Par une matinée printanière, une Scientiste Chrétienne attendait le tramway qui devait s'arrêter au coin de la rue. La gratitude et la joie remplissaient sa pensée. Les arbres qui bordaient la route portaient leur plus fraîche parure. Les oiseaux gazouillaient sur les rameaux verdoyants. Le soleil brillait dans un ciel sans nuages. Tout semblait annoncer l'amour de Dieu.
Soudain quelque chose de brillant attira les regards de la voyageuse. Près de l'arrêt du tram stationnait un grand tombereau. Sa peinture était toute fraîche, et les larges roues aux lames d'acier reflétaient les rayons du soleil et luisaient comme de l'argent. Deux hommes préposés à ce service sortirent d'une maison, portant au moyen de courroies passées sur leurs épaules un bac de fer blanc, lourdement chargé. Pour bien garder l'équilibre, l'un d'eux posa la main gauche sur le couvercle du bac et l'autre mit la main droite sur l'épaule de son camarade. Ensemble ils montèrent sur le large marchepied, soulevèrent le bac et en vidèrent le contenu dans le tombereau. Ces travailleurs manifestaient la collaboration simple et fraternelle.
Ce petit incident fit voir à la Scientiste Chrétienne la beauté de l'activité véritable dans laquelle l'homme, image de Dieu, reflète l'omniaction de son créateur, du divin Entendement. Dans la carrière des hommes, tout labeur honnête exprime l'intelligence, l'ordre, la beauté, l'harmonie. Que ce soit au foyer ou dans une autre occupation, aucun travail honnête n'est dégradant; et reconnaître avec gratitude les faits spirituels guérit la crainte de la matérialité, de la monotonie, du surmenage.
Lorsqu'une monitrice exprima ces pensées à l'École du dimanche de la Science Chrétienne, elles éveillèrent l'opposition d'une des élèves. Celle-ci estimait qu'on ne pouvait pas regarder le travail matériel comme une expression de l'activité spirituelle. Mais quand le groupe reconnut que les pensées d'ordre, de propreté, de beauté, d'harmonie et de conservation sont spirituelles, tout le monde en eut de la joie et se trouva d'accord. Mainte personne soupire et se lamente sur son labeur, la place où elle travaille, ses compagnons d'œuvre. Mais en Science Chrétienne on apprend qu'un travail honnête et une rémunération appropriée sont un sujet de profonde reconnaissance.
Une dame qui entreprenait l'étude de la Science Chrétienne était depuis longtemps employée dans un bureau où l'on préparait d'interminables statistiques. Le travail était si uniforme qu'on aurait pu le préparer des années d'avance. Comme il servait de base à des bilans, il exigeait la plus grande exactitude, mais son inévitable monotonie paraissait presque insupportable. Lorsqu'elle commença à comprendre la Science Chrétienne, à en faire l'application, à travailler du point de vue spirituel en exprimant l'intelligence et l'ordre, l'employée put faire son ouvrage avec joie et avec entrain.
Quelques mois plus tard, les diverses tâches du personnel furent groupées en catégories afin qu'on pût les évaluer et les rétribuer équitablement; et le travail de celle qui était devenue Scientiste Chrétienne prit rang dans la catégorie la plus élevée pour cette branche des affaires. Sa tâche comportait un travail de vérification. En aidant à rectifier des fautes, elle s'était parfois heurtée à la crainte ou aux malentendus. Mais en appliquant les règles de la Science Chrétienne, elle apprit graduellement à manifester l'amour qui ne connaît et ne provoque pas la crainte. Ainsi ce bureau acquit peu à peu la réputation d'une place où l'on travaillait ensemble dans l'harmonie.
Quel plaisir de constater les bons résultats que produit le travail fait d'un cœur joyeux, dans une pensée spirituellement élevée! Paul exprime admirablement cet état d'esprit dans un passage de I Corinthiens: « Quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu. » Lorqu'on voit que l'activité véritable exprime l'opération du seul Principe divin, on peut avec bonheur s'attendre à quelque chose de « très bien. »
Le Christ Jésus disait: « Mon Père travaille jusqu'à présent, et je travaille, moi aussi... Le Fils ne peut rien faire de lui-même; il ne fait que ce qu'il voit faire au Père; car tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareillement. » Le Père, c'est Dieu, « Celui qui sait tout, qui voit tout, en qui est toute action, toute sagesse, tout amour, et qui est éternel, » comme l'indique la définition de Dieu à la page 587 de Science et Santé avec la Clef des Écritures, par Mary Baker Eddy.
Quelle que puisse être notre place ou notre tâche, nous demeurons en réalité dans l'Entendement divin; et quant à notre individualité réelle, nous sommes tous les fils et les filles du même Père. D'heure en heure nous pouvons sentir davantage que selon la parole du Christ Jésus, « le royaume de Dieu est au dedans de vous; et dans la mesure où nous comprenons ce fait et le vivons, nous trouvons dans notre existence la manifestation de l'harmonie. Cette harmonie dépend de notre propre penser; elle n'est point à la merci des pensées étrangères.
Dans la vérité de l'être, aucune influence, aucune circonstance ne trouble la paix du royaume des cieux. Humainement parlant, notre journée est une mosaïque composée d'une foule d'instants. Lorsqu'à la fin de la journée nous jetons un regard en arrière, il fait beau sentir que le soleil a brillé sur tous ces émaux, parce que nous avons reflété l'Amour divin en pensée, en paroles, en actes de bienveillance ou d'encouragement, dans la reconnaissance à l'égard de Dieu et de notre prochain. Cette constatation marche naturellement de pair avec l'espérance d'un lendemain béni, de sorte que nous hâtons l'accomplissement des paroles du prophète Ésaïe: « Ils s'aident l'un l'autre et chacun dit à son frère: Courage! »
