L’Amour divin, infini, ne connaît ni la haine, ni la vengeance, ni la froide critique. Ces sentiments ne peuvent jamais trouver à s’exprimer par le canal de l’homme réel, l’image et la ressemblance de l’Amour. Nous discernons cet Amour et trouvons le véritable concept du moi lorsque nous refusons d’être rien de moins que l’amour. « Qu’un autre haïsse, moi je veux aimer », écrit Mary Baker Eddy. « Je veux augmenter mon crédit en faveur du bien, mon être véritable. Cela seul me donne les forces de Dieu grâce auxquelles je puis surmonter toute erreur. » Écrits divers, p. 104.
Nous possédons à la fois la faculté d’aimer et de ressentir la toute présence de l’Amour divin, en dépit des images d’animalité effrénée et de haine jalouse par lesquelles maints incidents de la journée tentent de nous impressionner. Selon un article du New York Times, il paraît que des lois prenant en considération le droit à la haine sont en train de voir le jour dans un pays situé en dehors de ce qu’on appelle le monde chrétien. Selon le chroniqueur de ce journal, le projet de « loi de vengeance » présenté devant le parlement du pays en question donnerait « de la vie que les factions dominatrices cherchent à imposer, une idée plus effrayante encore que tous les reportages sur les discours passionnés et les émeutes qui s’y déroulent » The New York Times, 15 juin 1981.. Même plus près de nous, des gens que nous comptons parmi les êtres humains les meilleurs se trouvent l’objet de critiques injustes.
Nous n’avons pas, bien sûr, à aimer les paroles ou les actes mauvais. Mais il est en notre pouvoir d’aimer, en toute honnêteté et avec compassion, ceux qui violent les droits de l’homme loin de chez nous, comme ceux qui attaquent nos voisins, parce que nous avons l’amour même de l’Amour à notre portée et qu’il est à la portée de toute l’humanité. Les exemples tirés de la Bible nous révèlent le champ d’action d’un amour aussi pur et, s’il est vécu à fond, les possibilités qu’il a de transformer le cours des décisions politiques et de renouveler la confiance d’une humanité lassée.
Au-delà de la nécessité de se défendre, et par delà les sentiments de vengeance, il y a cet amour. Christ Jésus pria pour ceux qui le crucifièrent: « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. » Luc 23:34. Lorsque les persécuteurs le lapidèrent, Étienne « s’étant mis à genoux, il s’écria d’une voix forte: Seigneur, ne leur impute pas ce péché ! » Actes 7:60. Lorsque Joseph se trouva en présence de ses frères qui l’avaient trahi et avaient failli le tuer, il leur adressa cette prière: « Ne vous affligez pas, et ne soyez pas fâchés de m’avoir vendu pour être conduit ici, car c’est pour vous sauver la vie que Dieu m’a envoyé devant vous. » Gen. 45:5.
En réalité, les forces de l’Amour protègent toujours la vie et elles le font en rétablissant notre amour. Si nous sommes tentés de répliquer avec aigreur, ou si nous nous laissons envahir par la froide indifférence, nous ferions peut-être bien de nous rappeler nos personnages préférés de la Bible et d’accepter le blâme que leur existence peut projeter sur la nôtre. En abandonnant la propre justification, nous pouvons atteindre le vrai moi spirituel et trouver le moyen d’aimer tout le monde, en toutes circonstances; et nous pouvons aussi trouver la façon de prier avec ferveur et de laisser ces prières communiquer la lumière à ceux qui ont abandonné, pour un temps, leur humanité légitime.
Plus nous connaissons Dieu, qui est l’Amour, et moins il nous est possible de tolérer en nous-mêmes ce qui est dissemblable à l’Amour. Nos réactions critiques nous blessent les lèvres, et l’indifférence nous pèse et nous ne retrouvons notre légèreté que lorsque l’amour qui nous est naturel sera restauré. Il nous est utile de souffrir si c’est notre propre manque d’amour qui a dépouillé notre existence. Il nous est encore plus utile d’aimer, et de prévenir une telle souffrance.
