Goûtons-nous des plaisirs, voyons-nous des palais?
Rien ne vaut le chez-soi, tout humble qu'il puisse être.
Voilà ce qu'écrivait, dans un poème souvent cité, l'Américain John Howard Payne. Et ceux qui ont été aux prises avec l'erreur qu'on appelle la nostalgie ou le mal du pays affirment que souvent cette angoisse mentale est pire que de violentes souffrances physiques. Contre ce mal, on n'a jamais découvert de potion ni de remède materiels. Dans Macbeth, Shakespeare exprime éloquemment ce après quoi l'humanité soupire — la médecine morale et spirituelle:
Aurais-tu le secret de faire un cœur dispos,
D'extirper du chagrin la profonde racine,
De purger le cerveau d'une ombre qui fascine,
Et dissoudre au moyen d'un élixir d'oubli
Ce fardeau monstrueux dont le cœur est empli?
Aujourd'hui, parce que la guerre projette sur d'innombrables foyers ses ombres épaisses, bien des familles se trouvent dispersées, bien des amis séparés. D'après ce que disent une foule de soldats, la lutte contre la nostalgie représente un problème encore plus grand que le conflit matériel qu'ils doivent affronter. « N'y a-t-il plus de baume en Galaad? » s'écrient les Jérémies de l'heure présente. « N'y trouve-t-on plus de médecin? »
Mais une bonne nouvelle parvient à la grande famille humaine. Avec une certitude appuyée de preuves, on lui donne la réconfortante, la chaleureuse assurance qu'il y a toujours un baume en Galaad; que ce Galaad est non pas éloigné, mais accessible ici même, dès maintenant, et qu'il peut se trouver en Science Chrétienne — dans la compréhension scientifique de la vérité curative qu'enseignait le Chrétien par excellence, et que Mary Baker Eddy a fait connaître à notre époque. Ce système qui s'inspire du Christ ouvre aux cœurs réceptifs la Belle Porte; il révèle la possibilité d'obtenir une paix, une tranquillité d'esprit qu'on eût précédemment jugées impossibles.
Pour celui qui cherche la Vérité, la paix, quel est le premier pas à faire? Une illustration fort simple nous le montrera. Que fait un enfant lorsqu'on lui demande d'additionner une colonne de chiffres? Consciemment ou non, comme par instinct, il recourt aux lois, aux vérités qu'il a pu apprendre dans ses leçons d'arithmétique, et il en fait l'application. Soit vite soit lentement, il se rappelle que deux plus deux font quatre, que quatre plus deux font six; sans dévier en rien de la vérité prouvée maintes fois, il additionne les chiffres, et la réponse qu'il obtient est correcte.
Considérons maintenant le problème de ceux qui se trouvent loin de leur patrie, dans des lieux où tout leur est étranger: du soldat, du marin, de l'aviateur, de la jeune femme portant l'uniforme. Supposons que les désastreuses suggestions de la nostalgie se présentent à leur pensée. Si le disciple a quelque peu saisi la portée de la Science Chrétienne, il sait qu'avant tout il lui faut voir ceci: quels que soient leur nom, leur nature, les discords ne sont point une chose normale ou légitime, car ils ne procèdent pas de Dieu, du bien. Ensuite il doit observer cette importante règle que donne le livre de texte, Science et Santé avec la Clef des Écritures, par Mary Baker Eddy (p. 233): « Ce qu'il faut pour guérir un mal quelconque, c'est précisément le fait opposé. » Or quels sont les faits? Dieu, la Cause première, est le bien, l'Esprit, l'Amour ou le Principe infini, intelligent, immuable. L'homme est Son enfant, Sa ressemblance, Son expression, donc semblable à l'Esprit; en d'autres termes, il est non pas matériel mais spirituel. Dieu, l'Entendement infini, peut-Il souffrir de nostalgie? Comment serait-ce possible, puisqu'Il habite éternellement la seule demeure qui soit — la conscience transcendante, incommensurable, illimitée, l'Ame elle-même! Où réside l'image de Dieu? Où sinon dans l'Ame, sa patrie éternelle? Dans ce cas, l'homme peut-il avoir le mal du pays? En vérité, il ne saurait être absent de son vrai home, car son rapport avec sa cause, son créateur céleste, est indissoluble, comparable à celui du soleil et de ses rayons.
Tel dira peut-être: C'est là une admirable théorie spirituelle, mais en quoi pourrait-elle m'aider? Maintenant même je suis loin de mon foyer, de ceux qui me sont chers; je soupire après leur présence, ce désir est si fort que c'est une douleur! Nous répondrons: Protestez contre ces suggestions de l'entendement mortel; trouvez les faits qui s'y opposent et attachez-vous fermement à eux. Votre absence, votre éloignement sont-ils des faits spirituels? Non! Maintenant même l'expression de l'Ame est en sécurité, heureuse dans sa vraie demeure, dans la conscience harmonieuse et paisible qui représente le contraire des pénibles sensations matérielles. Attachez-vous aux faits! Cette souffrance qui paraît vous ronger, vous déchirer le cœur, n'est point réelle, authentique, car elle ne procède pas du bon Père plein d'amour. Que vous montiez la garde, que vous soyez de quart aux heures solitaires de la nuit, que vous pilotiez un avion dans les plus hautes sphères, attachez-vous aux faits! Montrez à l'erreur que vous pouvez la réduire au silence par la vérité. Déclarez que vous êtes actuellement dans votre demeure réelle et que rien ne sépare ceux qui s'aiment; car toutes les idées de Dieu ne sont-elles pas éternellement inséparables dans l'Amour? Tournez-vous vers l'Entendement divin, rendez-lui grâce de la précieuse compréhension qu'apporte la Science Chrétienne. Arrêtez-vous un instant pour songer un instant à ce que serait l'existence sans le glorieux Principe qui nous soutient; puis à nouveau, remerciez Dieu de ce que l'erreur ne se produit jamais, ne se perpétue pas dans Son royaume où prévaut l'harmonie; car à l'instar du Père, l'homme créé par Dieu — celui que vous êtes réellement — est incapable d'éprouver des peines ou des chagrins.
Attachez-vous aux faits; écoutez l'excellent message d'une noble femme qui, sous l'inspiration divine, a découvert et fondé la Science Chrétienne, et nous a révélé notre vrai home (Miscellaneous Writings, p. 152): « Fondés sur le roc du Christ, quand l'orage et la tempête assaillent ce fondement solide, vous êtes à l'abri dans la forteresse de l'espoir, de la foi, de l'Amour; vous êtes les oisillons que Dieu protège et qu'Il abritera sous Ses ailes jusqu'à ce que l'orage ait passé. Dans ce refuge de l'Ame n'entre aucun élément terrestre pour en chasser les anges, pour réduire au silence l'intuition juste qui vous guide sûrement vers la maison paternelle. »
