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Comment pourrais-je pardonner ?

Tiré du Héraut de la Science Chrétienne de mai 2022


Je me suis assise à l’extérieur sur un banc, complètement effondrée après ce que je venais d’entendre.

Un jeune homme, que j’avais rencontré par hasard, venait de me raconter que ses grands-parents, qui avaient fait partie des forces rebelles, avaient tué mon jeune frère plus de cinquante ans auparavant, ils avaient détruit la maison de mon enfance et dévasté nos vies. Tous les souvenirs atroces remontaient à la surface : je me suis revue toute petite, ainsi que toute la violence dont j’avais été témoin. J’étais submergée par le chagrin, la rage, et une haine dont j’ignorais qu’elle pouvait être encore aussi violente. Cet épisode de ma vie, que j’avais essayé de refouler pendant tant d’années, était remonté à la surface et j’y étais maintenant directement confrontée.

Alors que nous parlions ce jour-là, réalisant tout à coup qui j’étais, le jeune homme était abasourdi. Je suis née dans une région d’Afrique colonisée par les européens. Mon père, un ingénieur blanc, avait été affecté à une entreprise au moment où les forces rebelles militaient pour l’indépendance du pays. Nous nous trouvions au milieu de ce conflit. Lorsque les troubles ont commencé, les forces rebelles ont envahi et vandalisé notre petite ville, violant ou massacrant presque tout le monde sur leur passage, et forçant les derniers résidents blancs, dont ma famille, à fuir avec uniquement les vêtements qu’ils portaient sur eux.

Ce n’est que bien des années plus tard, lorsque j’ai rencontré l’homme qui allait devenir mon mari, que j’ai commencé à me libérer de l’angoisse qui me hantait en permanence et dont je n’avais pas forcément conscience. Il était scientiste chrétien, et, aussi bien lui que sa mère, une praticienne de la Science Chrétienne, avaient une approche spirituelle de la vie qui m’attirait. Je l’ai adoptée et mise en pratique pour moi-même. Dieu et la reconnaissance de Sa bonté et de Sa totalité étaient au cœur de notre vie ainsi que la perfection et la nature sans péché de Sa création.

Durant les décennies qui ont suivi, j’ai eu de nombreuses guérisons grâce à cette vision spirituelle de l’existence. Mais je n’avais pas encore totalement surmonté les événements de mon enfance, qui m’avaient plongée dans la haine, le ressentiment et dans cet état d’esprit qui dit : « Pourquoi moi ? »

Après avoir entendu la confession de ce jeune homme, je me suis agenouillée mentalement et j’ai demandé à Dieu de m’aider. Comment pourrais-je retrouver la paix et pardonner ?

J’avais emporté avec moi pour mon voyage un exemplaire du livre d’étude de la Science Chrétienne, Science et Santé avec la Clef des Ecritures de Mary Baker Eddy. Lorsque plus tard ce jour-là, je l’ai ouvert au hasard, mes yeux sont tombés sur la définition de « Gethsémané », le jardin où, la nuit précédant sa crucifixion, Christ Jésus a demandé à ses disciples de veiller et de prier avec lui, mais ils se sont endormis. Voici la définition : « Patience dans la douleur ; l’humain cédant au divin ; l’amour non payé de retour, mais restant toujours l’amour. » (p. 586)

L’amour non payé de retour, mais restant toujours l’amour ? Est-il possible d’aimer lorsque nous sommes face à l’indifférence et surtout à la haine ?

Puis est venue cette réponse de Dieu : « Ce pas l’amour humain qui est nécessaire mais Mon amour. Mon amour permet d’aimer même ceux que tu considères comme tes ennemis ; Mon amour sèche tes larmes ; Mon amour est avec toi, et guérira ta douleur. »

Je commençais à voir le moyen de sortir de cette situation épouvantable.

J’ai ensuite lu un texte de Mary Baker Eddy intitulé « Aimez vos ennemis », dans lequel elle pose la question suivante : « Qu’est-ce qui vous fait du mal ? Est-ce que les cimes, les abîmes, ou quoi que ce soit dans la création, peuvent vous séparer de l’Amour qui est le bien omniprésent – qui nous bénit infiniment, chacun et tous ? » Le passage se poursuit ainsi : « Considérez uniquement comme votre ennemi ce qui souille, défigure et détrône l’image-Christ que vous devriez refléter. » (Ecrits divers 1883-1896, p. 8)

Quel soulagement de se débarrasser du fardeau de tant d’années de haine et de peur !

