Si l'on a compris que la vue est essentiellement une faculté mentale, la question suivante: Où notre vision se reposera-t-elle?— prend une importance capitale. Dans un certain sens, nous voyons ce que nous pensons. Ou bien nos pensées demeurent dans l'Entendement, ou bien elles s'attachent à la matière; or ce sont là des opposés dont l'un est réel, l'autre faux. Dans Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mrs. Eddy écrit (p. 264): « Où les regards s'attacheront-ils, sinon au royaume insondable de l'Entendement? Nous devons porter nos regards là où nous voudrions diriger nos pas, et agir comme possédant tout pouvoir de Celui en qui nous avons notre être. »
Unir consciemment son penser à l'Entendement divin, c'est faire pénétrer dans l'existence humaine la capacité toujours croissante de faire ce qui est juste, bon, essentiel au bien-être de l'homme. C'est comprendre et reconnaître que Dieu seul a créé l'homme et le soutient, qu'Il est la source inépuisable suppléant à tout. S'attacher à Dieu, c'est être constamment guidé, sur la route allant des sens à l'Ame, par une lumière rayonnante qui dissipe les illusions sombres ou terribles et fait disparaître les obstacles du penser mortel. A l'heure de ce qui semble être un danger ou des calamités soudaines, la vision claire et calme dont la source est en Dieu nous donne l'équilibre mental et la protection. En un mot, demeurer consciemment dans l'Entendement divin, patrie éternelle de l'homme, c'est reconnaître la toute-puissance et l'omniprésence de Dieu et se trouver ainsi prêt à dominer n'importe quelle situation.
La Bible nous donne à ce sujet de nombreuses illustrations faites pour nous aider. Qu'elle était admirable la foi complète des anciens prophètes, leur confiance en Dieu! Lorsque les Ammonites et d'autres peuples vinrent en grand nombre attaquer Juda, les Écritures rapportent que le roi Josaphat fit cette prière: « O notre Dieu, n'exerceras-tu pas ta justice contre eux? Car nous sommes sans force en face de cette nombreuse multitude qui s'avance contre nous et nous ne savons que faire; mais nos yeux se tournent vers toi. » Il compta entièrement sur Dieu et sa victoire fut merveilleuse.
Quand Paul et Silas furent jetés en prison et qu'on leur serra les pieds dans des entraves, ils ne se laissèrent ni effrayer ni décourager, et ne perdirent pas leur temps à considérer leur situation. Ils se mirent à prier; ils chantèrent les louanges de Dieu, sachant bien que Sa présence et Son pouvoir rédempteur étaient avec eux. Pendant que s'élevaient leurs actions de grâces, leurs liens tombèrent et les portes de la prison s'ouvrirent. Exprimé par leur penser spirituel actif qui montait vers Dieu, le pouvoir de l'Entendement avait brisé les entraves humaines et libéré les apôtres.
Lorsque dans un lieu désert, Jésus demanda aux disciples ce qu'ils avaient pour nourrir cinq mille personnes, il ne resta pas interdit devant les maigres provisions offertes: cinq pains et deux poissons! Il prit ces offrandes, les bénit, et les donna aux disciples pour les distribuer à la foule. Tous furent rassasiés, et les morceaux qui restaient remplirent douze corbeilles. Ainsi le Maître démontra que les richesses infinies de Dieu sont une source toujours prête, une réalité présente. Par ses préceptes et ses actes, Jésus montra la manière de résoudre tous les problèmes affectant l'humanité. Quand l'erreur se présentait à lui, il écartait le sens matériel des choses et cherchait la cause spirituelle. Sa conscience s'élevait plus haut que les limitations, la pénurie, les bornes de tout genre, pour entrer dans le domaine de l'Esprit où règnent la liberté sans limites, l'activité et la puissance. Jésus voyait l'homme en réalité comme image et ressemblance de Dieu, parfait comme le Père; jamais il n'acceptait les apparences contraires à ce fait. Aussi pouvait-il instantanément guérir les malades et ressusciter les morts.
Si nos démonstrations du pouvoir divin semblent être différées ou variables, ne serait-ce point parce que notre regard ne s'attache pas exclusivement à la réalité divine? S'agit-il de la guérison d'un mal physique, on est parfois tenté de surveiller les symptômes pour voir s'il y a progrès, ce qui revient à faire d'une fausse croyance une réalité. Par contre, élever la pensée jusqu'à la contemplation intelligente du Dieu parfait et de l'homme, Sa réflexion parfaite, qui sont à jamais inséparables et immuables, ceci chasse la fausse croyance et en fait disparaître la manifestation visible.
Les uns sont peut-être enclins à s'apitoyer sur leur propre sort, acceptant la suggestion d'après laquelle leur fardeau serait trop lourd. D'autres se montrent impatients, ou cèdent à l'indifférence et à l'inertie, parce que leur démonstration semble beaucoup tarder. Ces suggestions sont les méthodes de l'entendement mortel qui cherche à détourner la pensée de sa vraie base — l'Esprit — pour retarder la démonstration.
Il se peut aussi qu'une croyance de chômage, de pénurie ou de crise, semble mesmériser le mortel, qui croit trouver dans la matière la source de ces maux et leur remède. Si nous reconnaissons que Dieu seul soutient réellement l'homme; si nous obéissons à Sa loi,— les écluses des cieux s'ouvriront pour répandre des bénédictions sans nombre. Dieu nous donne Ses idées spirituelles, dont l'application dans la vie journalière ouvre les canaux par lesquels afflue le bien. Dieu donne; l'homme reçoit. Dieu multiplie; l'homme reflète et exprime. Dieu exige que nous nous attendions au bien. Dans la mesure où nous satisfaisons à cette demande, nous voyons le bien s'exprimer en abondance dans notre vie.
Avoir la vision véritable, c'est refléter l'Entendement toujours présent qui sait tout; et ceci constitue un rempart assuré contre le mal quel qu'il soit. Avoir la vraie vision, c'est sentir la présence de l'Amour parfait qui inclut tout et bannit la crainte; c'est comprendre l'omnipotence, l'omniaction et la surabondance du bien.
