Pourrait–on donner des paroles plus encourageantes que celles-ci, s'adressant aux humains inquiets, appauvris, parfois sans travail: « Ils mangeront, et il y en aura de reste »? Jadis, quand le manque parut se manifester, le serviteur du prophète Élisée eut grand besoin de cette assurance; et nombreux sont de nos jours ceux qui la recherchent.
Selon le deuxième livre des Rois, Élisée avait dit à son serviteur d'offrir comme repas pour une centaine d'hommes des provisions apparemment insuffisantes: vingt pains d'orge et du blé en épi. Le serviteur ayant protesté contre ce qui semblait déraisonnable, Élisée répéta son ordre: « Donne-leur ces provisions »; puis il ajouta: « Car ainsi a dit l'Éternel: Ils mangeront, et il y en aura de reste. » Et le récit se termine par cette conclusion rassurante: « Ils mangèrent, et ils en laissèrent de reste, suivant la parole de l'Éternel. »
Bien qu'ayant trait à la guérison d'une situation spéciale, ces paroles indiquent un fait spirituel, une loi divine universellement applicable en tout temps aux situations les plus diverses.
Dans le cas précité, un fait spirituel — le caractère inépuisable du bien — annula une croyance à la pénurie, à l'insuffisance, à la disette, au manque. Toutefois cette croyance n'avait point été accueillie par Élisée, sinon le prophète, comme son serviteur, aurait admis que les provisions étaient insuffisantes pour nourrir cent hommes affamés. Au contraire, il n'eut évidemment conscience que de « Ainsi a dit l'Éternel, » c'est-à-dire de la loi spirituelle qu'il exprima en déclarant: « Ils mangeront, et il y en aura de reste. » Le prophète avait dû clairement pressentir ce qui constitue la substance réelle; il avait dû bien comprendre la nature de Dieu, de l'Entendement divin, et sa manifestation omniprésente.
Selon la Science Chrétienne, le divin Entendement et ses idées représentent la substance réelle. Cet Entendement est à jamais intact, inépuisable, éternellement complet, toujours à l'œuvre sans s'affaiblir ni s'appauvrir. Il peut en tout temps suffire à tous.
Au sujet de cette substance divinement mentale que dans le monde entier, chaque homme peut comprendre et employer d'une manière consciente, Mrs. Eddy déclare dans Science et Santé avec la Clef des Écritures (p. 468): « L'Esprit, synonyme de l'Entendement, de l'Ame, ou de Dieu, est la seule substance véritable; » ailleurs elle dit (p. 286): « Les pensées de Dieu sont parfaites et éternelles; elles sont substance et Vie. » Nous voyons par là que Dieu — l'Entendement divin — et Ses innombrables idées justes constituent tout ce qui est éternel, substantiel. Cette substance doit nécessairement demeurer à perpétuité.
Illustrons ceci par un exemple. Tous les humains pourraient simultanément employer le nombre cinq. Chacun peut s'en servir jour après jour sans en modifier la nature: il reste le même nombre cinq. Il est complet, intact, utilisé mais non détérioré. Bien qu'on l'emploie, il n'est point sujet à diminuer ou à disparaître.
C'est ainsi que, dans le divin Entendement, les qualités du bien sont inépuisables; il est donc possible qu'au même moment, tous entretiennent dans leur conscience telle vertu — l'honnêteté, par exemple. Chacun peut exprimer l'honnêteté dans une pensée ou dans mille pensées, dans une action ou une foule d'actions, vis-à-vis d'une personne ou d'une multitude. Tous peuvent avoir part à l'honnêteté, l'employer mainte et mainte fois, sans qu'elle subisse aucune diminution.
Ceci s'appliquerait également à n'importe quelle autre qualité ou idée divine. Le petit enfant peut comprendre l'amour, l'employer, l'exprimer continuellement — peut-être par les soins qu'il donne à un animal chéri, par son attitude envers ses frères et sœurs, envers d'autres écoliers ou des voisins; il peut constamment employer l'amour, sans jamais l'épuiser. Plus tard, à mesure que ses contacts s'élargissent, il peut apprendre à aimer toutes les races, tous les peuples, tout le genre humain, dans un esprit d'universelle fraternité. Pourtant, après qu'on a si souvent mis à contribution la substance de l'Amour, il en reste « en abondance. » L'Amour demeure intact.
Parce qu'elle connaissait l'inépuisable nature de la substance, notre bien-aimée Leader pouvait déclarer (ibid., p. 494): « L'Amour divin a toujours répondu à tout besoin humain, et y répondra toujours. » Le divin Principe opère toujours sans s'épuiser; il a donc pourvu jusqu'ici aux besoins des hommes; et comme il est éternel, inépuisable, il subviendra toujours à chaque nécessité. Dieu ne peut être diminué; l'intelligence infinie, le divin Entendement parfait n'est jamais en défaut, même si l'on a sans cesse recours à lui. L'Entendement où tout est inclus reste à jamais intact, comme le fait voir un cantique que nous aimons:
« Amour divin et débordant,
Toujours prêt à donner,
Partagé, mais toujours entier,
Mer sans aucun reflux. »
En examinant à nouveau le récit de la Bible qui nous montre Jésus nourrissant la foule, une Scientiste Chrétienne observa que les disciples reçurent l'ordre de ramasser les morceaux qui restaient, dont ils remplirent « douze paniers. » Elle se souvint aussi qu'une fois rentré en lui-même, l'enfant prodigue reconnut et affirma plus que le nécessaire; il dit en effet que dans la maison paternelle les serviteurs avaient tout « en abondance. »
Elle se rendit compte qu'après avoir pendant bien des années exprimé sa reconnaissance quand elle pouvait remplir promptement ses obligations, il lui fallait faire un nouveau pas. Ce fut en quelque sorte un réveil, et les pensées suivantes lui vinrent: Qu'en est-il de ce qui reste? As-tu jamais exprimé ta reconnaissance pour le surplus, l'abondance, les « douze paniers pleins »? Dès lors à l'occasion de chaque dépense, petite ou grande, cette Scientiste commença systématiquement d'exprimer la gratitude et la joie concernant ce qui restait, que ce fût peu ou beaucoup. Elle y reconnut l'indice de ce fait: le Principe ne peut s'épuiser, on ne peut faire trop souvent, appel à lui. Dans un certain cas, lors d'une dépense imprévue mais nécessaire, elle fut presque inquiète en voyant le peu qui lui restait; mais une belle pensée libératrice se présenta soudain avec force: Au lieu de songer au peu qui me reste, pourquoi ne pas rendre grâce de cette preuve que le Principe n'est point épuisé? A partir de ce jour, elle se libéra graduellement d'un faux sens de responsabilité personnelle; elle eut par conséquent mainte preuve pratique du fait que Dieu, le Principe infini, a toujours soin de Sa création.
La loi spirituelle qu'indique le titre de cet article a été démontrée d'une manière convaincante dans l'application de la Science Chrétienne. Notre Leader communiqua d'abord cette vérité à quelques chercheurs qui désiraient la vérité qu'elle-même avait découverte; mais cette participation ne diminua point la Vérité. Celle-ci demeura intacte. Puis en nombre toujours plus grand, d'autres humains eurent part à ce trésor, si bien qu'aujourd'hui dans toutes les nations civilisées, les avenues établies par Mrs. Eddy servent à nourrir le monde. Partout on fait usage de cette Science dont résultent des guérisons physiques, morales et financières; mais cet emploi général ne diminue en aucune façon la vérité divinement révélée, qui reste éternellement complète. Tôt ou tard à coup sûr le monde entier mangera, « et il y en aura de reste. »