Qu'est-ce qui favorise la réussite dans la guérison spirituelle de la maladie et des autres maux auxquels les gens font face ?
En un mot: la spiritualité. Ce n'est pas un grand mot, mais c'est un concept très large. Et c'est fondamental. Mais qu'est-ce que la spiritualité ? Je pense que c'est ce qui se rapporte aux choses divines en opposition avec les choses de la vie matérielle. La spiritualité a un rapport étroit avec les valeurs: ce qui est important et ce qui ne l'est pas. Mais à un certain niveau, je pense que cela relève d'une définition individuelle. Ce qu'est la spiritualité pour moi n'est peut-être pas la même chose que pour quelqu'un d'autre.
Existe-t-il un dénominateur commun ? Par exemple, la spiritualité pourrait-elle inclure l'esprit de la Règle d'or qui consiste à faire aux autres ce que vous voudriez qu'ils vous fassent ?
Absolument, La Règle d'or en découle, si on veut, mais je pense qu'elle est davantage du domaine de la moralité, qui se rapporte aux comportements humains. Or, la spiritualité va plus loin que cela. On peut être très moral, très honnête, sans être spirituel, c'est-à-dire dans ce cas sans croire en Dieu ni s'efforcer de Le comprendre, et sans mener une existence ayant pour base la nature de Dieu. Pour moi, la spiritualité est en rapport étroit avec la nature divine et avec l'être réel de l'individu, qui est l'expression ou le reflet de Dieu.
La spiritualité, c'est aussi quelque chose qu'on sent. Lorsque quelqu'un a une pensée spiritualisée, on le sent. On sent la présence de la spiritualité. Si vous entrez dans une pièce remplie de personnes d'une grande moralité, je ne suis pas sûr que vous sentirez quelque chose de particulier. Mais dans une église ou un temple remplis de gens à la pensée spiritualisée, je pense que vous le sentiriez. La spiritualité serait tangible.
La spiritualité et le lien qu'on a avec Dieu dépassent donc l'intellect. C'est quelque chose qu'on sent au fond de son cœur.
C'est tout à fait cela. Les sentiments sont extrêmement importants dans la Christian Science. La spiritualité n'est pas juste un amoncellement de mots, c'est quelque chose qu'on ressent. Donc, la guérison spirituelle n'est pas une affaire de l'esprit humain. C'est quelque chose qu'on ressent. Mais les sentiments sont difficiles à définir. Il n'existe pas de recette pour se sentir proche de Dieu. Il n'existe pas non plus de technique pour y parvenir. C'est très individuel. L'aspiration à la spiritualité est presque instinctive ou intuitive, et sans aucun doute naturelle.
La maladie provient du fait que les individus croient être autre chose que ce qu'ils sont réellement, c'est-à-dire créés par Dieu.
Qu'est-ce qui fait principalement obstacle à la guérison spirituelle ?
La matérialité et la personnalité. Croire qu'on est une personne avec une existence séparée de Dieu. Mary Baker Eddy écrivit: « Il n'existe pas de personnalité, et il est plus important de savoir cela que de savoir qu'il n'existe pas de maladie. » L05468, lettre à Ann M. Otis, 12 avril 1893. Chaque individu est l'image du Principe divin. Et le Principe n'est pas une sorte d'entité personnelle. Si vous acceptez l'idée que vous êtes un être physique, une personnalité physique, vous vous empêchez de comprendre qui vous êtes réellement. Vous ne découvrez pas votre identité, vous la maintenez à distance. La personne humaine, en tant que telle, est véritablement une vision erronée du reflet de Dieu. Les scientistes chrétiens cherchent à prendre leurs distances avec le concept d'un Dieu qui aurait des bras et des jambes, qui aurait pris forme humaine. Et l'individu réel — l'identité de chacun, la vôtre, la mienne — autrement dit la manifestation divine, est également incorporel, composé d'idées spirituelles.
Pourriez–vous expliquer un peu comment se produit la guérison spirituelle ?