Je me suis posé cette question : Avais-je entretenu un ennemi dans ma pensée pendant tout ce temps, en revivant les souvenirs de ce qu’une ou plusieurs personnes avaient fait, et en leur donnant une réalité ? J’ai pris conscience que la haine et le refus de pardonner étaient le résultat de la croyance que je vivais une histoire mortelle dans laquelle j’avais été persécutée. C’était là le véritable ennemi. Est-ce que je m’étais laissée entraîner dans ce faux concept de l’histoire humaine ? Est-ce que je n’avais pas tenu compte du fait que la seule et unique histoire de quiconque est l’histoire spirituelle et éternelle avec Dieu, qui ne renferme que le bien ? Abandonner l’histoire matérielle pour notre véritable histoire spirituelle signifie que l’humain cède au divin.

C’était l’occasion de vivre ce qui c’était passé dans le jardin de Gethsémané : Etais-je prête à faire ce que Christ Jésus aurait attendu d’un disciple ? Il était demandé d’être vigilant, de veiller et de prier afin d’avoir l’Entendement Christ ; de ne voir que l’expression de l’Amour divin en moi, en ce jeune homme, dans l’enfant que j’avais été, dans ma famille, dans sa famille. De savoir que tout ce continent a été et sera toujours gouverné par cet Amour, et non par la vengeance, la haine ou la peur. Chacun est inclus dans les bénédictions infinies de l’Amour, que notre divin Père-Mère manifeste éternellement.

Je me sentais plus paisible, et la terreur qui m’avait envahie s’estompait.

Ce même message se trouve aussi bien dans l’Ancien que dans le Nouveau Testament : « Aimer ton prochain comme toi-même. » Nous trouvons cette explication dans Science et Santé : « Aimer son prochain comme soi-même, c’est une idée divine ; mais cette idée ne peut jamais être vue, ressentie ni comprise au moyen des sens physiques. » (p. 88) 

Grâce au sens spirituel, qui provient de Dieu, nous pouvons discerner la véritable nature innocente de l’homme et aimer l’homme et la femme que l’Entendement divin a créés.

Jésus a fait preuve de cet amour pur, même face à la haine la plus totale. Bien qu’il ait eu de nombreux ennemis, il n’a jamais rendu le mal pour le mal. Rien de ce que l’on pouvait lui dire ou lui faire ne l’empêchait d’aimer et de pardonner même ceux qui avaient tenté de le tuer. Cette expression de l’amour du Christ lui a permis de vaincre le mal par le bien et de ressusciter.

De nouveau, j’ai entendu Dieu me dire : « Je suis Tout ». Je savais que dans la totalité de Dieu, qui comprend Sa création, il n'y a même pas un vestige de haine. « Vestigium » signifie en latin « empreinte ». J’ai pensé à une empreinte de pas dans le sable, ou à celle d’un événement dans la mémoire humaine. Les deux sont des vestiges de quelque chose.

Lorsque l’Amour divin dissout la haine, il n’en reste aucun vestige ; de même lorsque la lumière apparaît, elle chasse les ténèbres, et il n’y a plus aucun vestige, aucune trace de son existence. Je n’avais pas besoin de supprimer la haine de ma pensée, je devais simplement ressentir l’amour de Dieu qui englobe tout, et cet amour effacerait les ténèbres de la haine.

Quel soulagement de se débarrasser du fardeau de tant d’années de haine et de peur ! Il s’est littéralement envolé. J’étais reconnaissante, libérée et je me sentais aimée.

Le lendemain, lorsque j’ai revu ce jeune homme, il était souriant et son regard était empreint d’amour et de joie. J’ai vu qu’il était soulagé comme je pouvais l’être. Il m’a prise dans ses bras et il m’a dit : « Je pardonne. » Quelle liberté il a dû ressentir pour pouvoir dire cela, et peut-être voir au-delà de toute cette angoisse accumulée au cours des générations que représentait pour lui ma peau blanche.

« Je pardonne », lui ai-je répondu. Il n’était pas nécessaire d’en dire plus.

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