De nos jours, voyager rapidement et parcourir de longues distances entre les divers points du globe est devenu chose normale; cela fait partie de l'existence humaine, et il n'est plus rare de voir quelqu'un dont l'aspect général témoigne qu'il arrive d'un pays très éloigné. De telles rencontres incitent souvent à demander: « Où êtes-vous né ? » Qu'elle soit inspirée par une simple curiosité ou par un intérêt réel et intelligent, la question semble inoffensive et toute naturelle.
Néanmoins, si l'on s'y attache davantage qu'implique cette question pour celui qui la pose et pour celui qui en est l'objet ? En fait elle est inspirée par le sens matériel profondément enraciné qui voit l'homme comme un mortel, un être fait de chair ayant une origine matérielle; donc, elle sous-entend que le genre humain est divisé en groupes étrangers, raciaux, nationaux et même linguistiques, et souvent peu fraternels les uns envers les autres. La question comporte également la croyance que les membres de tel ou tel groupe sont nés avec une mentalité et un tempérament dont les caractéristiques générales sont particulières à ce groupe. S'il accepte cette croyance, cela incite le questionneur à juger mentalement le questionné selon le niveau de développement intellectuel et culturel de ce groupe, et à fixer sur l'individu les traits particuliers au groupe, y compris ses sympathies, ses préjugés et ses antagonismes.
Appliquer une telle étiquette mentale peut être d'une grande injustice à l'égard du visiteur, et induit le questionneur en erreur. Parce qu'elle est pratiquée d'une manière générale, cette façon de cataloguer tend à écarter des parties entières de l'humanité loin d'autres groupes dont la culture, la religion et l'histoire sont différentes.
Grâce à l'éducation et à la maturation spirituelle, un individu peut graduellement vaincre les limitations que le sens racial, national ou l'esprit de tribu semble avoir dressées tout autour de lui. Mais c'est par l'étude de la Science Chrétienne que l'on peut se libérer complètement de l'habitude de limiter les autres, et soi-même par conséquent.
La Science Chrétienne n'ignore pas qu'il existe de vastes différences tant sur le plan du développement intellectuel et culturel qu'en ce qui concerne le tempérament des divers peuples de la terre. Elle reconnaît ces différences, mais ne s'arrête pas là. La Science Chrétienne offre mieux: l'assurance scientifique que les abîmes qui les séparent et leurs limitations matérielles peuvent disparaître parce qu'ils ne sont que les expressions de différents concepts que les êtres humains entretiennent au sujet d'eux-mêmes et des autres.
La Science Chrétienne fait voir clairement qu'aucune attitude, ou point de vue, fondée uniquement sur le sens matériel de l'homme n'est vraie, ni réellement intelligente, ni aimante, car elle attribue à la matière le pouvoir de définir le caractère et les capacités d'un individu et d'influencer tout le cours de son existence. Il est certain que, seule, la compréhension scientifique de l'origine de l'homme, — tel qu'il est en vérité: résultat, donc ressemblance, de Dieu — permet d'établir des relations véritablement fraternelles et profitables entre les personnes et les peuples. Car c'est son origine réelle qui détermine la vraie nature de l'homme, ainsi que son caractère et son expérience. Notre Leader, Mrs. Eddy, écrit: « La base de la discorde mortelle est un faux sens concernant l'origine de l'homme. Bien commencer, c'est bien finir. Tout concept qui semble avoir son origine dans le cerveau débute mal. » Science et Santé, p. 262;
Comprendre que l'homme est un être spirituel, le rejeton ou le reflet de l'Esprit infini, Principe créateur, révèle l'homme non comme une masse informe et sans visage, mais comme un être individuel dont les qualités particulières, l'attrait et les capacités de développement dérivent de son origine, l'Entendement divin, qui est le Père de toutes les idées spirituelles.