L’amour chrétien n’est pas sélectif; il n’est pas séparé des autres aspects de la nature de Dieu: le respect de la loi et la toute intelligence. Il n’obéit pas non plus aux moindres caprices de l’humeur du moment. Il est le fondement de tous les sentiments véritables, qu’il s’agisse de problèmes personnels ou mondiaux. L’amour est la réalité qui demeure malgré tout ce qui lui est dissemblable, car cet amour réfléchi est aussi le reflet de la Vérité. Et la Vérité qui est Dieu ne connaît rien qui puisse repousser ou exclure la pure affection.
L’amour de soi est un amour contrefait, faible, indifférent aux besoins du monde, et pour lequel toute opposition est une insulte. Bien loin d’être de l’amour, il ressemble plus à de la crainte et à de la haine, et cause la destruction de celui qui s’y complaît. Mais l’amour de soi se dissout en présence de l’amour reflété. Une existence à laquelle le contact de l’Amour divin apporte la douceur est transformée pour accomplir l’œuvre de l’Amour sur place comme au loin, dans la vie quotidienne comme sur le plan international. En vérité, ces deux niveaux ne peuvent être séparés l’un de l’autre et à moins de comprendre ce fait, nous ne rendrons pas justice à l’influence que nos prières peuvent exercer dans le monde entier et nous négligerons de les faire. Nous ne nous défendrons pas non plus contre l’apathie spirituelle que peut engendrer dans notre existence l’acceptation de la haine exprimée par les autres.
La bonté spirituelle, la joie et une connaissance de la nature continue et éternelle de la vie, accompagnent la manifestation de l’Amour et, sans elle, il est impossible de les obtenir. Rien ne peut non plus les supprimer, lorsque l’Amour est démontré. Dans le livre d’étude, Science et Santé avec la Clef des Écritures de Mrs. Eddy, nous lisons: « Voici la doctrine de la Science Chrétienne: l’Amour divin ne peut être privé de sa manifestation, de son objet; la joie ne peut être changée en tristesse, car la tristesse n’est pas maîtresse de la joie; le bien ne peut jamais produire le mal; la matière ne peut jamais produire l’entendement, ni la vie aboutir à la mort. » Science et Santé, p. 304.
L’Amour divin était la force motrice de la vie de Christ Jésus. Il en résultait la guérison pour les autres et même aujourd’hui, pour nous qui avons sa vie en exemple pour purifier et glorifier la nôtre. L’existence de notre Maître prouva que l’amour reflété a le pouvoir de transformer le monde.
Nous exprimons cet amour-Christ lorsque nous lui permettons de transpercer l’insensibilité engendrée par les expériences amères, de dénoncer l’égoïsme de la sensualité et de révéler la vraie nature de l’homme en tant que manifestation même et objet de l’Amour divin. Comme Mrs. Eddy, nous avons la capacité d’aimer, bien « qu’un autre haïsse ». Nous pouvons prendre l’initiative de l’amour quand prévaut la froideur. Lorsqu’on nous a offensés, nous pouvons pardonner. Le pardon accompagne si souvent un amour plus profond; en réalité, il n’y a pas de pardon sans amour. La prière de Jésus, « pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés » Matth. 6:12., est ainsi traduite par Mrs. Eddy: « Et l’Amour se reflète dans l’amour. » Science et Santé, p. 17.
Les forces de l’Amour nous entraînent au-dessus et au-delà d’une réaction purement mortelle jusqu’à l’activité de guérison du Christ. Si nous sommes au désespoir face au manque d’amour, face à la confusion qui voudrait rendre impuissant notre propre élan d’amour, face à l’égoïsme qui nous rend ignorants des besoins d’autrui, alors nous pouvons avoir recours aux forces de l’Amour. Elles surmontent toute erreur. Et il n’existe nulle part aucun autre pouvoir légitime.
