Quelle bénédiction ce serait pour chacun de nous si, un jour, nous pouvions nous éveiller et nous trouver libérés du faux sens de l'être auquel nous pensons lorsque nous disons « moi ». Nous ne serions plus esclaves de pensées telles que: « je suis accablé; je vieillis; je suis un pécheur mortel. » Nous serions affranchis de l'esclavage d'un moi qu'à tour de rôle nous aimons et dont nous nous méfions, en qui nous mettons notre espoir et dont nous désespérons.
La Science Chrétienne nous permet d'atteindre à cette liberté. Elle le fait en remplaçant le concept tyrannique et idolâtre du « moi », par le vrai concept aimant de l'homme en tant qu'idée spirituelle. Dans le Glossaire de Science et Santé avec la Clef des Écritures, notre Leader, Mary Baker Eddy, nous donne une définition de « Moi, ou Ego » qui nous incite à penser et dont voici un extrait (p. 588): « Principe divin; Esprit; Ame; Entendement incorporel, infaillible, immortel et éternel. Il n'y a qu'un seul Moi, ou Nous, qu'un seul Principe divin, ou Entendement, gouvernant toute existence. »
Voici donc un concept éclairé du « Moi » qui est entièrement différent du concept courant. Le seul « Moi, ou Ego », n'est pas l'homme mortel et matériel qui lutte, dépérit et meurt. C'est le Principe divin, Dieu, comprenant toutes Ses idées. Dans ce sens plus noble du « Moi » il n'y a pas de place pour la précipitation et les tourments qui nous sont imposés par le faux sens de l'ego. Le « seul Moi, ou Nous » ne connaît que la sérénité de la perfection et de l'ordre divins, le calme éternel du bien-être conscient, l'harmonie immuable de la loi spirituelle, et l'homme reflète cet Ego.
Considérer Dieu comme étant le seul « Moi, ou Nous », c'est reconnaître que l'homme est à jamais entouré de la sollicitude divine. C'est voir que l'homme est aussi nécessaire à Dieu pour S'exprimer Lui-même, que Dieu est nécessaire à l'homme pour qu'il puisse exister. Comprendre le seul « Moi, ou Nous » élargit notre concept de Dieu jusqu'à ce qu'il englobe toute la famille de Ses idées, dans laquelle chacun de nous trouve sa place. De même, cette compréhension élargit notre concept de nous-mêmes jusqu'à nous faire percevoir que chaque individu renferme, en tant que reflet de Dieu, tout le bien qui émane de Dieu.
Ce serait une erreur de dire que Dieu et l'homme sont identiques, car l'homme n'est pas Dieu, et Dieu n'est pas l'homme. Dieu est la cause; l'homme est l'effet. Dieu est le Principe; l'homme est idée. Dieu est l'origine de l'homme; l'homme est le rejeton de Dieu. Ils sont distincts et individuels; nul n'est absorbé par l'autre. Cependant il serait également erroné de dire que Dieu est sans l'homme ou que l'homme est sans Dieu. Ils sont corrélatifs, coexistants, et inséparables en tant que Père et enfant. Mrs. Eddy nous dit dans Miscellaneous Writings (p. 18): « Tu te reconnaîtras toi-même comme étant uniquement l'enfant spirituel de Dieu, et tu reconnaîtras l'homme véritable et la femme véritable, ‟le mâle et la femelle” tout harmonieux, comme étant d'origine spirituelle, le reflet de Dieu, — donc comme enfants d'un même Père, — d'où il s'ensuit que Père, Mère, et enfant constituent le Principe divin et l'idée divine, voire le ‟Nous” divin — un dans le bien, et le bien en Un. »
Christ Jésus nous a donné de profondes vérités spirituelles concernant le seul « Moi, ou Ego », et la relation de l'homme à Dieu. Il dit: « Je suis venu au nom de mon Père » (Jean 5:43). « Moi et le Père, nous sommes un » (Jean 10:30). « Croyez-moi: je suis dans le Père et le Père est en moi » (Jean 14:11). Dans toutes ces déclarations, le grand Maître faisait allusion au Christ, son moi spirituel, le reflet du « seul Moi, ou Nous ».
Il est important que chacun de nous trouve le sens correct de son être véritable, afin de détruire le faux sens du moi qui fait surgir toutes les difficultés qui encombrent l'existence humaine. La crainte, la maladie, le chagrin, le péché, et la mort sont tous basés sur un sens erroné de l'homme, d'après lequel l'ego (le moi) demeure dans la matière, séparé de Dieu et sujet aux diverses discordes de l'existence matérielle.
