« Je vais prendre une tisane à la camomille avec trois quartiers de citron, pas des rondelles ! et un peu de cet édulcorant vert. »
Tandis que j’entendais, malgré moi, une femme assise à la table voisine donner sa commande détaillée au serveur, cela m’a rappelé certaines de mes préférences, lesquelles, comme je m’en suite vite rendu compte, n’étaient pas quantité négligeable. Je préférais, par exemple, le chocolat noir au chocolat au lait, le cashmere à la laine, les grands chiens aux petits, le tennis au basket, et cette liste ne cessait de s’étirer dans mon esprit. Et puis je me suis demandé quand exactement j’étais devenu aussi tranché à propos de tout !
Etait-ce mal d’avoir des goûts personnels ? Ne pouvait-on y voir le résultat naturel et inévitable de toute expérience de vie personnelle et de toute individualité ? Pourtant, j’ai remarqué que nos préférences peuvent cacher un piège. Elles risquent d’étouffer la créativité et la spontanéité, et de nous rendre moins réceptifs à l’inspiration qui vient de Dieu. Lorsque nos pratiques habituelles et nos inclinations personnelles prennent de plus en plus de place dans nos pensées et nos actes, elles nous éloignent du Premier Commandement, « Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face » (Exode 20:3), au profit d’une existence laissée à elle-même, sous l’influence de nombreux petits « dieux ». Cela se vérifie tout particulièrement quand nos préférences proviennent de l’orgueil, de l’ambition, de la crainte, de la frustration, de la volonté opiniâtre, ou bien du désir d’influencer les autres. Ce qui pourrait d’abord passer pour une fantaisie innocente risque alors de nous détourner de l’Entendement divin, Dieu, et de nous enchaîner à la croyance à une existence matérielle.
Plus nous remplissons notre vie avec des préférences, plus celles-ci peuvent commencer à vivre leur propre vie. Au contraire, l’apôtre Paul conseillait aux chrétiens de se laisser guider dans leurs choix par leur amour pour Dieu : « Mangez de tout ce qu’on vous présentera, sans vous enquérir de rien par motif de conscience... Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, soit que vous fassiez quelque autre chose, faites tout pour la gloire de Dieu. » (I Corinthiens 10:27, 31)
Nous n’avons pas toujours été aussi exigeants, n’est-ce pas ! Lorsque nous étions enfants, nous étions à bien des égards plus flexibles, ouverts aux idées nouvelles, et nos choix étaient naturels et simples. A un moment de notre développement, nous avons remplacé en partie cette spontanéité et cette ouverture d’esprit par la familiarité et le confort d’un mode de vie plus convenu. Pourtant, beaucoup d’entre nous désirent ardemment retrouver la simplicité et l’innocence d’une vie centrée sur l’Esprit, une vie dans laquelle tout ce qu’ils ont besoin de savoir, de dire ou de faire leur est révélé par la prière, directement de Dieu, et dans laquelle ils ne sont pas contraints par une histoire matérielle, mais jouissent en permanence de la totalité présente de leur héritage spirituel. « La bonne volonté de devenir semblable à un petit enfant et d’abandonner l’ancien pour le nouveau, écrit Mary Baker Eddy, dispose la pensée à recevoir l’idée avancée. Le bonheur d’abandonner les fausses limites et la joie de les voir disparaître, voilà la disposition d’esprit qui aide à hâter l’harmonie ultime. » (Science et Santé avec la Clef des Ecritures, p. 323)
Retrouver l’innocence et la confiance de l’enfant n’est pas faire un pas en arrière, mais un bon en avant. La tâche n’est pas nécessairement ardue, car ces qualités nous sont naturelles et innées, puisque nous sommes les enfants de Dieu. Elles émanent de notre Père-Mère Dieu, aussi avons-nous l’assurance qu’elles nous inspireront toujours des pensées et des actions justes. Mais nous ne pourrons jamais exprimer dans la vie notre identité et notre pureté spirituelles véritables sans manifester en même temps l’humilité, la grâce et la droiture qui nous viennent de Dieu et guideront naturellement nos désirs et nos décisions. Christ Jésus dit à ses disciples : « Si vous ne vous convertissez et si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. C’est pourquoi, quiconque se rendra humble comme ce petit enfant sera le plus grand dans le royaume des cieux. » (Matthieu 18:3, 4)
Il y a quelques années, ma femme et moi avons décidé de déménager en Californie à la suite d’une proposition de travail. Au fil des événements, nous avons appris que nous n’avions que trois jours pour trouver notre nouvelle maison. En nous préparant pour ce week-end intense consacré à la recherche d’une maison, nous avons fait la liste de tous les critères dont nous pensions ne pas pouvoir nous passer. La liste était exhaustive ! Nous l’avons communiquée à un agent immobilier local avant de déménager, dans l’espoir que cette personne pourrait repérer les maisons qui répondraient à tous nos désirs.
Après notre arrivée à San Francisco, nous avons passé deux jours à faire des visites avec l’agent immobilier, pour nous rendre compte finalement qu’aucune des maisons visitées ne réunissait tous nos critères. Le deuxième soir, tandis que je luttais contre l’anxiété et le découragement, l’idée m’est venue que la maison qu’il nous fallait était non seulement disponible, mais nous attendait ! Alors que je priais pour approfondir cette idée, la panique et la crainte de ne plus disposer que d’un seul jour pour trouver une maison, ont fait place au calme et à la confiance. Le lendemain, ma femme et moi avons visité une maison qui, bien qu’elle ne réponde à aucun de nos critères initiaux, nous a tout de suite semblé convenir parfaitement à nos besoins – et cela s’est confirmé !
A présent, je prends l’habitude de repérer et d’examiner rapidement mes préférences à mesure qu’elles se présentent au cours de la journée. Quand je réfléchis aux choix que j’aurais, en d’autres temps, faits de façon instinctive, je deviens plus humble, plus réceptif aux directives de Dieu, plus confiant dans mes décisions, et je reconnais plus clairement mon identité en tant que Son enfant spirituel. Je me sens également plus épanoui, mes activités se déroulent de façon plus harmonieuse, et parfois avec une économie de temps et d’argent.
Lorsque nous acceptons, et que nous sommes même désireux, de renoncer à nos préférences les plus chères pour nous laisser guider par la sagesse de Dieu, nous nous sentons soulagés d’un grand poids, au profit d’une simplicité et d’un bien-être rafraîchissants. Et comme Dieu, l’Amour divin, n’a que de bonnes choses en réserve pour tous, nous n’avons jamais à craindre de manquer de quoi que ce soit en nous fiant aux directives divines, et nous pouvons être certains d’avoir toujours tout ce dont nous avons besoin, au moment où nous en avons besoin.
