Nul penseur sincère ne saurait douter que le Dieu infiniment sage ne soit capable de gouverner avec sagesse Sa propre création; et, inversement, que l'homme, l'idée de la sagesse infinie, ne soit capable de se laisser gouverner par le créateur infiniment sage. Supposer que Dieu est un tyran, qui fait souffrir et périr les mortels par ses caprices, ce serait introniser et adorer un diable. Croire que la sagesse divine sanctionne et crée un seul élément qui n'a pas l'empreinte de sa nature tout à fait sage et sainte, c'est séparer Dieu de Sa propre création.
Pendant longtemps on a cru que Dieu envoie des épreuves à Ses enfants afin de les punir, et qu'ils ne seraient prêts à entrer dans Son royaume que s'ils étaient affligés et châtiés avant de chercher à être admis dans les demeures célestes. Mais cette théorie se dissipe rapidement dans les ombres; car il n'est pas à supposer que Dieu, qui est Amour, punisse Sa propre création, non plus que Ses idées, pour avoir fait ce qu'elles ne pouvaient éviter. Il est vrai, assurément, que le sens erroné a besoin d'être bouleversé et dérouté avant de céder et de faire place à ce qui est réel; mais ceci n'a lieu qu'afin que le mal fasse place au bien, l'ignorance à l'intelligence, la maladie à l'harmonie et que la lumière se substitue aux ténèbres. Pareil procédé nous donne certainement lieu, non de regretter, mais plutôt de nous réjouir, et c'est ce qu'a voulu dire saint Paul dans sa seconde épître aux Corinthiens lorsqu'il écrivit: “C'est pourquoi je me complais dans les faiblesses, dans les outrages, dans les détresses, dans les persécutions, dans les afflictions extrêmes pour Christ, car, lorsque je suis faible, c'est alors que je suis fort.”
Dès qu'on se voit en tant qu'homme, qui est l'image et la ressemblance de son créateur, on ne se trouve plus sur une plateforme bouleversée ou susceptible de l'être, mais sur un fondement spirituel, qui ne se meut pas et ne peut être mû. Cette base spirituelle est symbolisée dans les Écritures par un roc, contre lequel les vents et les vagues de la matérialité ont donné en vain avec violence.
Il est impossible de comprendre la grandeur ou la signification de la création tant qu'on la considère du point de vue matériel. Pouvons-nous comprendre un tableau si nous le tenons sens dessus dessous et qu'ensuite nous persistions à trouver une interprétation sens dessus dessous, que nous avons imaginée nous-mêmes? Voilà ce qu'à tout moment le sens matériel s'efforce de faire. Et les mortels qui considèrent la création d'un point de vue matériel sont complices de l'erreur, proportionnellement à leur foi en la matérialité. A la page 301 de Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mrs. Eddy écrit: “La délusion, le péché, la maladie et la mort résultent du faux témoignage du sens matériel, qui, d'un point de vue supposé, en dehors de la distance focale de l'Esprit infini, présente une image renversée de l'Entendement et de la substance où tout est inverti.” Et puis, à la page 207 elle dit: “Les faits spirituels ne sont pas invertis; le contraire, la discorde, qui ne ressemble en rien à la spiritualité, n'est pas réelle.”
L'entendement mortel, habitué à envisager la création de son soi-disant point de vue matériel, s'efforce en tous points de faire appuyer la validité de sa prétention par de faux témoins; cependant on n'a jamais appris que ces témoins aient vraiment attesté un seul fait concernant Dieu et l'homme; ils ne pourraient pas non plus se tenir un seul moment devant le tribunal de la sagesse et de l'intelligence divine. Pourquoi alors, nous qui sommes les travailleurs éclairés du vingtième siècle, nous contenterions-nous plus longtemps d'accepter le rapport matériel avec sa traînée d'absurdités et de contradictions,— le péché, la maladie et la mort? Le point de vue spirituel est Dieu, en tant qu'Esprit, et l'homme à l'image et à la ressemblance de son créateur. De ce point de vue, on verra les idées spirituelles remplacer les croyances matérielles. Ainsi l'homme n'est plus considéré comme matière renfermant un entendement, mais comme une expression belle et éternelle de l'Entendement divin, auquel la matière et le sens matériel ne participent pas.
A la page 475 de Science et Santé nous lisons ceci: “L'homme est idée, l'image de l'Amour; il n'est pas physique. Il est l'idée composée de Dieu, y compris toutes les idées justes; le terme générique pour tout ce qui reflète l'image et la ressemblance de Dieu; l'identité consciente de l'être telle qu'elle se révèle dans la Science, dans laquelle l'homme est le reflet de Dieu, ou Entendement, et par conséquent est éternel; ce qui n'a pas d'entendement séparé de Dieu; ce qui n'a pas une seule qualité qui ne dérive de la Divinité; ce qui ne possède ni vie, ni intelligence, ni pouvoir créateur qui lui soient propres, mais qui reflète spirituellement tout ce qui appartient à son Créateur.” Connaître Dieu en tant qu'Esprit c'est aussi connaître l'homme en tant que spirituel; car il est évident qu'un prétendu homme matériel ne peut avoir aucune ressemblance avec Dieu, qui est Esprit, puisque l'Esprit et la matière sont des contraires. L'aveu et la démonstration de la cause spirituelle et de l'effet spirituel produisent la seule conception juste de la création, conception qui, lorsqu'elle porte ses fruits, ouvre les portes du ciel à celui qui est las de chercher Dieu.
La nouvelle et véritable vue de l'Esprit et de ses créations vient graduellement au mortel, accoutumé, comme il l'est, à accepter en tant que réelle la croyance matérielle renversée et ses fausses images de l'Esprit. Grâce à la révélation et à l'expérience, l'ancien ordre passe, et le nouvel homme — l'homme réel — se révèle comme étant la seule conscience tangible et substantielle. Saint Paul écrit: “Ses perfections invisibles, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l'œil depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages. Aussi sont-ils inexcusables, parce que, tout en connaissant Dieu, ils ne lui ont pas donné la gloire qui appartient à Dieu, et ils ne lui ont pas rendu grâces; mais ils se sont égarés dans leurs vains raisonnements, ... ils ont remplacé la gloire du Dieu incorruptible par des images qui représentent l'homme corruptible, des oiseaux, des quadrupèdes, des reptiles.”
La responsabilité de nous tenir du côté droit, du côté spirituel, repose sur nous. Tel est le premier pas qu'il nous faut faire. Le second consiste à jeter le filet du côté droit, et d'en recueillir le contenu. Le troisième consiste à participer du fruit de nos labeurs, en sorte que nous puissions nous fortifier. Alors, lorsque nous nous serons ainsi raffermis grâce aux grands bienfaits de l'Amour divin, nous pourrons sans crainte apporter la vérité à nos semblables, sachant que le bien que nous prenons est le bien que nous avons éprouvé nous-mêmes, et nous nous rendrons compte que puisqu'il nous est venu de Dieu, c'est de cette source qu'il va vers notre patient.