Dans les Écritures qui relatent le progrès spirituel de l'humanité, on voit souvent briller comme un fil d'or les preuves de l'omniprésence divine, la certitude que Dieu est toujours proche.
Quelque trente-trois siècles avant notre ère, plus de cinq mille ans avant la découverte de la Science Chrétienne, il y eut un homme dont la Bible résume la longue vie en cette phrase expressive: « Hénoc marcha donc avec Dieu, puis on ne le vit plus, parce que Dieu l'avait pris. » L'auteur de l'épître aux Hébreux confirme la validité de cette description, car il nous dit que le patriarche « fut enlevé et ne vit point la mort. » Hénoc mérite notre attention et notre reconnaissance parce qu'il « marcha... avec Dieu »; il pensa et agit de manière à sentir toujours davantage la présence et l'amitié divines. Aussi illustre-t-il pour nous les possibilités de réalisation spirituelle dans les circonstances présentes.
Qu'est-ce qui mit Hénoc à même de comprendre la présence divine et d'avoir l'ineffable contentement qu'apporte cette réalisation? C'était un facteur qui n'avait certes pas sa source dans l'éducation humaine ou dans les expériences limitées; un élément si peu d'accord avec les sens physiques qu'ils furent réduits au silence par cette réalisation progressive. Sans doute la vision d'Hénoc reposait d'une manière logique, inévitable, sur sa perception de l'Esprit en tant que seul créateur, unique cause de tout ce qui existe réellement.
Si l'on admet que Dieu est Esprit, comme le déclara Jésus le Christ, et que selon le témoignage de la Genèse, l'homme est l'image ou la ressemblance divine, on arrive forcément à cette conclusion: le témoignage des sens physiques quant à la nature de l'homme contredit en tout point les faits spirituels. Puisque l'Esprit, l'Entendement, est infini, il est impossible en bonne logique d'attribuer une existence réelle au contraire de l'Esprit — à l'univers ou à l'homme matériels.
Pour pouvoir marcher avec Dieu et démontrer la vie éternelle sans passer par ce qu'on nomme la mort, Hénoc avait dû comprendre au moins dans une certaine mesure ce qu'est la Science de l'être. Il avait sans doute plus ou moins perçu et saisi l'éternelle vérité dont par la suite le Christ Jésus fut le révélateur et le démonstrateur — cette vérité qui nous est enfin parvenue grâce aux enseignements de la Science Chrétienne. Dans le livre de texte Scientiste Chrétien, Science et Santé avec la Clef des Écritures (p. 214), Mrs. Eddy déclare: « Si la perception d'Hénoc s'était bornée à l'évidence de ses sens matériels, il n'aurait jamais pu “marcher avec Dieu,” ni être amené à faire la démonstration de la vie éternelle. »
Dieu était pour Hénoc une réalité. Le patriarche avait sans doute un profond sentiment de la présence divine; son état de conscience devait ressembler à celui qu'atteignit le Christ Jésus dans sa communion intime avec le Père, telle que nous la fait entrevoir l'admirable chapitre dix-sept de l'Évangile selon saint Jean. L'humanité a grand besoin de sentir davantage combien le Père est proche, secourable; elle devrait se rendre mieux compte qu'elle peut en toute circonstance recourir à Dieu comme à un ami toujours présent. Mary Baker Eddy avait le contentement qu'apporte ce sens de la Divinité. Aussi put-elle écrire dans Non et Oui (p. 19): « Ce qu'est la personne de l'infini, nous l'ignorons; mais nous sentons avec amour et gratitude, la tendresse paternelle de cet Être suprême. »
Prenons l'habitude de penser à Dieu en tant que divin Principe, Esprit, Ame, Entendement, et à notre vrai moi comme idée de l'Entendement; alors nous apprécierons davantage les qualités paternelles de Dieu. Nous ne devrions jamais perdre de vue notre précieuse filialité; nos pensées devraient s'orienter vers l'idée de Père et de fils. Reconnaissant constamment la nature et la proximité divines, nous serons toujours mieux capables de marcher et de parler avec Dieu, comme ce fut le cas pour Hénoc, et comme le fit notre Conducteur, le Christ Jésus, au cours de sa bienfaisante mission. Dieu n'est pas une abstraction métaphysique. Il est notre Père, notre Père-Mère Dieu. Considérons Dieu sous cet angle, réglons notre penser sur ce modèle, et Sa présence nous deviendra toujours plus sensible; nous percevrons mieux aussi notre vraie nature et le fait que nous pouvons marcher et parler avec notre Père.
