L’expérience humaine semble très souvent chargée de conflits et de frictions personnelles ainsi que du tumulte émotif qui les accompagne. Même celui qui paraît être le vainqueur d’une querelle ou d’une lutte est rarement tout à fait dégagé de la suggestion sournoise que la victoire peut encore lui échapper, alors que son opposant, tourmenté par le sens de défaite imminente, devient de plus en plus péremptoire tandis qu’il emploie tous les moyens de l’entendement humain pour résister aux arguments de son adversaire, et en faire ainsi à sa guise.
Cette sorte de situation navrante est l’effet de la pression de l’entendement charnel, non surmontée, et si on la laisse se développer entre un époux et une épouse, par exemple, elle peut briser leur mariage, ou si elle se manifeste entre les deux associés d’une affaire, elle peut ruiner leur affaire commune.
Pour des groupes plus nombreux, telle qu’une filiale de l’Église du Christ, Scientiste, laquelle fonctionne sur les bases du gouvernement autonome démocratique, il se peut que de profondes divergences d’opinions s’élèvent parmi ses membres, en raison de la grande diversité de leur formation, de leurs goûts, et de l’envergure de leur expérience. Le gouvernement autonome démocratique, partout, se fonde sur la libre discussion et le vote majoritaire, lequel, lorsqu’il est accepté de bonne grâce par la minorité, devient la décision acceptée par l’ensemble et donne à tous la possibilité de travailler ensemble. Refuser d’accepter une décision et continuer à persister dans sa propre opinion, comme étant la meilleure, peut conduire à des frictions personnelles et apporter le chagrin à tous, tandis que lorsque le système démocratique fonctionne avec succès cela laisse la voie libre pour corriger toute décision, et en même temps aide aussi au développement de l’individu.
Supposons qu’une minorité persiste à affirmer que son opinion est juste, que feront les membres de l’un et l’autre groupe ? La discorde entre les membres, avec son cortège d’irritation, de ressentiment, de contraintes et de tension est-elle inévitable ? Le sens humain peut alléguer qu’elle l’est, mais la Science ChrétienneChristian Science: Prononcer ’kristienn ’saïennce. enseigne que le conflit n’est pas inévitable et elle l’a prouvé. Un Scientiste Chrétien peut toujours réaliser que le pouvoir de discerner ce qui est juste dans n’importe quelle situation n’est pas la possession personnelle de quelqu’un mais qu’il est une fonction de l’intelligence, la qualité primordiale de Dieu, le seul Entendement infini; une qualité reflétée spirituellement par tous et une qualité qui peut être utilisée sans limite par chaque individu.
Étant donné qu’une idée de la Vérité existe en soi, qu’elle se soutient par elle-même et que son attraction est toujours efficace, l’étudiant de la Science Chrétienne peut donc réaliser que la venue de cette idée à la conscience humaine, au moment où elle est nécessaire, n’est jamais entravée par quoi que ce soit de réel. Bien que le fait de l’énoncer puisse quelquefois susciter l’opposition du sens personnel, ou prétendu entendement mortel, cette opposition n’est pas surmontée par une simple insistance opiniâtre mais par un paisible attachement au pouvoir de l’Entendement divin, gardant notre confiance en la lumière de son amour qui se répand partout; lumière qui peut apporter à tous les intéressés, y compris nous-mêmes, le discernement de l’idée juste et le désir de l’accepter.
Il se peut qu’en certains cas, parmi de petits ou de larges groupes, il devienne souhaitable d’expliquer, encore et encore si c’est nécessaire, que la méthode ou la ligne de conduite qui a été proposée est raisonnable et équitable, mais l’insistance opiniâtre de l’entendement mortel n’est jamais justifiée en aucune façon. Cette insistance obstinée indique ordinairement soit un manque de compréhension du pouvoir qu’a le Christ, la Vérité, de se communiquer lui-même, soit une foi insuffisante en ce pouvoir. L’insistance obstinée, agressive, est l’opposé du calme raisonnement spirituel; elle est susceptible de provoquer des réactions de sa propre espèce, pour la plus grande frustration de tous.
La Science Chrétienne donne à ses étudiants la confiance scientifique en la victoire ultime de l’idée juste. Mais cela ne veut pas dire que nous n’ayons rien à faire. Nous ne devons pas espérer rester là à ne rien faire quand la question en jeu implique l’expression du Principe. C’est notre privilège et notre obligation d’énoncer calmement l’idée juste telle que l’Entendement divin nous l’a donnée, et ensuite de soutenir l’explication verbale par la réalisation silencieuse du pouvoir qu’a l’Entendement, Dieu, l’unique conscience infinie, de communiquer à tous Ses reflets individuels l’exacte façon d’agir, les unissant ainsi et accomplissant Son propre dessein excellent pour tous Ses enfants.
C’est, en prière, l’attachement impersonnel à la présence et à l’activité infaillible de l’Amour divin, tout-intelligent, qui peut neutraliser l’instinct charnel, en nous-mêmes et dans les autres, l’empêcher de devenir trop insistant et querelleur, et qui peut apporter à tous l’idée juste. Comme saint Paul a bien dit: « Si nous marchons dans la chair, nous ne combattons pas selon la chair. Car les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles; mais elles sont puissantes, par la vertu de Dieu, pour renverser des forteresses. Nous renversons les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu, et nous amenons toute pensée captive à l’obéissance de Christ » ! II Cor. 10:3–5;
Cette déclaration de l’apôtre implique clairement que le combat que les Scientistes Chrétiens poursuivent dans toutes leurs activités, séculières et religieuses, est spirituel; ce combat n’est pas engagé contre les personnes, mais contre les mauvaises croyances qui sont tout à fait impersonnelles. A la base, la lutte est engagée contre les croyances inculquées par la vieille théologie concernant la nature du mal, par la science physique concernant la nature de la matière, et contre la conclusion finale à laquelle arrivent tant la vieille théologie que la science physique, c’est-à-dire, la mortalité et la nature de la maladie, telles qu’elles sont inculquées dans la pensée humaine par les théories médicales.
De même, dans la pratique de la Science Chrétienne alors que nos affirmations de la vérité et nos dénégations de l’erreur, silencieuses ou faites à haute voix, doivent être positives, courageuses, et même parfois véhémentes, cette insistance sur la vérité de l’être, cependant, ne doit jamais devenir — par la tension due aux circonstances peut-être — le travail de la simple volonté humaine, mais doit continuer d’être le résultat de la pensée élevée, de l’inébranlable attachement à Dieu et à Son idée. Plus nous sommes calmes, plus nous demeurons spirituellement joyeux, plus clair sera notre sens de la vérité et plus rapide sera la guérison.
Quand une controverse passionnée excite les émotions, nous devons réaliser que ce qui n’est qu’agressivité volontaire, ressentiment ou impression d’être offensé, tout cela est susceptible de faire une réalité de l’erreur même que nous voulons détruire, et de faire ainsi échouer le but de notre travail scientifique. Avec quelle simplicité Mary Baker Eddy résume tout ce qui peut être dit concernant l’erreur d’affronter les désaccords humains avec la seule insistance opiniâtre, quand elle nous enseigne dans Christian Science versus Pantheism: « Finalement, mes frères, continuons de dénoncer le mal en tant que prétention illusoire que Dieu n’est pas suprême, et continuons de le combattre jusqu’à ce qu’il disparaisse — non pas comme celui qui frappe le brouillard, mais comme celui qui élève sa tête au-dessus des brumes et pose son pied sur un mensonge » ! Pan., p. 6.
