L'histoire nous apprend qu'à certaines époques les hommes ont eu une conception de la justice qui les a fait se dresser contre le pouvoir tyrannique d'un homme, s'y opposer et le renverser.
C'est un tel événement qui se produisit en l'an 1215, événement qui revêt une signification toute particulière pour les Scientistes Chrétiens. En ce temps-là, l'Angleterre se trouvait sous la domination d'un souverain égoïste et cupide qui accablait le pays tout entier sous ses demandes d'argent. Dans les plaines de Runnymede, les barons anglais lui présentèrent une proclamation connue sous le nom de « Magna Charta » ou « la Grande Charte ». Quoique le but recherché à cette époque ne fut que de mettre fin à toutes les injustices qui se commettaient alors: injustices administratives et personnelles, impositions abusives, on a été amené depuis lors à considérer la Grande Charte comme représentant une étape importante vers l'établissement d'un gouvernement démocratique. Dans cet audacieux document était exposée une déclaration des droits basée sur le privilège dont Dieu a doué l'homme, à savoir le gouvernement de soi-même. Ce document s'attaquait et s'opposait directement à la volonté tyrannique d'un seul homme.
Mrs. Eddy comprit le sens profond de la Grande Charte, ainsi que la manière dont elle pouvait être appliquée à la conduite des affaires humaines. Elle écrivit une courte proclamation, ou déclaration des droits, se rapportant au gouvernement de l'église et la nomma la Grande Charte de la Science Chrétienne. Cette proclamation énonce avec une concision étonnante et d'une manière complète l'application du principe de la loi spirituelle dans le gouvernement de l'église. Notre Leader y dispose avec sagesse de l'entendement mortel ou volonté humaine; c'est ainsi que fut établi le droit pour chaque membre d'une église de se gouverner lui-même sous la direction de l'Entendement divin.
Dans The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany (p. 246) Mrs. Eddy déclare: « La signification de la Grande Charte de la Science Chrétienne est importante, en peu de mots elle dit beaucoup: tout en un et un en tout. Cette Charte soutient les droits inaliénables et universels de l'homme. Son gouvernement, qui est essentiellement démocratique, et par lequel et dans lequel l'homme gouverné par son Créateur est gouverné par lui-même, est administré avec le commun accord de ceux qui sont gouvernés. L'église est le porte-parole de la Science Chrétienne: sa loi et son évangile sont en accord avec les enseignements de Christ Jésus; ses règles sont la santé, la sainteté et l'immortalité — l'égalité des droits, des libertés et entre les sexes, la rotation des fonctions. »
Dans une église filiale, si les membres étudient les éléments de cet exposé pratique de la loi spirituelle et les appliquent aux affaires de l'église, ils réussiront aussi bien dans le travail de guérison que dans le travail fait pour ceux qui les entourent, car l'unique ennemi de tout le genre humain, le tyrannique entendement mortel, est ainsi éliminé de la pensée.
Il existe une relation certaine entre le fait qu'une église base son gouvernement sur la justice et les guérisons chrétiennes obtenues par cette église. Mrs. Eddy nous en donne l'assurance dans ce passage de Science et Santé (p. 226): « Dieu a construit une plateforme plus élevée des droits humains, et Il l'a érigée sur des revendications plus divines. Ces revendications ne se font pas au moyen de codes ou de credos, mais au moyen de la démonstration de “paix sur la terre, bonne volonté parmi les hommes.” Les codes humains, la théologie scolastique, la médecine matérielle et l'hygiène, enchaînent la foi et la compréhension spirituelle. La Science divine rompt ces chaînes, et alors s'affirme le droit qu'a l'homme, de par sa naissance, de ne devoir allégeance qu'à son Créateur. »
Christ Jésus ne reconnaissait qu'un seul gouvernement, et c'était pour lui le meilleur: le gouvernement de soi-même placé sous la loi de Dieu. Il eut la possibilité de régner et d'exercer son autorité sur d'autres hommes. Mais il refusa catégoriquement le piège qui lui était tendu par l'entendement mortel: l'ambition et le prestige personnels. Durant les quarante jours qu'il passa dans le désert, il rejeta triomphalement toute tentation de s'accorder de l'importance et s'adressa à l'entendement mortel en ces termes (Matth. 4:10): « Retire-toi, Satan ! Car il est écrit: Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu ne rendras de culte qu'à lui seul. »
Une fois de plus, par sa compréhension du système fondamental de gouvernement individuel de soi-même placé sous la suprématie de l'Entendement divin, il démontra clairement que l'obéissance à la loi spirituelle, et non l'obéissance à l'autorité d'une personne, était une obligation et à la fois une nécessité. Dans l'Évangile de Luc (10:25) nous lisons: « Alors un docteur de la loi se leva et, pour mettre Jésus à l'épreuve, il lui dit: Maître, que ferai-je pour hériter la vie éternelle ? » En réponse à cette tentation de l'entendement mortel qui cherchait à le faire intervenir en tant qu'autorité personnelle, Jésus répondit: « Qu'est-il écrit dans la loi ? Qu'y lis-tu? » Cette réponse était inspirée par la sagesse divine, et elle nous montre tout le respect que Jésus avait pour la loi spirituelle, l'unique autorité dont les hommes ont réellement besoin pour mener à bien leur tâche dans la vie.