Un professeur d'élocution dans une université, a dit que les étudiants donnaient généralement trop d'importance à leur énonciation du mot « Moi ». N'est-ce pas là le résultat de l'importance exagérée que nous donnons dans notre pensée au concept matériel du « moi »? Nous considérons trop souvent le « moi » mortel comme le centre de notre univers autour duquel toutes choses gravitent. Il est inévitable que si l'on se considère comme le centre de l'existence, si l'on se préoccupe constamment de son être mortel, cherchant à le favoriser, à le satisfaire, à le glorifier, on se sentira devenir de plus en plus malheureux. Réciproquement, si l'on pense à Dieu comme étant le Principe, le centre, aussi bien que la circonférence, de tout être, et si l'on se consacre au service désintéressé de l'Amour divin, la vie devient lumineuse de beauté, et l'on connaît un bonheur qui dépasse de beaucoup tout bonheur antérieur.
Si l'on regarde la vie du dedans d'une sphère dont les limites sont nos propres intérêts personnels, ces limites se rétrécissent de plus en plus, nous étouffent toujours davantage, jusqu'au point où elles chassent tout sentiment de joie. Mais si l'on regarde la vie du point de vue du concept toujours plus vaste de l'infinitude de Dieu, combien, alors, est illimitée notre vision de la beauté et de la bonté spirituelles!
Réfléchissons un moment à ce que nous pouvons attendre du vrai concept de Dieu en tant que seul « Moi, ou Ego ». Il peut corriger la croyance erronée selon laquelle nous pouvons être malades, las, ou pauvres, puisque Dieu ne peut être ainsi. Il calmera la brûlure causée par les sentiments meurtris, du fait que le « seul Moi, ou Nous », l'Amour divin et son objet, ne peut être touché par la méchanceté d'une pensée, d'un mot, ou d'une action. Il allégera le fardeau d'un faux sens de responsabilité par la joyeuse conception que Dieu seul conserve la santé, l'harmonie et la perfection de chaque idée du vaste univers de l'Entendement. Les complexes d'infériorité et de supériorité, ces deux négations jumelles de la justice et de l'amour impartiaux de Dieu, seront dissous quand on reconnaîtra que l'unique Ego infini, Dieu, accorde tout bien à chacun de Ses enfants bien-aimés.
Une de mes amies qui a étudié la Science Chrétienne pendant de longues années, a eu le grand privilège d'être du nombre de ceux qui entendirent Mrs. Eddy prononcer une allocution du haut du balcon de sa maison, à Pleasant View, Concord, New Hampshire, en juin 1903. Grâce à la Science Chrétienne, cette amie qui avait été aveugle d'un œil, et qui d'après les médecins devait perdre l'autre œil dans deux ans, recouvra la vue. Cette guérison eut pour résultat de lui donner le grand désir de voir et d'entendre la femme dont la révélation de la Vérité avait amené sa guérison.
Elle arriva à Pleasant View le matin de bonne heure, et attendit avec expectative au premier rang de ceux qui étaient assemblés pour entendre l'allocution. Elle désirait beaucoup savoir comment était Mrs. Eddy, mais elle ne s'attendait pas à ce qui arriva. D'après ses propres paroles, voilà ce qui se passa: « Lorsque Mrs. Eddy parut sur le balcon, les larmes inondèrent ma figure. Je vis seulement la douceur, l'humilité et l'amour. » Notre Leader exprimait l'amour désintéressé à un tel degré, que mon amie perdit toute notion de sa personnalité humaine.
Comment pouvons-nous remplacer un faux sens de nous-mêmes par notre unité consciente avec le seul Ego, Dieu, et posséder ainsi la domination sur tous les maux qui nous affligent? Jésus montra le chemin à ses disciples quand il dit (Jean 14:12): « Je vais auprès du Père. » Il s'identifiait lui-même à l'expression individuelle du vrai Ego, le seul « Moi, ou Nous ». Et notre Leader nous dit comment, nous aussi, nous pouvons avoir recours à ce vrai Ego. Elle dit dans Miscellaneous Writings (pp. 195, 196): « Le ‟moi” ira auprès du Père quand la douceur, la pureté, et l'amour, instruits par la Science divine, le Consolateur, mèneront au Dieu unique: alors le moi se trouvera non pas dans la matière, mais dans l'Entendement, car il y a un seul Dieu, un seul Entendement; et l'homme ne revendiquera pas d'entendement en dehors de Dieu. »
