En une certaine circonstance les habitants de Nazareth, irrités contre Christ Jésus, « s'étant levés... le chassèrent de la ville, et le menèrent jusqu'au sommet de la montagne sur laquelle leur ville était bâtie, afin de le précipiter en bas. Mais Jésus, passant au milieu d'eux, s'en alla. » Luc 4:29, 30;
Avec quelle émouvante simplicité le Maître assura sa sécurité ! On perçoit la pureté et la tranquillité de sa conscience au milieu de la haine acharnée et furieuse qui était décidée à le détruire. Bien que, en tant qu'être humain, il se trouvât au sein même de cette foule, la connaissance qu'il avait de son identité divine de Fils bien-aimé de Dieu le rendit invulnérable.
Mrs. Eddy écrit dans Non et Oui: « L'être véritable et conscient de Jésus ne quitta jamais le ciel pour la terre. Il demeurait perpétuellement dans le ciel, alors même que les mortels le croyaient sur la terre. » Mrs. Eddy enchaîne quelques lignes plus loin: « Le Christ réel n'était pas conscient de la matière, du péché, de la maladie et de la mort; il n'était conscient que de Dieu, du bien, de la Vie éternelle et de l'harmonie. C'est pourquoi le Jésus humain trouvait un refuge dans son moi supérieur et sa relation avec le Père et pouvait s'y reposer des épreuves irréelles dans la réalité et la royauté conscientes de son être, tenant le mortel pour irréel et le divin pour réel. C'était cet abondon du moi matériel pour le moi spirituel qui lui redonnait des forces pour triompher du péché, de la maladie et de la mort. » Non et Oui, p. 36; Dans la mesure où nous suivons le Maître, nous sommes aussi en sécurité dans la retraite secrète.
Quand vous pensez au Psaume (91:1, version Synodale): « Celui qui habite dans la retraite [secrète] du Très-Haut repose à l'ombre du Tout-Puissant », quel aspect cette « retraite secrète » revêt-elle à vos yeux ?
Lorsque j'étais enfant, je me représentais cet endroit comme une sorte de cache obscure. Des années plus tard, je me trouvais un jour sur les Downs, collines situées derrière Brighton, appelées bien à tort Devil's Dyke (la digue du diable). C'était une journée chaude et ensoleillée, et le chant de l'alouette emplissait l'air. Je levai les yeux et vis un oiseau minuscule duquel s'échappait un flot de sons merveilleux et qui rappelait ces vers du poète anglais Shelley:
Plus haut, toujours plus haut,
De notre terre tu t'élances,
Comme une vapeur enflammée ;
Ton aile bat l'abîme bleu,
Et tu montes, chantant, et montant
toujours chantes. « A une alouette »;
Tandis que je l'observais, l'alouette sembla voler droit dans le soleil. Là, je la perdis de vue, car la clarté était aveuglante. Je compris quelle protection cette clarté pouvait assurer. Quelqu'un aurait-il voulu tirer sur l'oiseau qu'il en aurait été incapable, malgré son adresse car, bien qu'il fût quelque part, là-haut, l'oiseau était invisible. La pensée que le lieu le plus secret réside dans la clarté la plus vive me remplissait de bonheur.
Il me souvint qu'en Science Chrétienne Mrs. Eddy se sert souvent du soleil comme d'un symbole pour désigner Dieu, tant il est vrai que le soleil peut évoquer le « Trè-Haut ». Aussi, et pour autant que nous reconnaissons et manifestons les qualités divines en reflétant Dieu, nous volons pour ainsi dire droit dans le soleil — nous identifiant complètement avec Dieu en tant que Son image et Sa ressemblance. Notre compréhension de l'identité de l'homme comme l'idée de Dieu, le seul Entendement, est pour nous la lumineuse retraite secrète parce que la haine, l'envie, la jalousie, ou n'importe quelle autre des machinations de l'entendement charnel hypothétique ne peuvent nous y trouver.
Lorsque nous nous souvenons de ce fait, nous ne pouvons jamais avoir peur de nous acquitter d'une juste obligation, même si cela semble nous amener sous ce qu'on appelle « les feux de la rampe ». Nous comprendrons que plus près de Dieu nous nous tiendrons en conscience, plus nous serons en sécurité.
S'il est vrai que nous ne pouvons supporter la clarté du soleil sans nous protéger les yeux, il est tout aussi vrai qu'une vue personnelle et finie des choses ne nous permet pas de comprendre ou de supporter la clarté de l'Esprit. Aussi, dans la mesure où nous revendiquons notre filialité spirituelle véritable, nous sommes en sûreté dans la clarté de l'Esprit, et ne pouvons être atteints par le sens personnel corporel agissant sous les espèces de la jalousie, du mépris ou de la critique.
Toutefois, si nous avons une conception particulière ou personnelle de notre bonté ou de notre efficacité, si nous pensons que nous sommes distincts de Dieu et nous considérons comme supérieurs ou inférieurs à notre prochain, nous sommes en quelque sorte rivés à la terre, comme une cible immobile, en butte aux sympathies et aux antipathies des autres. Le sens personnel ne prend jamais vraiment son vol.
« Mon Père agit jusqu'à présent; moi aussi, j'agis » Jean 5:17; dit Jésus, qui voyait avec éclat l'homme comme le reflet de son Créateur. Il nous faut le suivre dans la compréhension de ce fait. Alors, nous ne nous dénigrerons jamais nous-mêmes, nous ne penserons jamais à nous-mêmes comme à des mortels personnels ayant à affronter une journée chargée ou une tâche insurmontable. Nous n'aurons jamais peur des réactions d'autrui, n'attribuerons jamais davantage de qualités à notre prochain qu'à nous-mêmes, pensant qu'il est infiniment plus compétent que nous.
L'homme que Dieu créa se meut par le pouvoir de l'Esprit avec humilité, majesté, assurance et puissance. Il est armé par son Père, motivé par son Père et s'occupe des affaires de son Père. Comprenant cela, nous pouvons être intrépides mais disciplinés, actifs mais sereins, inspirés mais toujours à l'écoute.
Si nous sommes mus par le pouvoir de l'Esprit à chaque moment de tous les jours, nous habiterons « dans la retraite secrète du Très-Haut », dans la lumière de la révélation et du progrès continus, où le mal ne peut ni nous connaître ni nous trouver. Mrs. Eddy écrit: « Celui qui a prononcé le nom du Christ, qui a virtuellement accepté les exigences divines de la Vérité et de l'Amour en Science divine, s'éloigne chaque jour du mal; et tous les efforts pervers de démons imaginaires ne pourront jamais changer le cours de cette vie en l'empêchant de se diriger fermement vers Dieu, sa source divine. » Miscellaneous Writings, p. 19.
