Mes trajets quotidiens en train et en métro pour aller et venir du travail dans une grande ville des Etats-Unis ont souvent constitué pour moi une étude des contrastes. J’observe fréquemment des gens qui lisent tranquillement ou qui partagent paisiblement un espace commun, et parfois des musiciens talentueux qui jouent d’un instrument. Mais d’autres fois, c’est l’image plus triste et plus décourageante des troubles mentaux que je vois.
Prendre les transports en commun et parcourir les souterrains du métro nous offrent des occasions privilégiées de voir notre prochain sous un jour spirituel. Après des années d’étude de la Science Chrétienne, et notamment d’une exploration approfondie de la Bible et du ministère de guérison de Christ Jésus, j’en suis venue à comprendre que se tourner vers Dieu par la prière est vital dans les situations difficiles. Les efforts humains bien intentionnés ne sont pas toujours couronnés de succès ni durables. Des plans spécifiques pour s’attaquer à des problèmes tels que la criminalité, la pauvreté ou la maladie mentale peuvent être utiles, mais ils n’apportent généralement pas la transformation spirituelle dont l’humanité a si désespérément besoin. J’ai constaté, en revanche, que reconnaître silencieusement que l’individualité de chacun de nous est donnée par Dieu, et que nous sommes inséparables de Dieu – la seule véritable source ou Père-Mère, l’Amour divin – élève l’atmosphère mentale.
Mary Baker Eddy, qui a étudié assidûment la Bible et les œuvres de Jésus tout au long de sa remarquable vie, a écrit dans le livre d’étude de la Science Chrétienne que : « …il faut que le moi humain soit évangélisé. » (Science et Santé avec la Clef des Ecritures, p. 254)
L’évangélisation, c’est apprendre les enseignements des Evangiles, qui indiquent d’ailleurs que l’un des enseignements fondamentaux de Jésus était que le royaume des cieux est non seulement proche, mais qu’il est au milieu de nous. C’est pourquoi les lecteurs de Science et Santé sont encouragés à se souvenir de cet enseignement et à l’accepter. Mary Baker Eddy ajoute : « Il est […] possible d’avoir cette conscience spirituelle dès maintenant. » (p. 574) Reconnaître que le royaume des cieux est au milieu de nous est possible pour toute l’humanité, à tout moment, et peut apporter la guérison à des situations difficiles.
En trois occasions différentes, alors que je me rendais au travail en métro express (ce qui signifie qu’il y a moins d’arrêts, mais aussi moins d’occasions de descendre du train), j’ai ressenti la nécessité impérieuse d’une lumière spirituelle. La première fois, alors que j’étais assise et que je priais, ressentant la paix et la présence de Dieu pour moi et pour tous les passagers du métro qui était bondé, une bagarre a soudain éclaté devant moi : un homme en frappait un autre à coups de poing. Tout le monde s’est rapidement écarté, moi y compris.
En me levant d’un bond, comme si je me réveillais d’un rêve, j’ai crié d’une voix forte : « Non, non, non ! » Rétrospectivement, c’était une prière simple mais immédiate pour protester contre l’agression et la discorde qui n’avaient pas leur place dans le royaume des cieux paisible auquel je venais de rendre témoignage pour nous tous. En m’éloignant, je me suis surprise à appeler tout le monde au calme. Là où j’habite, la règle générale dans les transports en commun est plutôt de se mêler de ses affaires. Mais je savais que cette exigence de calme n’émanait pas de moi personnellement, mais qu’elle venait avec l’autorité du Christ pour réprimander tout ce qui n’est pas semblable à Dieu, le bien. Le wagon de métro où régnait le tapage est devenu calme, et le tumulte a cessé. Nous avons continué notre trajet sans autre interruption.
La deuxième fois, j’étais assise lorsqu’un homme, apparemment sous l’emprise de stupéfiants, est entré dans le wagon du métro pour mendier. J’ai fermé les yeux et j’ai essayé de prier, mais honnêtement, j’étais bouleversée par ce que je voyais et j’aurais aimé avoir la même hauteur de vue spirituelle que les apôtres Pierre et Jean qui avaient guéri un homme boiteux qui demandait de l’argent à la porte du Temple.
Lorsque j’ai ouvert les yeux, l’homme était agenouillé juste devant moi. Un passager à proximité lui a tendu de l’argent, et tandis que je lui offrais à mon tour de la nourriture tirée de mon sac, il s’est levé et m’a directement lancé une série d’injures. J’ai immédiatement compris que, consciemment ou non, il réclamait une nourriture spirituelle et que puisque je suis une disciple de Jésus, il me revenait de répondre à cet appel.
La Leçon biblique de la semaine, qui se trouve dans le Livret trimestriel de la Science Chrétienne et que j’avais étudiée dans le train, avait pour sujet : « L’homme ». Elle mettait en lumière que Dieu nous a tous créés à Son image et à Sa ressemblance. Sans réagir à ce que disait cet homme, j’ai levé les yeux vers lui et j’ai déclaré haut et fort, de sorte que tout le monde entende : « Vous êtes un homme bon. » Il a cessé de proférer des insultes et il a répété : « Je suis un homme bon. » Il l’a répété à haute voix plusieurs fois en parcourant le wagon, et il est descendu du métro à l’arrêt suivant. J’ai continué de chérir la véritable nature entièrement bonne de cet homme, créé à l’image de Dieu, lorsque j’ai pensé à lui les jours suivants.
Enfin, plus récemment, je me trouvais dans une rame de métro lorsqu’une femme s’est mise à proférer des injures. On ne savait pas si elles visaient quelqu’un en particulier, mais à mesure que le trajet avançait, son comportement devenait plus agressif et je sentais la peur envahir ma pensée. J’ai vite compris que la tâche consistait à maîtriser ma propre pensée et à ne pas laisser la paix être compromise par ce comportement.
La Science Chrétienne enseigne que Dieu, le créateur de tout, est l’Entendement infini et immortel. Et dans Science et Santé, on peut lire : « La transmission de la maladie ou de certains traits caractéristiques de l’entendement mortel serait impossible si ce grand fait de l’être était compris, savoir que rien d’inharmonieux ne saurait pénétrer l’être, car la Vie est Dieu. » (p. 228) J’ai également été inspirée par la rapidité avec laquelle Jésus a démontré la domination dans des situations où des personnes semblaient souffrir de troubles mentaux.
J’ai reconnu pleinement que Dieu, l’Amour divin, était la seule présence. J’ai vu que la bonté, la loi et l’amour de Dieu emplissaient tout l’espace, y compris ma conscience et l’endroit même où semblait se trouver le problème. Je priais ainsi depuis moins d’une minute lorsque j’ai pris conscience que le silence était revenu dans la rame. Je suis descendue à mon arrêt sans autre perturbation.
Lorsque nous reconnaissons que le royaume des cieux est vraiment proche, nous incluons notre prochain dans ce royaume partout où nous allons. Quelle bénédiction !