En parlant avec ses disciples peu après la transfiguration, Christ Jésus leur donna une précieuse recette de vie harmonieuse. Il leur dit, comme il est rapporté dans l'Évangile selon saint Marc (9:51): « Ayez du sel en vous-mêmes, et vivez en paix entre vous. » S'il est une chose par-dessus tout dont les hommes ont besoin et qu'ils désirent aujourd'hui, c'est bien de vivre en paix entre eux. La recommandation du Maître d'arriver à cela utilise un langage quelque peu étrange pour les oreilles modernes, mais l'admonition d'avoir du sel en nous-mêmes renferme la signification la plus pratique et la plus puissante lorsqu'on examine l'origine de l'expression
L'emploi du sel, à la fois pour donner du goût, pour préserver les aliments et comme élément des offrandes sacrificatoires, est relaté nombre de fois dans l'Ancien Testament. La loi lévitique exigeait: « Tu mettras du sel sur toutes tes oblations; tu ne laisseras point ton offrande manquer de sel, ce qui est le signe de l'alliance avec ton Dieu. Sur tes offrandes, tu mettras donc du sel » (Lév. 2:13). Par conséquent, le sel était, pour les Hébreux, une partie indispensable de leurs rites sacrificatoires. Il servait d'agent de conservation pour éviter la pollution et la décomposition. Son emploi garantissait que chaque offrande était déposée devant Dieu sans la moindre impureté ou contamination. Ainsi le sel était considéré comme un symbole de durée, de pureté et d'intégrité. L'alliance du sel observée par les Hébreux constituait une assurance que la plus grande confiance pouvait être placée sur tout accord qui devenait ainsi solennel.
Christ Jésus et ses disciples étaient familiarisés avec la loi lévitique et la signification symbolique de ses nombreuses exigences. Leurs voyages les menèrent parfois près des rives de la mer Morte, la source du sel qui avait été employé par les prêtres et les pénitents pendant de nombreuses générations précédentes. Aussi lorsque leur grand Maître faisait allusion au sel, comme il le fit fréquemment, les leçons qu'il enseignait avaient une valeur permanente pour ses disciples. Le passage dans lequel cet article trouve son titre peut être, et a été, d'une valeur bienfaisante pour les disciples du Christ d'aujourd'hui. Les Scientistes Chrétiens comprennent ce que veut dire l'injonction: « Ayez du sel en vous-mêmes », et ils ont appris à s'attendre que l'obéissance à cette demande les amène à vivre en paix avec les autres.
L'harmonie entre les hommes et, à vrai dire, entre les nations, dépend aujourd'hui comme jadis de la mesure avec laquelle le sel de la purification spirituelle a été employé pour établir la durabilité et l'intégrité. Et quand la pureté a été établie, la grande obligation suivante est de s'assurer que le sel ne perde pas sa saveur. Le sel véritable, pur, sans mélange, ne peut perdre aucune partie de sa qualité saline, mais lorsqu'il est mélangé avec d'autres éléments étrangers, une telle perte est possible. L'intégrité et la confiance, donc, doivent être entourées d'une telle protection qu'elle les sauvera de la pollution et de la contamination matérielles. Le conseil de Jésus à ses amis était métaphorique, mais néanmoins sage. Sans aucun doute il voulait leur faire comprendre qu'un état de paix — paix de l'entendement et du corps, individuellement et collectivement — serait à eux dans la proportion où ils cultiveraient et acquerraient les caractéristiques de l'amour, de la foi, désintéressement et de l'humilité. Sachant que, étant réellement les idées de Dieu, ils possédaient déjà toutes ces qualités divines, il déclara qu'ils étaient « le sel de la terre » (Matth. 5:13) et les exhorta à prendre soin qu'aucun mélange d'impuretés des enseignements et pratiques matériels ne soit toléré pour atténuer leur pure saveur.
