Tout d’abord, Deborah, que pensez-vous des divisions politiques actuelles ?
Il semblerait bien que ce problème qui, d’une certaine manière, fragmente la société, concerne le monde entier. A mes yeux, on a besoin de ce concept d’unité qui cimente l’humanité – qui unit nos cœurs et nos désirs. Je crois que l’on recherche un sens de paix dans le monde, où nous pourrions tous vivre en harmonie. Au plus profond de moi-même, je crois que c’est possible. Et je crois que nous en prenons le chemin, même si les choses paraissent fragmentées.
Sur quoi se fonde votre espoir ? Qu’est-ce qui vous fait dire cela et vous donne cette confiance ?
Eh bien, je pense que pour avoir cette unité, il faut analyser attentivement ce qui voudrait y faire obstacle. Quand j’observe le monde et que je vois tous ces troubles, toutes ces divisions remonter à la surface, parfois avec violence, c’est pour moi un signe positif, car comment connaître la paix tant que le mal demeure caché sous la surface des choses ? Ces éléments doivent être exposés au grand jour afin qu’on puisse les traiter.
A mon sens, c’est ce qui se passe aujourd’hui, aussi difficile que cela paraisse. Ce n’est pas facile de voir les gens souffrir. Ce n’est pas facile de voir la violence. Mais on peut reconnaître qu’il existe un Principe divin fondamental, un Principe qui est Amour, à la base de la purification qui se produit dans le monde actuel. Au fur et à mesure que nous traiterons ces problèmes et que nous les résoudrons, nous amènerons la paix et l’harmonie sur la planète.
Cela me fait penser à cet homme, dans la Bible, qui disait s’appeler Légion. Il avait une maladie mentale, il demeurait dans les sépulcres et se blessait lui-même. Il était dans un très mauvais état mental. Mais Jésus le guérit, faisant en sorte que Légion voie son erreur, afin que l’erreur se rejette elle-même.
Il semble vraiment qu’on ait besoin du Monitor, d’une autre forme de journalisme, pour mener ce travail à bien ; mais il est aussi nécessaire que tous, individuellement, nous fassions l’effort de nous livrer à une profonde introspection pour discerner les éléments non conformes au modèle le plus élevé de notre être, à cette version de nous-mêmes qui est semblable à Dieu, et pour les rejeter. Je pense que c’est ce que la société est en train de faire, et c’est là quelque chose de sain, même si c’est difficile à vivre.
Parlons alors de la manière dont on peut résister à ces pulsions antagonistes qui voudraient nous plonger dans des situations de conflit. Je citerai ce bel énoncé de Mary Baker Eddy, la fondatrice de l’Eglise du Christ, Scientiste, et du Monitor,qui déclare : « Un seul Dieu infini, le bien, unifie les hommes et les nations, constitue la fraternité des hommes, met fin aux guerres... » (Science et Santé avec la Clef des Ecritures, p. 340)
Ce « seul Dieu infini, le bien » est Tout, et cette totalité est le pouvoir sur lequel nous pouvons nous appuyer, le pouvoir en qui nous pouvons avoir confiance, le pouvoir vers lequel nous pouvons nous tourner en prière pour voir la résolution de tous les problèmes auxquels nous pourrions être confrontés.
Il est arrivé une histoire intéressante à l’église filiale dont je suis membre. On avait parfois l’impression que notre église était un microcosme de ce qui se passe dans le monde, du point de vue de l’attachement opiniâtre à leurs opinions dont certains faisaient preuve. Il nous a fallu surmonter ces divergences, et la guérison s’est accompagnée d’une expérience très intéressante.
Nous nous sommes efforcés de nous réunir en tant que communauté spirituelle, de renoncer à nos opinions personnelles, même si nous y tenions beaucoup, et d’ouvrir notre cœur afin d’avoir la révélation d’une réponse plus élevée. Nous ressortions souvent de ces réunions en disant : « Eh bien, on ne s’attendait pas à ce que cela se passe “ainsi” ! » La solution était parfois totalement différente de celle qu’on avait pu envisager.
Lorsque Mary Baker Eddy parle de ce qui l’a amenée à découvrir la Science Chrétienne, elle associe souvent les mots « révélation » et « raison », en suggérant que les deux sont essentiels. La révélation est essentielle, car sans elle, il n’y a pas l’esprit. Mais la raison est importante également, car l’expérience humaine peut être déstabilisante. Il est parfois tentant de se mettre en colère, mais la raison nous aide à rester concentrés sur l’objectif.
En vous écoutant, je pensais à ces catastrophes dont on a trop souvent été témoins récemment. Par exemple, après le passage d’un ouragan, quand les gens allaient en bateau de maison en maison, pour porter secours aux habitants, je ne crois pas qu’ils se soient arrêtés devant une maison pour demander : « Etes-vous de gauche ou de droite ? » L’urgence de la situation a aplani tout sentiment de division, toute idéologie.
Je pense que nous n’avons pas besoin d’une catastrophe pour prendre soin de notre prochain. Le commun dénominateur que vous évoquez, c’est la raison, la vérité, l’amour, et tout cela découle d’un point de vue spirituel, car Dieu « est » la Vérité et l’Amour.
En prenant soin de nos frères et sœurs, tout autour de la planète, quelle que soit leur idéologie, nous ouvrons notre cœur pour exprimer tout simplement l’amour, la sollicitude, la prévenance et le respect. Chaque être est créé par Dieu, et mérite par conséquent notre respect. Parfois un individu semble ne pas le mériter, mais tout au fond de lui, il y a l’homme ou la femme créé par Dieu, le reflet spirituel de l’Amour divin.
J’aime ce que vous dites, ainsi que ce passage où Mary Baker Eddy déclare : « La réponse aux questions suivantes est la pierre de touche de toute prière : Aimons-nous mieux notre prochain parce que nous demandons de l’aimer ? ... » (Science et Santé, p. 9) C’est bien là la question. Avons-nous besoin d’une incitation pour nous comporter ainsi, ou le faisons-nous tout simplement parce que nous sommes les enfants de Dieu, et que nous Le reflétons effectivement ?
Nous le faisons parce que c’est naturel de le faire.
Exactement !
Lorsque nous nous sentons proches du cœur de l’humanité, nous pouvons laisser notre compassion s’exprimer de différentes manières. Il existe bien des façons de faire preuve de sollicitude envers les autres, mais l’une d’entre elle, la prière, est particulièrement importante. Mark, vous me faites penser à ce que dit Mary Baker Eddy : « ... le progrès est la loi de Dieu... » (Science et Santé, p. 233) Comme je l’ai dit tout à l’heure, je pense vraiment que notre planète progresse vers une harmonie générale, une unité générale. En allant de l’avant, attendons-nous à voir les signes de ces progrès.
