Depuis l'âge de cinq ans jusqu'à dix-huit ans, j'avais tâché d'apprendre à lire; mais, en raison d'un état nerveux ingouvernable, à ma dix-huitième année je ne savais lire que la moitié du livre que l'on donne aux élèves de troisième année. Par conséquent, j'avais littéralement faim et soif de quelque chose qui m'occupât la pensée. J'étais lasse de tous les docteurs et de tous les charlatans qui s'étaient intéressés à mon cas, et je demandais qu'on me laissât tranquille pour jouir de la vie comme je l'entendais. Aussi, quand une voisine nouvellement installée vint me causer de la Science Chrétienne, je souhaitai qu'elle s'en retournât chez elle, car je ne voulais pas en entendre parler; et je le lui dis franchement. Mais elle ne se laissa pas rebuter. Je consentis donc à l'accompagner un beau dimanche matin, lorsqu'elle m'invita avec bienveillance à assister à un service d'une église de la Science Chrétienne, pensant que lorsqu'elle verrait le mal que cela lui donnerait de m'emmener quelque part, elle me laisserait volontiers tranquille; et j'avais fermement résolu qu'il en serait ainsi.
Nous arrivâmes en retard à l'église ce matin-là; on lisait le passage de la Bible lorsque nous nous assîmes, et voici les paroles qui m'accueillirent: “J'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger.” Moi aussi, j'avais faim,—j'avais besoin de penser à quelque chose,—et je me demandais si je pourrais aussi être nourrie.
De retour chez moi, je tâchai de me souvenir du sujet de la Leçon-Sermon, car elle m'avait semblé très bonne; mais je me rappelai seulement qu'on avait lu des versets de la Bible et des passages du livre de texte de la Science Chrétienne; aussi désirai-je avoir le livre de texte: Science et Santé avec la Clef des Écritures, par Mary Baker Eddy, bien que je ne pusse le lire. J'en empruntai donc un exemplaire. Puis, en le parcourant, je cherchai avec persistance une phrase que je pusse lire, jusqu'à ce que j'eusse trouvé les trois suivantes à la page 113: “Dieu est Tout-en-tout. Dieu est le bien. Le bien est l'Entendement.” Alors, je me souvins que quelqu'un m'avait dit que la Bible enseigne que l'homme est fait à l'image et à la ressemblance de Dieu. Ensuite, sans avoir la moindre notion de l'importance de ce que je faisais, je réfléchis en revenant sans cesse à ce qui suit: Si Dieu est Entendement, Il sait toutes choses; et si l'homme a été créé à l'image et à la ressemblance de Dieu, il sait lire,—donc, je sais lire. Il était environ quatre heures et demie ce même dimanche lorsque je pris la Bible et Science et Santé et que je découvris que je pouvais facilement les lire. Il me semblait qu'on me disait ce qu'était chaque mot et ce qu'il signifiait.
Après cela, je m'abstins pendant bien des années de lire autre chose que la Bible et les œuvres de Mrs. Eddy, craignant de perdre le sens spirituel de ce que renferment ces livres et par conséquent ma faculté de lire. Ensuite je pris courage, et je lus tout ce qui me tomba sous la main,—astronomie, histoire, littérature anglaise, etc. Deux des meilleurs professeurs de la ville où j'habitais s'intéressaient fort aux progrès que je faisais, si bien qu'ils m'instruisirent gratuitement durant deux ans et demi sur des sujets traités dans les écoles; et puis, sans que j'eusse fait d'autres études, il me fut permis d'entreprendre le travail avec l'Université de Chicago, où j'ai déjà acquis des crédits sur douze sujets différents.
J'ai bien lieu d'être reconnaissante envers Mrs. Eddy de nous avoir montré que la Bible enseigne que Dieu est tout-puissant et toujours présent d'une manière vivante et active, et de nous avoir fait connaître le grand bien que Christ Jésus fit à l'humanité lorsqu'il révéla, “la pensée du Seigneur,” par l'expression de ses pensées d'amour et de guérison. Saint Paul nous exhorte d'avoir aussi ce même Entendement que “Jésus-Christ a” eu, et Mrs. Eddy nous montre le moyen de vraiment obéir à l'exhortation de saint Paul.
Topeka, Kansas, É.U.A.
