux qui se confient en toi se réjouiront... Tu étendras sur eux ta protection. »
