Mon dictionnaire donne plusieurs définitions du mot nature. Celle qui est peut-être la plus profonde et qui nous concerne ici, est: « Le caractère essentiel d'une chose; une ou plusieurs qualités qui font qu'une chose est ce qu'elle est. » Quelle est la qualité essentielle qui peut produire tout à la fois un désir de tuer et un amour maternel désintéressé ? Quelle est la qualité essentielle qui peut être responsable tout à la fois d'une perspective grandiose et d'une terrible famine ?
Si l'on doit qualifier de naturel, dans ce sens fondamental, le mélange incohérent des choses qui caractérisent l'existence humaine, alors, un choix s'impose: Nous pouvons accepter l'idée qu'il est parfaitement inutile d'essayer d'introduire progressivement de l'ordre dans le chaos des affaires humaines, parce que les caractéristiques de l'existence humaine réduiront invariablement l'ordre à un mélange incohérent. Ou bien, au contraire, nous pouvons remettre énergiquement en question l'hypothèse selon laquelle n'importe quelle fantaisie destructrice du sens humain ou n'importe quelle lubie incontrôlable des éléments présente autant de validité que le bien de l'existence humaine et procède de la même cause essentielle.
Cette dernière hypothèse n'est-elle pas justement celle que Christ Jésus remettait en question chaque fois qu'il devait affronter les inconséquences de la nature telles qu'elles se présentent au sein de l'humanité ou des éléments ? Il savait qu'il n'était pas naturel d'être malade, qu'il n'était pas naturel que la vie humaine soit menacée par une tempête, et que le fait d'avoir faim n'était pas naturel non plus. Il ne se contentait pas de reconnaître ce caractère contre nature; il le démontrait en guérissant les malades, en calment le vent et les flots et en nourrissant les multitudes. Comment s'y prenait-il ? Il utilisait le pouvoir du Christ. Le Christ sépare le caractère essentiel de l'existence spirituelle des maux fallacieux et contre nature que l'on croit à tort naturels. « Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons? » demanda Jésus. « Tout bon arbre porte de bons fruits, mais le mauvais arbre porte de mauvais fruits. » Matth. 7:16, 17.
Dieu créa l'univers et tout ce qui s'y trouve, et Son omnipotence maintient cet univers comme Il l'a créé, selon le même mode ordonné, et cela, en dépit des croyances contraires que nous pouvons entretenir à ce sujet. Dieu est l'Esprit infini, le caractère essentiel de l'univers est donc infiniment spirituel. Par conséquent, la nature véritable est spirituelle. La Science ChrétienneChristian Science (’kristienn ’saïennce) affirme que la matière et le matérialisme ne peuvent pas plus être associés avec les qualités de l'Esprit qu'une grappe de raisin ne peut l'être avec des épines ou une figue avec un chardon. Pour comprendre la réalité, nous devons nous efforcer de reconnaître que des choses telles que la matière, le péché, la maladie, la mort, les tremblements de terre, les tempêtes, la famine — en vérité, toute condition incluant la matière — ne sont pas des effets de l'unique cause, absolument bonne, dont les qualités essentielles ne sont pas matérielles.
Si la matérialité et les désastres venaient réellement de Dieu, alors Dieu Lui-même serait un mélange composite, une source chaotique de bien et de mal tout à la fois; Christ Jésus n'aurait ni cherché à guérir ce qui appartenait à Dieu, ni eu besoin de le faire pour parvenir au summum de la réalité. Mais la Vérité infinie ne contient aucune erreur; le bien infini n'inclut aucun mal. Et alors, s'ils ne sont pas soutenus par les qualités essentielles de Dieu, que sont donc ces mauvais effets qui semblent si réels ? Ce sont des erreurs du sens mortel, humain, des irréalités contraires à la nature et non essentielles.
Ceci signifie-t-il que nous pouvons espérer voir cesser immédiatement les tremblements de terre ou la pollution atmosphérique parce qu'ils ne sont pas réels ? Malheureusement non ! Embrumée dans la croyance à la réalité de la matière et du matérialisme, l'humanité n'est pas plus susceptible de démontrer une liberté de cette envergure que la plupart des élèves de sixième ne sont prêts à comprendre le calcul intégral. Mais, dans le récit biblique de la traversée de la mer Rouge, nous pouvons trouver un point qui concerne directement le progrès humain. Le pouvoir du Christ fut démontré à Moïse lorsque les eaux furent écartées de son chemin — preuve certaine qu'il n'existait aucune caractéristique véritable de la nature susceptible de s'opposer à l'obéissance aux directives divines. Christ Jésus démontra la possibilité d une existence sans tremblements de terre ni pollution en illustrant dans sa vie la domination qui appartient à l'homme, parce qu’il est issu de Dieu.