Elle se produit parce que la spiritualité est un transparent pour l'Esprit. La guérison donne à Dieu la possibilité, dirons-nous, d'être l'Esprit, d'être présent. Et d'agir. Tandis que la matérialité pourrait empêcher de s'approcher de Dieu, elle maintiendrait Dieu à distance. Et c'est la présence de Dieu, la présence de Dieu comprise, reconnue et ressentie, qui guérit. La Christian Science considère la santé d'un point de vue précis. Un scientiste chrétien n'envisage pas la santé de la manière dont un docteur en médecine ou l'homme et la femme de la rue l'envisagent, c'est-àdire comme étant le résultat d'un corps en bonne santé. Pour le scientiste chrétien, la vraie conscience est la substance de la santé véritable. C'est une vision non matérielle. L'existence humaine est l'expression de la pensée humaine. Et quand la pensée humaine est plus spirituelle, davantage tournée vers Dieu, le Principe, cela change et améliore l'existence de l'individu.
Mary Baker Eddy explique de nombreuses façons comment la guérison spirituelle se produit, et dans Science et Santé avec la Clef des Écritures, elle écrit notamment: « Quand la fausse croyance est corrigée, la Vérité envoie un message de santé dans tout le corps. » (p. 194) Cette croyance dont elle parle est un concept erroné de l'être. Et il est un concept erroné de l'être. Et il est corrigé quand il est remplacé. C'est comme croire que trois fois trois font dix: c'est une erreur. Et cette erreur est rectifiée par la vérité, trois fois trois font neuf. La maladie provient du fait que les individus croient être autre chose que ce qu'ils sont réellement, c'est-à-dire créés par Dieu. Elle provient de la certitude qu'ils ont d'être des mortels physiques et du fait qu'ils croient être séparés de Dieu. Et la guérison résulte de la correction de ces croyances. En définitive, la guérison spirituelle implique que l'esprit humain, avec toutes ses croyances, ses peurs et ses visions de maux, recule ou devienne de plus en plus transparent à la vérité de l'être, à mesure que l'individu progresse spirituellement et accepte les valeurs spirituelles.
Priez-vous différemment lorsque la maladie ne cède pas et que la personne met beaucoup de temps à guérir ?
C'est une bonne question. Mais vous savez, chaque problème est unique et je ne les traite pas tous de la même façon. Quelquefois, il vous faut juste affirmer avec fermeté la vérité dont vous avez déjà pris conscience, et la ressentir profondément, et vous rappeler que c'est bien la vérité et que son action est universelle. Il peut arriver qu'on sente ou qu'on détecte que la personne s'accroche à quelque chose qu'elle ferait mieux d'abandonner, et on va peut-être le lui signaler. C'est une question d'inspiration et d'intuition. On ne doit jamais oublier le point de vue spirituel élevé pour se dire qu'il y a ici quelque chose qui est erroné, qui n'a pas été corrigé et qu'il est peut-être impossible de corriger. Je pense souvent à ce que Mary Baker Eddy écrivit dans Science et Santé: « Pour bien raisonner on ne devrait considérer qu'un seul fait, savoir l'existence spirituelle. » (p. 492) Pour celui qui guérit par la prière, c'est une chose fondamentale, essentielle qu'il ne faut pas oublier.
Et je dirais aussi qu'il est important d'être patient, mais il ne s'agit pas d'adopter une attitude fataliste. Il arrive parfois qu'on discerne très clairement l'identité réelle qui est spirituelle, impersonnelle, parfaite. Or, cette perception des choses ne permet pas toujours de transformer immédiatement une existence. On doit quelquefois s'accrocher patiemment à cette perception. Il faut avoir le désir de poursuivre une voie qu'on croit être juste. On a parfois l'impression que la Christian Science opère toujours sans difficultés ni efforts. Et dans certains cas, c'est vrai et c'est très impressionnant. Mais souvent la Christian Science exige qu'on approfondisse sa compréhension de Dieu et de ce qu'on est réellement en tant qu'enfant de Dieu.
Il est important de se souvenir que ce à quoi on a affaire, c'est à la Vérité corrigeant l'erreur, et la Vérité en a le pouvoir spirituel illimité.
Une question sur la peur: Mary Baker Eddy était très directe à ce sujet. « Commencez toujours votre traitement en calmant la crainte de vos patients », dit-elle dans Science et Santé. Qu'est-ce que l'expérience vous a appris sur la façon de traiter la peur ?
