Quand on pense aux combats d'épée, on pense sans doute aux chevaliers, aux armures et à un décor médiéval. Mais suivez Amy Lester lors d'un tournoi d'escrime et vous verrez des pistes conductrices (bandes de terrain où les escrimeurs s'affrontent), un équipement électronique et des tenues à haute performance fabriquées en Kevlar (le tissu qu'on utilise pour les gilets pare-balles).
« Beaucoup de gens pensent que l'escrime consiste à agiter sa lame dans tous les sens », dit Amy, élève en dernière année de lycée, qui vit à Walpole, dans le Massachusetts, aux États-Unis. « Mais c'est un sport où la stratégie est importante. »
L'Association d'escrime approuverait. « En pratiquant l'escrime, vous pouvez acquérir les réflexes d'un boxeur, les jambes d'un spécialiste du saut en hauteur et la concentration d'un joueur d'échecs », y affirme-t-on.
Amy ne s'imaginait pas qu'elle développerait un tel ensemble de compétences lorsqu'elle a commencé l'escrime il y a un peu plus de deux ans. « Tout a commencé quand j'ai lu avec une amie un livre sur l'escrime, explique Amy. Ça nous paraissait super, alors nous avons cherché où nous pourrions en faire. »
Mais ce qui n'était qu'une fantaisie est vite devenu une passion.
Aujourd'hui, Amy pratique l'escrime trois ou quatre fois par semaine dans une salle d'armes où les séances d'entraînement durent environ une heure et demie. Lors d'une séance ordinaire, vous la trouverez en T-shirt et pantalon de survêtement, en train de courir et de faire des exercices d'étirement en compagnie des autres escrimeurs. L'échauffement est suivi d'un travail sur le jeu de jambes.
“Mon énergie et mes mouvements viennent de Dieu. Puisque Dieu est infini et que je reflète, je ne peux pas être limitée.”
« Nous travaillons le jeu de jambes sans les armes, dit Amy. Le jeu de jambes comprend des mouvements comme le bond en avant, le bond en arrière, la fente et d'autres combinaisons. »
Après le travail du jeu de jambes, les escrimeurs s'entraînent avec l'équipement électrique.
Équipement électrique ? L'idée paraît étrange pour un sport vieux de plusieurs centaines d'années. Ce n'est peut-être pas ce qui vient à l'esprit d'emblée quand on pense à l'escrime. Pourtant, ce sont les fils attachés à la tenue spéciale de l'escrimeur qui permettent de savoir s'il y a eu « touche ».
« Il existe trois armes différentes et chacune doit viser une surface différente qui constitue la cible, explique Amy. Je pratique le fleuret (une arme à lame rectangulaire, longue de 88 cm) et la cible, c'est le tronc de l'adversaire, pas la tête ni les bras, juste la poitrine. On porte un plastron en plastique pour se protéger. On porte aussi une veste. Sur la veste, on met un lamé qui, pour le fleuret, est comme un gilet en cotte de maille. »
C'est là qu'intervient l'équipement électrique. Lorsque la pointe du fleuret de l'adversaire touche le lamé, elle met en marche un circuit électrique. Une lumière s'allume et une petite sonnerie se déclenche sur la machine placée du côté de l'escrimeur qui a fait la touche.
« Au fleuret, si on touche quelqu'un au bras par exemple, dit Amy, une lumière blanche s'allume. Ça veut dire qu'on est hors des limites de la cible et qu'on ne gagne pas de point. Mais si la lumière est rouge ou verte, ça veut dire qu'on a touché dans les limites de la cible. »
Même si le jargon, le règlement et les différentes aptitudes qu'implique l'escrime paraissent un peu compliqués à un néophyte, tout cela est devenu une seconde nature pour Amy. Comme un danseur qui voit l'ensemble du ballet et pas seulement une série de pas, Amy parle moins des mouvements et davantage de la stratégie, du besoin de réagir intelligemment aux mouvements de l'adversaire, de la relation complexe entre la pensée et l'acte.
Son opinion sur les qualités nécessaires pour devenir un bon escrimeur correspond à la vision qu'elle a de ce sport. « On pourrait penser qu'un bon escrimeur doit être vraiment fort physiquement, dit-elle, mais je crois que la confiance en soi, la détermination et l'envie de gagner sont en fait plus importantes. »
La propre détermination d'Amy a certainement payé. En février dernier, alors qu'elle était encore relativement nouvelle dans la pratique de ce sport, elle a participé aux Jeux olympiques junior de Colorado Springs, aux États-Unis.
Cette invitation était totalement inattendue.
« J’étais surprise parce qu'aux éliminatoires pour les jeux, j'ai terminé sixième, raconte Amy. Je faisais de l'escrime depuis seulement un an et je n'avais absolument pas imaginé que je serais sélectionnée. Les autres avaient plusieurs années d’expérience. »
Même si elle n'a participé qu'à six assauts ce week-end là, elle a apprécié d'avoir l'occasion de voir Colorado Springs et d'observer les autres escrimeuses pendant le tournoi. Avec environ 130 filles dans la seule catégorie du fleuret, Amy a eu la possibilité de voir une grande variété de talents et de stratégies. Mais ce qui a surtout frappé Amy, c'est que celles qui ont terminé dans les premières places avaient toutes quelque chose en commun. Ces escrimeuses étaient bonnes bien sûr, mais elles faisaient aussi preuve d'une capacité de concentration extraordinaire, d'une immense énergie et d'une grande endurance.
« Je pense beaucoup à l'énergie, dit Amy. Avant mon départ pour les Jeux olympiques, ma monitrice d'école du dimanche a cherché des passages de la Bible et de Science et Santé qui pourraient m'aider, et elle me les a donnés. Il y en a un que j'aime tout particulièrement: "L'Entendement est la source de tout mouvement, et il n'y a pas d'inertie qui retarde ou arrête son action perpétuelle et harmonieuse." (Science et Santé, p. 283)
« Puisque l'Entendement est une autre façon de concevoir Dieu, continue Amy, ce passage m'a montré que je n'avais pas besoin de m'inquiéter d'un possible manque d'énergie. J'aime cette idée que mon énergie et mes mouvements viennent de Dieu. Puisque Dieu est infini et que je Le reflète, je ne peux pas être limitée. Cela m'a beaucoup aidée.
« J'aime aussi penser à Dieu en tant qu'Entendement parce que l'escrime, c'est mental sous de nombreux aspects, ajoute Amy. Alors me rappeler que Dieu est l'Entendement m'aide à savoir ce que je dois faire pendant un assaut, à choisir la stratégie à adopter, et à réagir rapidement quand mon adversaire fait quelque chose d'inattendu. »
Pour Amy, il y a naturellement un rapport entre la spiritualité et le sport. Elle a vu les résultats que peut avoir la prière avant un tournoi. « Je ne pense pas que Dieu prenne parti, dit Amy. Mais je pense par contre que comprendre Dieu et le lien qui m'unit à Lui m'aide dans ma pratique de l'escrime. Quand je prie ou quand je lis Science et Santé avant d'aller à l'entraînement ou de participer à un tournoi, je me sens mieux préparée et, en général, je suis meilleure aussi. »
Amy a prouvé qu'elle était une escrimeuse pleine d'avenir, bien qu'elle pratique ce sport depuis relativement peu de temps. Mais pour elle, l'escrime c'est d'abord beaucoup de plaisir.
« J'ai trouvé le sport qui me convient, dit-elle enthousiaste. J'adore l'escrime! »