Cela vous paraît-il extraordinaire ? C'est extraordinaire — mais seulement pour la croyance née de l'éducation, selon laquelle le mal est aussi réel et permanent que le bien. La loi divine, la seule loi, nous a toujours été accessible et le sera toujours — quand nous obéissons aux directives divines. Parlant du Christ éternel qu'il illustrait et vivait, et non de son moi personnel, Jésus dit: « Avant qu'Abraham fût, je suis. » Jean 8:58. Mary Baker Eddy, Découvreur et Fondateur de la Science Chrétienne, écrit: « Ce qui élève spirituellement la race humaine, sur les plans physique, moral et chrétien, c'est le truisme que la Vérité démontre le bien, et qu'elle est naturelle, alors que l'erreur, ou le mal, n'existe pas en réalité, et a dû produire sa propre illusion — car elle ne fait partie ni de la nature ni de Dieu. La Vérité est le pouvoir de Dieu qui guérit les malades et les pécheurs, et elle est applicable à tous les besoins de l'homme. Elle est l'idée-Christ universelle, intelligente, illustrée par la vie de Jésus, et par “ses meurtrissures... nous sommes guéris”. Écrits divers, p. 259.
Lorsque nous envisageons le besoin qu'a l'humanité d être élevée, nous semblons entendre, comme Moïse, les hordes furieuses du matérialisme sur nos talons. Les épidémies, les catastrophes, la guerre, les médicaments et la drogue, la pénurie, la crainte — toutes ces choses nous asserviraient et nous le leur permettions.
Comme Moïse, nous entendons les voix effrayées de ceux qui ne sont pas satisfaits des choses telles qu'elles sont, mais qui préfèrent demeurer dans un esclavage familier plutôt que de s'aventurer parmi les hasards inconnus du progrès. Comme le grand chef hébreu, nous cherchons une route vers la terre promise, mais nous nous apercevons que notre avance se heurte à l'obstacle de phénomènes « naturels » (indépendants de la volonté humaine). Comment imiter Moïse et chasser cette mer Rouge de limitations complexes de la voie du progrès humain ?
Tout d'abord, nous pouvons commencer par comprendre que le caractère essentiel de la Vérité est indivisible. Nous ne trouverons pas la clef de la vie ou du progrès dans l'organisation d'un écosystème, d'un système de classification biologique ou d'un système physique d'énergie, ou encore dans un système politique. La Vie est Dieu — Je suis celui qui suis — et l'homme n'existe pour aucune autre raison que parce que Dieu est Vie. L'homme spirituel ne meurt jamais — ni ne — tue — parce que la Vie n'est pas une option facultative. La Vie est. Le fait même de commencer comme Moïse, à saisir cette idée résout dan une certaine mesure les erreurs que le sens humain attache aux systèmes « naturels »; et tout ce qu'ils comportent de destruction ou d'obstruction commence à s'écarter du chemin.
Nous ne sommes pas capables (humainement) de savoir en quel point la Vérité nous est le plus nécessaire. La Vérité est comme la lumière qui rayonne sur la face de la lune, chassant l'obscurité devant elle sur toute la partie de la lune qui est tournée du côté de la lumière. Mettre l'accent sur les vérités technologiques comme l'humanité a essayé de le faire (ayant peut-être l'impression que les questions technologiques trouvent plus facilement une réponse que d'autres problèmes plus fondamentaux), c'est un peu comme si on essayait d'avancer sur la face obscure de la lune muni d'une perche qu'il faudrait lever de plus en plus haut pour atteindre la lumière. Tôt ou tard, la perche tendue à bout de bras tomberait, et le peu de lumière qu'elle recevait disparaîtrait dans l'obscurité environnante.
Si elle veut atteindre un concept moins matérialiste de la nature, l'humanité doit suivre les directives de Dieu et obéir à la totalité de la loi morale, telle qu'elle est indiquée dans les Dix Commandements et dans le Sermon de Jésus sur la Montagne. Ce concept plus élevé assurera le progrès et engloutira la pollution du matérialisme. Et l'on entendra de nouveau le chant de Moïse: « L'Éternel est ma force et le sujet de mes louanges; c'est lui qui m'a sauvé. » Ex. 15:2.