Mrs. Eddy écrit dans Science et Santé (p. 367): « Un Scientiste Chrétien occupe aujourd'hui la place dont parla Jésus à ses disciples lorsqu'il dit: “Vous êtes le sel de la terre.” “Vous êtes la lumière du monde; une ville située au sommet d'une montagne ne peut être cachée.” Veillons, travaillons et prions, afin que ce sel ne perde pas sa saveur, et que cette lumière ne soit pas cachée, mais qu'elle rayonne et luise jusqu'à ce qu'elle atteigne à la plénitude de sa gloire. » Les étudiants de la Science Chrétienne discernent bientôt que le conseil de notre Leader de veiller, travailler et prier, afin que la vraie saveur spirituelle puisse être conservée, est en lui-même l'essence de la sagesse. Les efforts négligents, apathiques et décousus pour atteindre ou maintenir une condition harmonieuse ne sont pas suffisants. Étre vigilant, actif, et désirer sincèrement acquérir un état d'intégrité sans tache dans la vérité, c'est veiller, travailler et prier pour que notre sel ne perde pas sa saveur.
Individuellement, le Scientiste Chrétien trouve la réponse à son besoin de purification dans l'étude quotidienne et la pratique de la Vérité. En veillant, travaillant et priant à cette fin il peut jouir de la paix, comme le Maître l'a promis. Les prétentions bruyantes de guerre et de désastre qui ont été élevées ces dernières années par un plan mauvais et délibéré de la part de certains, et permises grâce à l'indifférence de la part des autres, ne peuvent être réduites au silence et annulées que par la saveur spirituelle sacrificatrice que la Science Chrétienne inculque. Tous les membres d'une Église du Christ, Scientiste, trouvent parfois la rédemption et le réveil dans une application plus complète du sel auquel Jésus faisait allusion.
L'intégrité fut démontrée à un degré incomparable par le maître Chrétien. Mrs. Eddy exhorte (Miscellaneous Writings, p. 270): « Rangeons-nous alors du côté de celui qui “renversa les tables des changeurs et les sièges de ceux qui vendaient les pigeons” — de ceux qui troquent l'intégrité et la paix contre l'argent et la renommée ». Certainement l'exemple de Christ Jésus et le sage conseil de Mrs. Eddy nous donnent un précepte et un avis adéquats avec lesquels notre propre intention sacrificatrice peut maintenir sa saveur spirituelle.
Deux hommes employés dans le même bureau se trouvèrent en désaccord sur beaucoup de détails dans leur travail. Cet état se développa en un antagonisme apparent et par la suite en intrigues malicieusement organisées, qui terminèrent l'emploi des deux hommes. Ils commencèrent de longues recherches pour de nouvelles situations. Chacun d'eux trouva que ses références précédentes affectaient défavorablement ses perspectives, et plus de deux ans s'écoulèrent avant que chacun eût atteint une fois de plus une situation lucrative. Dans l'intervalle l'un d'eux, qui avait quelque compréhension de la Science Chrétienne, fut conduit à faire une étude plus sincère. Il apprit, entre autres choses, que l'homme est idée, non une entité physique; que l'idée de Dieu, l'homme, est le seul homme qui soit. Ceci le conduisit directement à la conclusion que, puisque tous les hommes sont réellement des idées dans l'Entendement, qui est Dieu, aucun ne peut entretenir ni refléter l'inharmonie ou la dissension envers un autre, parce que dans l'Entendement divin tout est harmonie et paix. Aussi lorsque, dans la nouvelle place, l'ancien spectre familier de l'antagonisme et de la méfiance semblait prêt à s'élever entre lui et ses collègues, l'étudiant de la Science Chrétienne fut à même de chasser de sa conscience toute crainte ou toute apparence d'inharmonie, avec, pour résultat, de nombreuses années de travail paisible et profitable. Il avait trouvé le sel en lui-même qui assure la paix avec les autres.
En Jésus-Christ, ce qui a de la valeur, ce n'est ni la circoncision, ni l'incirconcision, mais la foi qui prouve par l'amour l'efficacité de son action. Vous couriez bien: qui vous a arrêtés pour vous empêcher d'obéir à la vérité ? Pareille suggestion ne vous est pas venue de celui qui vous appelle. Un peu de levain suffit à faire lever toute la pâte. — Galates 5:6–9.
