Jésus Le Christ indiqua le grand but auquel il avait consacré sa vie parmi les hommes lorsqu'il déclara (Jean 15:13): « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » Interprétant la vie du Maître et montrant la portée scientifique de ses actes, de ses préceptes, la Science Chrétienne explique qu'il abandonna le sens mortel d'une vie qui semblait être la sienne afin de prouver que l'homme est purement spirituel — qu'il est l'immortelle ressemblance de Dieu. Il agit de la sorte par dévouement pour l'humanité, en trouvant la joie dans ce qu'il accomplissait.
Ce n'était donc pas un triste sacrifice du moi, une destruction de l'individualité, mais plutôt l'abandon de la conscience mortelle, du faux entendement qui d'une manière étrange dépeint l'homme et toute la création comme étant matériels, destructibles. Le sacrifice du Maître révéla son individualité spirituelle; lors de l'ascension le sens physique de vie s'effaça pour Jésus, qui s'élevait plus haut que la matérialité.
Pour échapper à la chair et trouver dans l'Esprit leur vie réelle toujours plus vaste, les humains doivent apprendre à renoncer à la conscience mortelle qui prétend être leurs propres sens physiques. Cela doit s'accomplir individuellement. Le plus grand amour qu'un homme puisse exprimer pour ses frères consiste à répudier en ce qui les concerne le tableau mortel indiqué par les prétendus sens physiques, pour n'admettre que les impressions de l'homme véritable qui nous viennent de Dieu par le sens spirituel.
Mary Baker Eddy montre clairement que la matière n'est qu'une image mentale produite et imposée par les sens matériels illusoires. Qu'elle paraisse dure ou molle, proche ou lointaine, profonde ou élevée, la matière est toujours un état subjectif de la pensée mortelle, affectant uniquement les conditions que lui attribue la croyance humaine. Croire que c'est une substance réelle en dehors de la pensée, voilà le danger. Au fait, si l'on adopte ce point de vue l'on s'exclut du royaume de l'Esprit où l'atmosphère est divine, et de l'univers des idées spirituelles. Comme l'affirme Mrs. Eddy à la page 167 de The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany: « Le monde hypothétique au-dedans de nous nous sépare du monde spirituel, qui est indépendant de la matière et nous unit les uns aux autres. »
Quand nous considérons avec calme le sens mortel de l'homme et du monde; quand nous voyons que c'est une vue fausse et limitée de la réalité présente — nous cessons de craindre la matière et les mortels. Nous réalisons que notre travail consiste non pas à rectifier par force « le monde hypothétique au-dedans de nous. » mais a comprendre pleinement qu'il n'est rien, à échanger ce faux monde contre le divin royaume spirituel qui est au-dedans de l'homme véritable. Nous tourner sincèrement vers le Père, attendre que Sa loi nous révèle le vrai concept des hommes et des circonstances, n'est-ce pas exprimer le plus grand amour possible? Condamner quelqu'un avec amertume, ne serait-ce pas accepter et même entretenir l'entendement illusoire qui attribue à notre frère des défauts méprisables? Ne serait-ce pas s'aveugler sur « le monde spirituel, qui est indépendant de la matière et nous unit les uns aux autres »?
Le Christ Jésus voulait que l'on aimât non seulement son prochain, mais son ennemi. Nous connaissons ses paroles (Matth. 5:44): « Moi, je vous dis: Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent; faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous outragent et qui vous persécutent. » Ici le mot « aimez » correspond au grec agapan, terme qui indique un amour spirituel plus élevé que l'affection purement humaine exprimée par le mot philein. Ce sens supérieur de l'amour est seul capable et désireux de repousser les impressions présentées par les sens mortels, pour reconnaître la perfection de l'homme et de l'univers dont Dieu est le créateur.
Dans Miscellaneous Writings (p. 8), Mrs. Eddy montre quelle est notre responsabilité morale à l'égard des ennemis. Elle pose ces questions: « Qui est ton ennemi pour que tu doives l'aimer? Est-ce une créature ou une chose en dehors de ta conception? » Elle dit en outre: « Peux-tu voir un ennemi si tu n'as pas d'abord formé cet ennemi, pour contempler ensuite l'objet de ta création mentale? » Puis elle donne elle-même cette réponse: « Considérez simplement comme votre ennemi ce qui souille, dégrade et détrône l'image du Christ que vous devriez refléter. » Il est donc clair que notre seul ennemi c'est l'inimitié — le faux sens, l'entendement charnel dont Paul dit qu'il est « inimitié contre Dieu » (Rom. 8:7).
C'est notre propre démonstration de la pureté qui est en jeu lorsque nous admettons ou rejetons le faux concept mortel d'autrui. Ceux dont le cœur est pur voient ce que Dieu voit, et trouvent leur joie dans l'unité des idées spirituelles. Les impurs acceptent l'image mortelle, le mensonge du faux sens, et se placent ainsi du côté de l'erreur. Ils retardent le jour où ils seront sauvés des aberrations de la croyance mortelle par quoi les sens corporels cherchent à tromper.
La libération spirituelle, vitale pour les humains, ne peut se produire que de la manière enseignée par le Maître puis expliquée par la Science Chrétienne. Abandonnant le sens corporel de la vie, nous trouvons notre moi véritable et celui des autres; nous constatons que Dieu est Tout, que l'homme Le reflète et ne saurait en être séparé — qu'il est-plein d'amour, sain, immortel, immuable, obéissant au Principe. Quand nous consacrons notre vie à cet idéal véritable obtenu grâce à la compréhension scientifique, nous exprimons l'amour que rien ne surpasse.