Donner à ce fait universel de l'homme la première place dans la pensée sera d'une grande aide pour neutraliser toute aversion, préjugé ou antagonisme qu'une personne pourrait entretenir à l'égard d'individus appartenant à des groupes prétendus opposés aux siens; ainsi, leur contact mutuel deviendra une expérience réciproquement profitable, libre et joyeuse. De cette façon, nous ne serons pas à la merci d'une impulsion purement émotive dans nos rapports avec celui qui possède une moins bonne éducation, car cette compréhension nous rendra capables de discerner les valeurs humaines qu'il a réellement démontrées; reflétant la sagesse de l'Amour, nous serons guidés, dans nos relations avec lui, pour prendre des décisions pratiques sans pour autant manquer de gentillesse, de compréhension et de compassion.
Christ Jésus n'a certainement pas aimé les membres de sa propre nation ou de sa propre race plus qu'il n'a aimé les autres. Il n'est pas davantage fait mention qu'il ait demandé à qui que ce soit où il était né avant de le guérir. Le serviteur du centenier romain guéri par lui était aussi précieux à ses yeux que la simple femme juive qui toucha le bord de son vêtement, et fut, de ce fait, guérie. Pareil comportement du Maître n'était-il pas en accord direct avec les enseignements du Lévitique ? « Si un étranger vient séjourner avec vous dans votre pays, vous ne l'opprimerez point. Vous traiterez l'étranger en séjour parmi vous comme un indigène du milieu de vous; vous l'aimerez comme vous-mêmes, car vous avez été étrangers dans le pays d'Égypte. Je suis l'Éternel, votre Dieu. » Lév. 19:33, 34;
Notre Leader projette la lumière du Christ, la Vérité, sur toute notion préconçue d'après laquelle les membres de certains groupes ont plus de valeur ou laissent présager de plus belles espérances que d'autres, donc sont plus capables de rendre d'utiles services. Mrs. Eddy révèle la fausseté de ce sens généralement entretenu, en nous apprenant que « seul l'Entendement possède toutes les facultés, la perception et la compréhension. Par conséquent les qualités mentales ne sont pas à la merci de l'organisation et de la décomposition, — autrement les vers mêmes pourraient défaçonner l'homme. » Science et Santé, p. 488; Lesdites qualités ne dépendent pas non plus du lieu de naissance de l'homme, de la couleur de sa peau ni de son patrimoine héréditaire, de son histoire humaine ni de ses ancêtres. La Science Chrétienne enseigne que l'Entendement, qui est Amour, est absolument impartial dans la dispensation de ses propres qualités, que celles-ci s'adaptent à toutes les situations et qu'elles sont toujours à la hauteur de chaque exigence de l'existence humaine.
S'attacher à ces faits scientifiques, qui s'appliquent avec un égal pouvoir aux membres des groupes les plus développés comme les plus primitifs, et communiquer aux uns et aux autres les vérités de la Science Chrétienne dans la mesure où l'opportunité nous est offerte de le faire, voilà qui nous donnera la joie de constater le progrès et le développement de ceux qui semblaient arriérés et de les voir accueillir les possibilités nouvelles qui s'offrent à eux.
Quant nous accepterons réellement ces faits pour nous-mêmes, nous éviterons l'emploi du terme « étrangers », et si toutefois nous l'utilisons, nous le ferons sans aucun sentiment d'incertitude ou de suspicion. Ainsi le mot « étranger » n'impliquera plus pour nous l'idée d'un adversaire éventuel, il désignera plutôt un véritable ami que nous n'avoins pas encore rencontré; et l'expression humaine « la famille de l'homme » s'approchera réellement de sa signification spirituelle « la famille des idées de Dieu ». Alors, quand nous rencontrerons ceux qui viennent des points les plus reculés du globe, nos cœurs se feront l'écho de ce message de bienvenue de notre Leader: « Pèlerin sur la terre, ta demeure est le ciel; étranger, tu es l'hôte de Dieu. » p. 254.