J'ai appris une multitude de choses qui confirment le bien-fondé du conseil de Mary Baker Eddy. J'ai remarqué que pour calmer la crainte il faut commencer par Dieu et par le lien qui nous unit, le patient et moi, à Dieu, en affirmant le fait, la réalité, que le patient et moi ressentons seulement les qualités divines: la perfection et le calme. Donc, si on a peur, si on est anxieux ou stressé, cette approche permet d'y faire face immédiatement.
Se débarrasser de la crainte sous toutes ses formes, c'est aussi ressentir ce qu'est réellement Dieu, c'est sentir la présence et le pouvoir de Dieu. Ce sentiment naît d'une réelle certitude quant à ce qui se passe dans le royaume spirituel et d'une conviction absolue de ce qui est réel et de ce qui ne l'est pas. Cette conviction de celui qui guérit par la prière se communique sans intermédiaire et atteint le but qu'elle doit atteindre. J'aime cette phrase de Science et Santé: « La confiance qu'inspire la Science repose sur le fait que la Vérité est réelle et l'erreur irréelle. » (p. 368) Si le praticien en est convaincu, il tient là un moyen puissant de combattre la peur. « La Vérité est réelle et l'erreur est irréelle », c'est catégorique, c'est clair. Dans un tête-à-tête avec un patient, je me suis rendu compte que je pouvais lui transmettre des idées sur sa nature réelle ou sur la présence de Dieu qui vont le rassurer et calmer la crainte. Une fois de plus, je dirais qu'il faut recourir à son intuition.
L'intuition semble être un concept très important pour vous.
L'intuition a un rapport étroit avec le sentiment. Le praticien de la Christian Science finit par acquérir une certaine expérience de la vie et des êtres humains, et cette expérience permet d'être intuitif lors d'une entrevue avec quelqu'un. Et, plus important encore, quand on comprend la nature de la réalité, on perçoit davantage ce qui n'est pas réel mais prétend l'être. L'intuition va au-delà du raisonnement humain ou du jugement d'un caractère humain. Elle a une base spirituelle. Vous allez quelque part et vous sentez que quelque chose ne va pas à cet endroit, sans doute parce qu'un sens spirituel des choses y a été défié. A mesure que les gens ont leur pensée qui se spiritualise, ils deviennent conscients de ce qui semble ne pas aller. Par exemple, si vous êtes musicien et que vous avez l'oreille musicale, si pendant un concert, un violon joue une fausse note, vous allez l'entendre parce que c'est un son discordant à vos oreilles. Tandis que quelqu'un d'autre qui n'est pas musicien comme vous ne va même pas le remarquer. Si vous savez exactement quelle est votre réelle identité, la représentation de Dieu, vous êtes sensible à tout ce qui cherche à contester cette vérité.
La Bible et Science et Santé mettent l'accent sur le pouvoir spirituel. Beaucoup de gens se demandent peut-être ce qu'est au juste le pouvoir spirituel, comment l'acquérir et comment s'en servir pour guérir et accomplir le bien ?
Le pouvoir spirituel, c'est le pouvoir de l'Esprit, de Dieu. Ce n'est pas une faculté personnelle ni la caractéristique d'une personnalité. C'est avoir le désir de s'écarter pour laisser l'Esprit s'avancer dans toute sa grandeur et sa puissance irrésistible. Ce n'est pas un talent dont certains hommes ou certaines femmes seulement sont doués. C'est le pouvoir de la présence, de la totalité et du caractère irrésistible de Dieu. Reconnu et accepté, c'est une immense influence en faveur du bien. C'est la raison pour laquelle la spiritualité est essentielle à la guérison spirituelle. En effet, grâce à la spiritualité, on est de moins en moins dans la confusion et on se laisse de moins en moins intimider par les apparences matérielles du trouble et de la souffrance.
Il est important de se souvenir que ce à quoi on a affaire, c'est à la Vérité corrigeant l'erreur, et la Vérité en a le pouvoir spirituel illimité. D'un point de vue strictement humain, on pourrait l'interpréter comme un praticien de la Christian Science guérissant quelqu'un de la rougeole. Or, fondamentalement, c'est la Vérité qui corrige l'erreur. Cela n'a en réalité rien à voir avec les personnalités, même si cela en donne l'impression. Il n'existe pas de technique particulière. Il s'agit plus d'intuition, de spiritualité, de sens spirituel, de conviction spirituelle. Et afin de prendre conscience de la vitalité du pouvoir spirituel, il est utile de comprendre la nature subjective de l'expérience (autrement dit tout ce qu'on vit se trouve dans la pensée et n'est pas extérieur à la pensée), de comprendre qu'on travaille surtout avec la pensée. Et le pouvoir spirituel peut apporter de la dynamique à la pensée humaine.
