Lorsqu'Élie eut été enlevé au ciel, Élisée hérita de la position et de l'autorité dont avait joui ce dernier (voir II Rois 2:15). Alors qu'il se trouvait encore dans les environs de Jéricho, on fit appel à lui pour la solution d'un problème qui préoccupait beaucoup les habitants de la région. Ils lui rapportèrent qu'en fait la ville était très agréable, ajoutant: « Mais les eaux sont mauvaises, et le pays est stérile » (verset 19). Grâce à la vision du prophète qui percevait la bienveillance de l'Éternel à l'égard de la cité, la nécessité dans laquelle ils se trouvaient disparut promptement et définitivement; et cette victoire annonça de façon prophétique les nombreuses occasions d'aide, de protection et de guérison qui allaient être associées avec le nom du prophète.
Quittant Jéricho, il se dirigea vers Béthel. Chemin faisant, un curieux incident eut lieu qui semblerait, tel que le décrit la Bible, militer contre l'esprit de bonté constructive qui caractérisait le prophète.
Nous lisons là, qu'à son arrivée, « des petits garçons... se moquèrent de lui. Ils lui disaient: Monte, chauve ! monte, chauve ! » Sur quoi le prophète « les maudit au nom de l'Éternel », et deux ours sortirent qui les mirent en pièces (versets 23 et 24).
Il se pourrait fort bien que dans l'idiome hébraïque les « petits garçons » aient tout bonnement été de jeunes sceptiques approchant de leur vingtième année. A cette époque, appeler quelqu'un « tête chauve », signifiait qu'on le qualifiait de lépreux, au physique ou au moral. Et sans aucun doute, il y avait dans l'injonction « monte ! » un sarcasme à propos du départ d'Élie auquel Élisée avait assisté récemment (voir versets 11 et 12). Béthel elle-même, où se déroulait l'incident en question, était devenue un centre du paganisme (voir I Rois 12:32).
Le châtiment qui s'ensuivit peut paraître disproportionné, mais ces jeunes gens étaient assez grands pour savoir qu'ils auraient mieux fait de ne pas ridiculiser la carrière inspirée d'Élie ni celle d'Élisée. Peut-être Élisée assista-t-il à la scène où Élie, avec véhémence, dénonça Achab et Jézabel complotant l'assassinat de Naboth (voir I Rois 21:17–19, 23); ou bien à celle où Élie certifia au roi Achazia que l'accident que celui-ci avait eu s'avérerait fatal parce que, pour se rétablir, il avait cherché l'appui de Baal-Zebub, le dieu païen d'Ékron, au lieu de celui du véritable Dieu d'Israël (voir II Rois 1:2–4). Il est donc normal qu'Élisée agît conformément à l'attitude de son grand prédécesseur.
Tandis que sa carrière se déroulait, Élisée fut honoré en qualité de conseiller des rois. Une sécheresse terrible s'abattit un jour sur le pays alors que les souverains d'Israël, de Juda et d'Édom s'étaient réunis pour faire campagne contre le roi de Moab (voir II Rois 3:5–10). Ayant encore en mémoire les démonstrations de puissance qu'Élie avait prodiguées en son temps, le roi d'Israël s'adressa alors à Élisée afin d'être aidé, avec la certitude que « la parole de l'Éternel » guidait ce prophète également (versets 11 et 12). Ce dernier recommanda de creuser des fosses dans la vallée et, en effet, à l'aube, elles débordaient d'eau: la sécheresse avait été enrayée.
On reconnaissait par ailleurs qu'Élisée avait le don de pourvoir aux besoins de ceux qui étaient sincères et méritants. Par exemple, une pauvre veuve dans l'affliction fit un jour appel à lui tout en l'assurant de la piété fervente dont sa famille avait toujours fait preuve. Elle expliqua que, maintenant que son mari n'était plus là, elle se trouvait devant un créancier qui menaçait de lui enlever ses deux fils et d'en faire des esclaves à moins qu'elle ne parvînt à acquitter la dette en cause (voir II Rois 4:1).
Comme le prophète la questionnait: « Dismoi, qu'as-tu à la maison ? » (verset 2) elle répondit qu'elle ne possédait en tout et pour tout qu'un vase rempli d'huile. Mais après avoir emprunté, dans un esprit d'obéissance et d'expectative, les récipients que pouvaient lui prêter toutes ses voisines, il arriva que, partant de sa propre provision si maigre, elle réussit à les remplir tous jusqu'au bord. Elle suivit les conseils d'Élisée, vendit son huile, paya sa dette et disposa d'argent en suffisance pour pouvoir nourrir elle-même et les siens.