Messager divinement inspiré et envoyé par Dieu, Élie confondit les prophètes de Baal, fit tomber une pluie abondante dans un pays où la sécheresse sévissait, et délivra le peuple du spectre hideux de la famine. Pourtant, immédiatement après avoir accomplie ces œuvres magnifiques, menacé par le courroux d'une femme dévergondée, il s'enfuyait pour sauver sa vie. On est en droit de se demander par quel procédé l'entendement mortel réussit à abattre la foi qu'Élie avait en Dieu au point de le réduire au doute et à la crainte.
Bien que la Bible ne soit pas très explicite sur ce point, il est clair qu'Élie avait été en communion avec Dieu par la prière tout au long de sa triomphale démonstration et qu'il avait eu une conviction absolue d'agir sous la direction divine.
L'homme mortel qui s'imagine être un juste simplement parce qu'il n'est pas mauvais, tout en s'obstinant à croire qu'il possède une identité séparée de Dieu, ne peut jamais se trouver en complète sécurité car il croit à la possibilité d'être exclu de la protection divine. Celui qui comprend, ainsi que nous l'enseigne la Science Chrétienne, que sa véritable identité est l'expression entièrement spirituelle de l'être de Dieu n'est pas exposé à oublier qu'il est toujours en sécurité et à être ainsi privé du salut. Toute idée spirituelle étant inséparablement unie à Dieu, rien ne saurait troubler sa sécurité.
Adam et Ève eux aussi furent tentés; dans leur cas il ne s'agissait pas de menaces, mais de promesses. Une fois élucidée par la Science Chrétienne, combien cette allégorie biblique, qui débute au deuxième chapitre de la Genèse, dépeint d'une façon vivante et fidèle les conséquences funestes qui guettent ceux qui se laissent séduire par l'erreur !
Une fois qu'ils se furent détournés de l'Éternel Dieu en mangeant du fruit défendu de la connaissance du bien et du mal, Adam et Ève s'aperçurent qu'ils étaient nus. Effrayés, ils essayèrent de s'échapper en se cachant de la Vérité, plutôt que de braver le mal. Ils furent condamnés pour avoir cherché refuge dans la matière contre l'Esprit.
Aucun être humain, semble-t-il, n'échappe aux tentations de la matérialité; c'est pourquoi il n'est pas d'existence totalement exempte d'accès de découragement et de doute. Ils nous assaillent aux moments où nous ne sommes plus en garde, ces moments où nous acceptons l'idée que nous pouvons être séparés de Dieu. De telles tentations n'ont pas le pouvoir de troubler celui qui est fermement établi dans la Vérité ni de lui nuire.
Dans Science et Santé Mrs. Eddy écrit: « Le fait central de la Bible est la supériorité du pouvoir spirituel sur le pouvoir physique » (p. 131). Elle déclare par ailleurs: « La pensée sera plongée dans les ténèbres et le doute, tant qu'elle basera la création sur la matérialité » (ibid., p. 551). Dieu, le créateur de toutes choses, est Esprit, et l'homme qui est Sa création ne fait qu'un avec Dieu. Il est créé dans le seul but de publier la présence et la puissance de Dieu. Celui qui ne dévie pas de cette doctrine se sait en sécurité.
Il peut paraître ardu et même déchirant d'abandonner ses croyances matérielles, et certains préféreraient temporiser. D'autres ont eu la vision de la vérité spirituelle et, remplis d'un zèle fougueux, croient pouvoir brûler les étapes. Mais nos erreurs servent à nous corriger et les obstacles dressés par la croyance mortelle ne sont autres que des moyens de prouver la totalité de Dieu.
Chacun de nous doit apprendre à préserver le sentiment de son unité avec Dieu par d'humbles et ferventes prières. Nous devons apprendre à aimer en manifestant à autrui sans restriction la bienveillance même de Dieu. Les menues occasions de démontrer la présence de l'Amour se présentent alors naturellement; enfin lorsque nous aurons compris que le mal est impuissant à nous séparer de Dieu, nous constaterons qu'aucune situation ne dépasse nos capacités.
Au long de notre route vers l'Esprit, il se peut que nous connaissions des échecs apparents accompagnés de périodes de doute et de découragement. Cela ne retire rien à la vérité si magistralement révélée par la Science Chrétienne, que nous devons à l'amour, à l'abnégation et aux efforts divinement guidés de notre bien-aimée Leader. Il s'agit simplement d'éprouver la solidité de notre compréhension de sa révélation, et de nous contraindre à nous élever à des démonstrations supérieures.
Au quatorzième chapitre de l'Évangile selon saint Matthieu, il est relaté qu'un soir Jésus envoya ses disciples sur l'autre rive de la mer de Galilée, et qu'au lieu de les suivre il se mit à prier; pendant ce temps ses disciples avaient les plus grandes difficultés à ramer car la barque était battue par le vent contraire et les vagues.
Au cours de la dernière veille de la nuit, alors que l'aube se levait, Jésus alla vers eux, marchant sur la mer. Enhardi par la présence du Maître, Pierre cria: « Seigneur, si c'est toi, ordonne que j'aille vers toi sur les eaux » (Matth. 14:28). Le récit poursuit: « Jésus lui dit: Viens !... Pierre, étant descendu de la barque, marcha sur les eaux et alla vers Jésus. Mais, sentant la violence du vent, il eut peur; et, comme il commençait à enfoncer, il s'écria: Seigneur, sauve-moi ! Aussitôt Jésus, étendant la main, le saisit et lui dit: Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »
L'impétuosité de Pierre et son amour profond mais étroit pour Jésus auraient été incapables de l'empêcher de se noyer. Il ne doutait point que son Maître était capable de se maintenir au-dessus des flots déchaînés, mais il n'était pas sûr qu'il en fût de même pour lui. Pourtant l'amour du Christ le soutint; par la suite cet amour qui était simplement humain fut transposé en une compréhension et une puissance spirituelles.
Nous aussi aujourd'hui, bien que nous nous trouvions devant des problèmes qui semblent dépasser notre force et notre intelligence, nous pouvons trouver la force spirituelle en reconnaissant qu'il n'existe pas d'autre pouvoir vers lequel se tourner ni d'autre pouvoir qui puisse nous sauver, que Dieu. Continuant à travailler et à aimer, nous sommes élevés, protégés, conduits par le Christ, la Vérité. Suivons le conseil de notre Leader: « Que ni la crainte ni le doute n'obscurcissent votre sens lumineux et votre calme confiance, que la perception de la vie harmonieuse — comme l'est éternellement la Vie — peut détruire tout sens douloureux de ce qui n'est pas la Vie, ou toute croyance en ce qu'elle n'est pas » (Science et Santé, p. 495). Fortifiés par de telles paroles, ne doutons jamais plus.