Il se passe tant de choses merveilleuses sur la planète, et pour moi elles résultent de la venue active du Christ dans la pensée humaine.
Sur un sujet qui est peut-être lié, ces deux ouvrages mettent aussi l'accent sur l'amour. Par exemple, nous lisons dans Science et Santé: « La partie vitale, le cœur et l'âme de la Science Chrétienne, c'est l'Amour. » (p. 113) Quelques pensées sur l'amour ?
L'amour est extrêmement important. Mais qu'est-ce que c'est ? On se souvient peut-être que l'Amour divin est égal aux autres synonymes que Mary Baker Eddy donne pour Dieu: le Principe, la Vie, la Vérité, l'Ame, l'Esprit, l'Entendement (voir Science et Santé, p. 115). Les synonymes sont synonymes entre eux ! Le terme « amour » est souvent utilisé dans son sens sentimental. Les gens aiment l'amour ! Ils désirent sentir que Dieu les aime, et bien entendu Il les aime. Toutefois, les gens sont plus émus par ce concept de l'amour que par le concept de Dieu en tant que Principe, par exemple, ou que l'Entendement éternel. Il est tout aussi important d'être intelligent que d'être aimant, parce que l'Amour et l'Entendement sont synonymes. Aimer quelqu'un, l'aimer de la façon la plus élevée possible, c'est le voir tel qu'il est réellement. Et voir cette personne telle qu'elle est vraiment exige qu'on s'aime soi-même et qu'on se voie tel qu'on est vraiment. Alors, vous êtes équipé pour voir les autres dans leur vraie nature. C'est l'essence même de l'amour. Ce qui est extraordinaire avec l'amour, c'est qu'il fait passer notre point de vue du personnel à l'impersonnel, et par conséquent rend le pouvoir spirituel dynamique et concret dans la pensée et l'existence humaines.
Quand les gens se tournent vers la Christian Science pour y trouver des moyens de se fortifier, de renouveler ou d'enrichir leur existence au-delà de la guérison physique, quelle est l'importance d'une réceptivité aux idées nouvelles et d'une approche progressiste de la vie ?
La Christian Science est une vision de l'existence unique en son genre, une vision qui embrasse le monde entier. C'est quelque chose d'existentiel dans une certaine mesure; ce n'est pas simplement un moyen de guérir le corps. Il est essentiel d'avoir l'esprit ouvert à ce qui est nouveau, digne d'intérêt et beau et à ce qui est même à la pointe de la nouveauté. Et cette ouverture d'esprit vient peut-être quand on comprend que l'Entendement divin est notre Entendement, le seul Entendement. Puisque cet Entendement est, en un sens, infini, on peut dire qu'il a l'esprit ouvert ! Et l'ouverture d'esprit vient grâce aux progrès spirituels. Mary Baker Eddy était consciente du monde vaste qui l'entourait. Il est important d'apprécier les merveilles du monde, l'intelligence, les talents, etc. Nous n'apprécions pas assez cet aspect des choses. Il se passe tant de choses merveilleuses sur la planète, et pour moi elles résultent de la venue active du Christ dans la pensée humaine, le Christ voulant dire la vérité de l'être, qui vient à nous à partir du Principe divin de tout l'univers.
En quoi le Christ et la Science du Christ peuvent-ils nous aider concrètement à nous sentir en sécurité chaque jour ?
Que pourrait-il y avoir de plus concret, quand il s'agit de sécurité, que la ferme conviction que nous avons de notre identité véritable, de notre individualité toujours en sécurité, éternelle et protégée en Dieu, que pourrait-il y avoir de plus concret que le fait d'être conscients de notre être réel, et de le vivre ? L'une des choses les plus concrètes dont il nous faut prendre conscience est décrite par Mary Baker Eddy. Voici ce qu'elle écrivit à propos de Dieu: « Il soutient mon individualité. Bien plus, Il est mon individualité et ma Vie. Parce qu'Il vit, je vis. » (Unité du bien, p. 48)
    