A une époque de ma vie, je traversais chaque jour un pont reliant Boston à Cambridge. J'étais à pied et presque toujours, en levant les yeux, je remarquais ces paroles de l'Apocalypse inscrites sur l’un des piliers à l'entrée du pont: « Sur les deux bords du fleuve, il y avait un arbre de vie, produisant douze fois des fruits, rendant son fruit chaque mois, et dont les feuilles servaient à la guérison des nations. » Apoc. 22:2; Cette inscription avait peut-être été choisie pour son symbolisme (ce pont relie deux parties d’une grande université), mais elle a probablement évoqué aussi pour plus d'un étudiant l'idée que non seulement ses études universitaires et sa future profession, mais aussi toute l'orientation de sa vie ne pouvaient avoir de sens véritable que si elles avaient pour motif de bénir les autres.
Aujourd'hui, « la guérison des nations » est une urgente nécessité. Aux rivalités accompagnant la quête du pouvoir politique et économique, et qui ont existé depuis des siècles, sont venues s'ajouter de nouvelles techniques susceptibles d'anéantir des multitudes. Les changements des structures du pouvoir dans les grandes nations industrialisées, s'associant à l'instabilité qui règne dans de nombreux pays nouvellement indépendants, créent une situation que le profane le plus intelligent a bien de la peine à appréhender et à propos de laquelle il lui est encore plus difficile de formuler un jugement constructif. Et pourtant notre destin commun semble dépendre des décisions prises par les dirigeants des nations ou par des entités économiques que nous ne connaissons même pas individuellement. Comment pouvons-nous alors contribuer à cette œuvre généreuse qu'est la guérison des nations ?
D'abord, il nous faut nous demander si nous voulons vraiment contribuer à guérir les nations. Presque tout homme pense au fond de lui-même qu’il est bon d'être altruiste. Mais au milieu des soucis quotidiens, une telle préoccupation demeure trop souvent théorique. Cependant, la nature du bien que nous souhaitons pour nous-mêmes n'est pas différente de ce que nous voudrions voir démontré pour toute l'humanité. Ce que nous revendiquons pour nous-mêmes — santé, activité satisfaisante, relations harmonieuses — nous devons le revendiquer pour tous. Ce que nous pouvons légitimement revendiquer pour notre nation, nous devons également le souhaiter pour toutes les nations.
La Science ChrétienneChristian Science (’kristienn ’saïennce) nous montre que la raison pour laquelle la bonté et le pouvoir absolu de Dieu semblent obscurcis est que les sens matériels limités nous offrent une vision de la création à la fois bonne et mauvaise. L'humanité accepte à tort cette fausse vision comme réalité. Dans la mesure où cette erreur est démasquée et où la réalité de la création spirituelle de Dieu, entièrement bonne, est perçue et acceptée, nous faisons l'expérience de l'harmonie. Le plus facile, semble-t-il, serait de commencer par éliminer le faux sens de la création de notre existence, et les défis de la vie quotidienne voudraient nous faire admettre que pour la majorité d'entre nous, il est bien suffisant de réussir à résoudre les problèmes de notre vie plus harmonieusement. Cependant, dire « moi d'abord, et ensuite vous ou les autres si j’en ai le temps », c’est aussi restreindre le bien pour soi-même. Nous présumons à tort que nous sommes victimes du manque de temps ou que nous sommes limités par une connaissance trop faible de la vérité et que nous devons d'abord engranger pour nous ce que nous avons appris. Cependant, nous nous aidons nous-mêmes en aidant les autres.
La bonté est universelle. Les lois de Dieu sont universelles dans leur application. Mary Baker Eddy, qui a découvert et fondé la Science Chrétienne, écrit: « Chaque jour je prie pour la pacification de toutes les difficultés nationales, pour la fraternité de l'homme, pour la fin de l'idolâtrie et de l'incroyance, et pour la croissance et l'établissement de la religion chrétienne — le christianisme du Christ. J’ai aussi foi en l'efficacité de ma prière et dans le fait que Celui qui bouleverse bouleversera tout, jusqu'à ce que vienne “Celui à qui appartient le jugement”. » The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, p. 220;
Nous identifier en tant que reflet de l'Amour divin nous entraîne inévitablement vers des tâches plus élevées et devrait nous amener à donner des preuves plus élevées de notre compréhension de la domination qu'a l'Amour sur l'univers. Il est intéressant de constater que dans les Béatitudes, l'humilité, la miséricorde et la pureté précèdent « Heureux ceux qui procurent la paix, car ils seront appelés fils de Dieu » Matth. 5:9;. Le fait de nous identifier toujours davantage avec l'Amour divin devrait nous détourner quelque peu de nos préoccupations personnelles pour nous faire mieux prendre conscience des besoins de l'humanité et nous inciter à utiliser ce que nous savons de la loi de Dieu pour bénir les autres.