Un autre incident qui se produisit durant le ministère de notre Maître éclaire un élément significatif du gouvernement spirituel de soi-même, et concerne directement les affaires de l'église. Nous lisons dans l'Évangile de Jean (6:15): « Alors Jésus, sachant qu'ils allaient venir l'enlever pour le faire roi, se retira de nouveau seul sur la montagne. »
Il est bon de noter ici que Jésus ne chercha pas à se réfugier auprès de ses disciples, à se fier à un petit groupe e personnes pour échapper à la clameur de l'entendement mortel. Au contraire, Jésus trouva dans la solitude sa propre réponse, dans le sanctuaire sacré de la communion avec l'Entendement divin, le Principe impersonnel. Il ne laissa pas le petit groupe de ses disciples devenir une coterie. Il fit son propre travail, et leur laissa le soin de faire chacun le leur, de travailler à leur propre salut.
Quelle leçon pour le Scientiste Chrétien, et pour son activité dans une église filiale ! Nous devrions résister à la tentation de croire à l'importance de l'individu en soi et ne pas encourager une telle attitude chez les autres. L'égalité spirituelle est la base du gouvernement d'une église filiale, et nous y parvenons le mieux quand nous assujétissons notre propre pensée à la direction de la loi divine. L'individualité véritable démontre l'unité de l'Église.
Nous sommes utiles à la Cause de la Science Chrétienne, à notre église filiale et à l'humanité, dans la mesure de notre compréhension spirituelle et de notre aptitude à appliquer correctement cette Science, qu'il s'agisse de nos propres problèmes ou des problèmes de l'église. Un individu cherchant à résoudre n'importe quel problème, le sien, celui d'un autre ou encore celui de son église, aura la pensée la plus claire et la démonstration la plus élevée dans la mesure où il travaillera dans la solitude, selon ses possibilités, avec une entière confiance en la Parole révélée de Dieu.
Nous trouvons à la page 239 de Science et Santé un passage qui peut nous aider en ce sens. « Supprimons les richesses, la renommée et les organisations sociales, qui ne pèsent pas un iota dans la balance de Dieu, et nous obtiendrons des vues plus claires du Principe. Dispersons les coteries; que l'honnêteté nivelle la richesse, que le mérite soit apprécié selon la sagesse, et nous obtiendrons des vues plus justes concernant l'humanité. »
Une coterie est un petit groupe fermé de quelques personnes. Le fait qu'une coterie soit fermée tend à réserver à certains privilégiés le droit de gouverner, droit qui en réalité appartient à tous. L'église filiale dont les membres discernent l'absolue nécessité du gouvernement individuel de soi-même placé sous la direction du Principe divin, est une bénédiction pour beaucoup.
Le fait de mettre en pratique les éléments de la Grande Charte de la Science Chrétienne dans notre travail pour l'église ne représente pas une obligation ennuyeuse, mais un avantage et une bénédiction. Cela donne de meilleurs travailleurs pour l'église et de meilleurs guérisseurs. Celui qui refuse la solution de facilité qui serait de laisser décider les affaires de l'église par de petits groupes qui ont pu s'y former, et qui cherche à être guidé par la prière, bénéficie d'une grande liberté mentale et de compréhension spirituelle. Nous puisons dans les vastes ressources de l'Entendement les idées spontanées de l'Esprit, dont les révélations sont pratiques et infaillibles.
Dieu Se fait universellement connaître à travers ce que chacun découvre de Lui, et l'unité de l'Entendement devient apparente dans les affaires de l'église quand ses membres sont « tous ensemble dans le même lieu » (Actes 2:1, version Segond) comme le furent les disciples, le jour de la Pentecôte. C'est cette unité spirituelle existant entre les membres d'une église qui démontre la démocratie et le gouvernement de soi, tels que le veut la Grande Charte de la Science Chrétienne, unité indispensable pour mener à bien le travail présentement entrepris pour l'église.