Marcher avec Dieu est une chose spirituellement mentale, où les sens physiques ne jouent aucun rôle. On peut même dire que pour goûter cette communion avec Dieu il faut, selon les termes employés par saint Paul, être « absents de ce corps. » Le Scientiste Chrétien progressif apprend bientôt que pour être en rapport avec l'Entendement divin, la pensée doit s'élever plus haut que le tumulte des sens et jusque dans les sphères sereines de la Vérité. Si nous nous trouvons momentanément trop mesmérisés pour gravir ces hauteurs spirituelles, nous pouvons en tout cas chercher avec prière une perception plus nette de Sa présence, un sentiment plus clair de Sa sollicitude et de Son amour inaltérable. Comment goûter sans interruption la joie qu'apporte cette compagnie divine, voilà ce qu'en notre qualité de Scientistes Chrétiens nous devons chercher à saisir de mieux en mieux. Nous avons besoin de penser davantage à Dieu comme à notre Père, et la véritable fraternité des hommes nous deviendra plus évidente. Nous ferons bien de nous demander souvent: Dieu est-Il pour moi une réalité? Me paraît-Il aussi réel que tel ami en qui j'ai pleine confiance? Si c'est le cas — et certes il ne devrait pas en être autrement — habituons-nous à la pensée de Sa présence constante; apprenons à Lui parler comme un enfant parle à Sa mère, un ami à son ami! Ces efforts porteront certainement des fruits précieux dans la pratique.
Supposé que nous souffrions d'un mal physique apparemment tenace et que les efforts faits pour nous en affranchir n'aient pas été aussi efficaces qu'ils auraient dû l'être. Nous en sommes arrivés à voir que le problème est irréel puisque la vérité contraire est réelle; toutefois l'impression de souffrance continue. Dans notre détresse, il serait bon de parler au Père, à l'Entendement toujours présent; ne devrions-nous pas implorer Son aide, non pour être à l'aise dans la matière, mais afin que se manifeste Son pouvoir qui sauve et guérit? Supposé que nous nous efforcions de prouver pour autrui la Science et la vérité de l'être, et que nous ne réussissions pas comme il le faudrait. Nos prémisses sont correctes, notre raisonnement logique, notre amour est profond, notre foi constante; néanmoins le patient ne semble pas guérir. N'implorerons-nous pas l'aide divine, non pour perpétuer un sens mortel de l'existence, mais afin que l'omnipotence de Dieu soit mieux comprise et démontrée? Peut-être est-ce le manque de travail qui nous chagrine. Tournons-nous vers Dieu, remercions-Le humblement de ce que nous commençons à voir, malgré les apparences contraires, l'irréalité du chômage; puis en toute confiance, demandons à Dieu la compréhension qui nous permettra de prouver l'irréalité du mal. Si nous prions pour obtenir un sens plus clair de Sa totalité, de Son abondance, nous constaterons probablement que nos yeux s'ouvrent à la présence des choses qui semblaient nous manquer; c'est ainsi qu'au désert, les yeux d'Agar s'ouvrirent et qu'elle put voir l'eau dont son enfant avait besoin.
Peut-être sommes-nous aux prises avec la pénurie qui nous empêche de payer rapidement nos dettes, de nous abonner aux périodiques ou de soutenir nos églises dans leur œuvre de guérison. Ne pouvons-nous pas sans hésiter avoir recours à Dieu pour résoudre ce problème, sachant qu'Il manifeste Son abondance et que rien ne peut entraver Son dessein d'amour? Si ce sont les habits, la nourriture, le logement ou d'autres choses nécessaires à notre bien-être actuel qui semblent manquer, ne nous adresserons-nous pas à Dieu? Nous chercherons avant tout non la satisfaction d'un désir matériel, mais le bonheur d'être les témoins vivants de ce qu'Il veut et peut faire pour les Siens. Tournons-nous vers Lui sans hésitation, et nous prouverons la vérité de ce qu'affirme notre Leader à la page 326 du livre de texte: « Si vous travaillez et priez avec des motifs sincères, votre Père vous ouvrira le chemin. »
Pleins de gratitude et de foi, ayons recours au Père en tout temps, quelles que soient les circonstances, quand les choses vont bien et même quand elles vont mal. Avec la confiance d'un enfant, cherchons auprès de Lui le remède à nos maux, dont il nous faut reconnaître l'irréalité, et sachons qu'Il veille toujours sur les Siens. Si nous sommes conscients de Sa tendresse paternelle, de Sa bonté, de son accessibilité, nous pourrons à l'heure de la détresse élever nos cœurs vers Dieu et nous laisser conduire par Sa main, sûrs qu'Il nous soutiendra aux endroits difficiles dans notre voyage vers le ciel, vers l'Ame opposée aux sens.