Celui qui, avec des motifs désintéressés, souhaite prier pour le monde, se demande parfois honnêtement s’il est capable de faire ce travail. Il peut avoir l'impression qu’il ne connaît simplement pas assez bien les divers maux qui affligent les nations. Il veut éviter de paraître naïf ou téméraire en cherchant à remédier à des maux pour lesquels il ne voit pas de solution humaine applicable. La tâche semble trop lourde. Si beaucoup sont assaillis par ces pensées, il ne s’agit là que d’un autre argument fallacieux qui peut être réfuté. Pourquoi ? Dans la guérison de la maladie, il n'est pas nécessaire d'avoir une description minutieuse de chaque symptôme, mais ce qu'il faut, c'est voir l'homme dans sa plénitude et sa pureté, à l'abri de toute croyance à la maladie. De même, pour guérir les maux des nations, il n'est pas nécessaire de connaître chaque détail du problème ni tous les remèdes qui pourraient être prescrits.
La lecture quotidienne du Christian Science Monitor est une aide inestimable pour qui veut se tenir au courant des grandes questions qui préoccupent le monde et elle développe son sens de la communauté. Le ton et le but du Monitor, qui sont axés sur la guérison, font ressortir le fait que le principal besoin du monde n'est pas un examen approfondi du problème, mais l'application de la vérité spirituelle, tout comme dans le traitement de la maladie. Dans le domaine des relations internationales, les rivalités pour accaparer le pouvoir politique et économique sont l'expression, sur une plus grande échelle, de la crainte, de l'envie et de la cupidité qui se trouvent dans la pensée individuelle.
Le désir de contrôler ou de dominer les autres a son origine dans la croyance que le bien est limité, que les hommes doivent entrer en concurrence les uns avec les autres pour avoir accès à une quantité limitée de substance. En réalité, chaque individu reflète l'abondance et la générosité divines. Nous devons certainement prendre des mesures pratiques pour faire en sorte que les êtres humains aient suffisamment à manger et puissent se loger convenablement. Mais ce dont l'humanité a le plus besoin, c'est de remplacer le mode de penser humain limité, fondé sur les renseignements que fournissent les sens matériels, par la connaissance de la toute présence et de l'activité de Dieu en tant que bien universel. Ce travail bénira les populations des nations qui semblent souffrir de la pauvreté ou de la tyrannie. Dans les pays relativement riches, il aidera à éliminer les attitudes qui rendent les hommes aveugles aux injustices auxquelles ils contribuent peut-être, sans y penser.
Dans le royaume de Dieu — dans la réalité — il n'y a pas d'intermédiaire entre Dieu et Son reflet, l'homme. Parce que tel est le fait spirituel, toute organisation humaine n'est efficace que dans la mesure où elle nous aide à exprimer davantage la loi et l'ordre divins. Notre prière pour le développement progressif d'une institution, quelle qu'elle soit, doit dépasser le stade des pétitions pleines d'espoir et affirmer l'opération immédiate de qualités spirituelles éternelles telles que la sagesse et la justice.
Un tel travail est-il efficace ? Nous savons qu'il l'est, car il se fonde sur le même Principe et utilise les mêmes vérités que les Scientistes Chrétiens, en grand nombre, appliquent pour guérir la maladie. Mrs. Eddy écrit: « A notre époque la Science Chrétienne doit être acceptée par induction. Nous admettons le tout parce qu'une partie est prouvée, et que cette partie illustre et prouve le Principe tout entier. » Science et Santé avec la Clef des Écritures, p. 461. Le monde a besoin des prières des Scientistes Chrétiens pour guérir les blessures internationales — blessures aussi guérissables spirituellement que les blessures personnelles. Le praticien de la Science du Christ, ayant spiritualisé sa pensée, ne doute pas que la vérité de l'être soit capable de répondre à tout besoin humain. Nombreux sont les Scientistes Chrétiens qui prient déjà régulièrement pour voir le royaume de Dieu se manifester plus pleinement parmi les nations du monde.
La tâche qui s'impose à nous est d'utiliser davantage la Science Chrétienne, que notre Leader nous a révélée, pour guérir le monde de ses maux. Le christianisme du Christ est là pour répondre à tous les besoins de l'humanité. L'ère de l'harmonie mondiale, que la plupart d'entre nous attendent avec espoir, ne se manifestera que dans la mesure où chaque individu qui perçoit l'enjeu d'un point de vue métaphysique remplacera activement les suggestions de conflit mondial par le modèle mental de l'univers véritable — cet univers dans lequel le Prince de la Paix, le Christ, la Vérité, règne suprême.