Le Jour des Actions de Grâces, qui est une institution annuelle, se répand rapidement au-delà du continent américain, et devient, on peut le dire, un événement international. Les Scientistes Chrétiens attendent la saison des Actions de Grâces avec une grande joie. Ils sont toujours prêts à rendre grâce, car ils ont bien lieu d'être reconnaissants; et l'une des premières qualités qu'un Scientiste Chrétien commence à comprendre, c'est la gratitude. Le terme "gratitude" dérive du mot latin gratus, qui signifie "agréable;" et assurément, il est très agréable de sentir que l'on se conforme à la nature divine, grâce à laquelle l'homme, crée à l'image et à la ressemblance de Dieu, reflète la santé, l'ordre et la gloire de son créateur.
La Découvreuse et Fondatrice de la Science Chrétienne, Mary Baker Eddy, nous a donné maints précieux joyaux de la pensée touchant les actions de grâces. Aux pages 230–232 de Miscellaneous Writings, elle fait l'image d'un très joyeux Jour d'Actions de Grâces, auquel quatre générations étaient assemblées à dîner pour célébrer cette fête nationale. La table était garnie de bonnes choses; un heureux groupe y était réuni pour jouir du repas; il y avait dans toutes les actions un esprit de bonté et de gratitude. Elle nous dit: "C'était un groupe magnifique! pour lequel il aurait suffit d'une toile et des coups de pinceaux d'un artiste pour en faire un tableau touchant, tendre et magnifique."
Attendu que tout ce que Mrs. Eddy écrit émane de sa profonde expérience spirituelle, nous comprendrons facilement que l'objet de cet article n'est pas uniquement de représenter l'image matérielle d'un dîner du Jour d'Actions de Grâces. Il a semblé à l'auteur de ces lignes qu'il décrit sommairement cette fête spirituelle de la Vérité et de l'Amour à laquelle se rassemblent annuellement les Scientistes Chrétiens pour rendre grâce. Ils relatent à ce service les fruits du ciel, l'harmonie, que leur Père-Mère, Dieu leur a donnés de Son trésor infini de bonté. Au cours de l'année ces fruits ont mûri dans l'expérience individuelle de chacun; et quoique quelques-uns d'entre ces fruits aient déjà été partagés avec l'auditoire des réunions auxquelles se donnent chaque semaine des témoignages, ils ne perdent pas pour cela de leur valeur, mais ils continuent à servir de nourriture et de soutien.
Il peut se faire qu'à un service d'Actions de Grâces un des assistants ait, pour la première fois, cherché un refuge dans une église de la Science Chrétienne. Il sera peut-être pauvre, misérable ou craintif, mais, grâce à la souffrance, il se sera défait du sot orgueil et de la convoitise de la chair. Peut-être ses jours ont-ils été pleins de luttes et de labeurs, et peut-être le fruit de ses expériences lui semble-t-il avoir été irritant et désagréable. Pour ceux qui sont dans cette situation les bonnes choses sont accessibles. Si tout Scientiste Chrétien a démontré en partie la substance du bien, il y en aura plus qu'assez pour cet étranger.
Quant aux fragments, ne les ramassera-t-on pas et ne les apportera-t-on pas à la pensée affamée et au foyer vide d'où est sorti le chercheur pour faire son pèlerinage? Le Jour des Actions de Grâces est certainement un jour par excellence. L'âge avancé rivalisera avec l'âge moyen, et la jeunesse avec l'enfance, pour louer la bonté et la beauté du créateur infini et pour s'en réjouir. Ce n'est pas sur les choses matérielles de la vie que l'on appuie dans les témoignages, mais sur les riches expériences spirituelles qui ont rendu les choses de Dieu tangibles pour la conscience humaine et ont tellement rempli la pensée qu'elle déborde d'amour et de gratitude.
"Plus d'un était occupé à savourer les mets succulents," dit encore Mrs. Eddy dans son article; et c'est là assurément une insinuation à l'adresse de tout membre de l'église de la Science Chrétienne. La bonne qualité dans notre mode de penser — la richesse de notre pensée — est une chose essentielle si nous voulons satisfaire l'appétit du voyageur affamé. Que penserait-on de celui qui irait, simplement par politesse, faire visite à des amis le Jour des Actions de Grâces, et qui ferait à cette occasion un éloquent discours à leur dîner? Pareil procédé ne ferait-il pas entièrement disparaître l'essence de gratitude?
On se rencontre au service d'Actions de Grâces de la Science Chrétienne avec un véritable esprit de communion et d'amour. Personne n'est en dehors du rayonnement de la joie; chacun en ressent l'influence vivifiante. Cette fête, à laquelle se réunissent plusieurs générations, est en vérité une fête de l'Esprit, pleine de bons fruits que l'on apporte de bon gré de l'éternel trésor de l'expérience. Il a fallu consacrer beaucoup de temps et travailler péniblement pour cultiver certains de ces fruits. On a dû mettre les petites pousses vertes à l'abri des oiseaux des airs et des bêtes de la terre. Il a parfois été nécessaire de les protéger contre les rafales glaciales de la persécution; d'autres fois, il a été urgent de les mettre à l'abri des rayons brûlants du succès. Mais l'habile jardinier, connaissant bien ses devoirs, savait au juste quand et comment il fallait protéger la précieuse semence. Il a travaillé péniblement dans la vigne de son Seigneur, et le voici maintenant qui emporte ses gerbes.
Puissions-nous nous rassembler dans nos églises le Jour des Actions de Grâces, y apporter de bonnes et riches offrandes et, selon l'Épître de saint Paul à Timothée, mettre notre espérance "en Dieu, qui nous fournit toutes choses en abondance pour que nous puissions en jouir." Puissent les Scientistes Chrétiens être "prompts à donner et à faire part de ce qu'ils possèdent." Si pareil esprit règne au service d'Actions de Grâces, nous serons vraiment bénis abondamment, et des accords d'éloquence et d'harmonie se répandront autour de la terre et répéteront le message angélique: "Ne craignez point! Car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera pour tout le peuple la cause d'une grande joie."
