Le sens spirituel rend témoignage à l'Esprit et à tout ce qui émane de Dieu ou du bien. Il indique notamment la permanence et la perfection de l'existence spirituelle. Il montre que les fonctions de l'homme sont éternelles, spirituelles, indestructibles.
D'autre part le sens matériel, qui n'a pas de réalité, est une contrefaçon temporaire du sens spirituel. Il perçoit les indices matériels, entre autres la mortalité et l'homme mortel. Son témoignage renferme également le péché, la maladie, la mort. Pour le sens spirituel, la prétendue substance de la matière fait place à l'indestructible substance de l'Esprit. Au fond les facultés telles que la vue, l'ouïe, le goût, l'odorat, le toucher, se rattachent au sens de l'Ame, et si l'on reconnaît qu'elles sont créées par l'Ame, elles se trouvent être permanentes.
En étudiant les Évangiles, on remarque que Jésus rendit à plusieurs la vue et l'ouïe; il réfuta les apparences de la mort et de la corruption pour faire paraître à nouveau la vie, l'activité. Cela nous frappe tout particulièrement au sujet de Lazare dont le corps était depuis quatre jours dans la tombe, c'est-à-dire exposé aux croyances de pourriture et de corruption.
Comme le caractère permanent de notre existence et sa perfection dans l'Esprit sont révélés par le sens spirituel, il importe que chacun de nous cultive la compréhension spirituelle. La Bible appuie sur la valeur de cette compréhension et montre clairement comment on peut l'acquérir. Par exemple, l'auteur des Proverbes dit (9:10): « La connaissance du Dieu saint, c'est la prudence. » La nécessité de la compréhension spirituelle est spécialement mise en lumière dans les Proverbes. Ce livre enseigne ce que doit être notre attitude envers Dieu; il montre que la connaissance ou l'intelligence spirituelle constitue la chose la plus précieuse, digne de tous nos efforts.
Pour définir le sens spirituel, Mary Baker Eddy emploie quelques mots parfaitement appropriés lorsqu'elle déclare dans le livre de texte Scientiste Chrétien, Science et Santé avec la Clef des Écritures (p. 209): « Le sens spirituel est la faculté consciente et constante de comprendre Dieu. » Pour les Scientistes, une juste compréhension de Dieu est l'objectif le plus important. Ils apprennent à étudier ce qui concerne Dieu; ils scrutent la Bible et les ouvrages de Mrs. Eddy pour saisir la nature et le caractère divins — pour acquérir la connaissance spirituelle qui permet de discerner et de démontrer la présence, la puissance de Dieu ou du bien, de voir que le bien agit partout.
Pour atteindre au sens spirituel, il faut cultiver une connaissance de Dieu qui soit démontrable; il faut prouver pas à pas, précepte sur précepte, que le bien seul existe et sera toujours l'unique pouvoir. Dans ce travail la raison devient une faculté active. Parce que la raison et la logique sont inséparables de la Vérité, elles se trouvent dans les enseignements de la Science Chrétienne.
Dans cette Science, la prière qui s'adresse à Dieu est une communion avec le bien, un profond désir des choses spirituelles, l'entretien constant de qualités telles que l'espérance, la foi, le courage, la joie, l'affection. Il s'agit de cultiver la foi quand le doute ou le découragement nous assaillent; de pratiquer la bienveillance lorsque semblent prévaloir le dédain et l'ingratitude; d'être patient, doux et longanime en face des persécutions.
Cette attitude mentale ouvre la porte à la compréhension spirituelle. Le sens spirituel appuie toujours sur le bien qu'il met en relief dans les pensées et les actes. Comme l'affirme Mrs. Eddy (Miscellaneous Writings, p. 206): « Le vrai Scientiste Chrétien appuie constamment sur l'harmonie, en paroles, en action, mentalement et oralement; sans cesse il répète cet accord céleste: “Le bien est mon Dieu, et mon Dieu est bon. L'Amour est mon Dieu, et mon Dieu est Amour.” »
Tout en insistant fortement sur le bien, le Scientiste ne ferme pas les yeux sur le mal. Il en reconnaît les prétentions qu'il traite en prenant pour base l'absolue totalité de Dieu, du bien. Pour guérir par exemple la cécité ou la surdité, il reconnaît qu'il lui faut démontrer le discernement ou la compréhension spirituelle. Le sens spirituel l'avertit que les facultés sont non pas matérielles mais spirituelles. Il peut étudier dans les ouvrages de Mrs. Eddy ce qui concerne la vue et l'ouïe; il se rappellera que l'Évangile de Jean, au chapitre neuf, décrit la guérison d'un aveugle par Jésus: le Maître enduisit de boue les yeux de l'aveugle et lui commanda de se laver au réservoir de Siloé. Discerné spirituellement, ce passage montre que pour Jésus les yeux matériels n'étaient pas la source de la vue; il savait que le vrai remède était la purification par le Christ, le discernement de la vie dans son sens spirituel.
La guérison d'un sourd qui parlait difficilement nous offre une leçon analogue; nous trouvons ce récit dans Marc (7:32–37), où nous lisons que Jésus « lui mit les doigts dans les oreilles, et, avec sa salive, il lui toucha la langue. Puis levant les yeux au ciel, il soupira et lui dit: Ephphatath! c'est-à-dire: Ouvretoi! » Ceci montre clairement que pour Jésus les oreilles matérielles n'étaient pas la source de l'ouïe. Ce qu'exige le sens spirituel a deux aspects. Niant et répudiant la matière ou les lois matérielles, ce sens fait voir que toutes les facultés, les fonctions et leur activité sont en Dieu, dans l'Esprit, reflétées par l'homme.
Pour guérir en Science Chrétienne, la négation est indispensable comme aussi l'affirmation. Dans son ministère, Jésus exerçait l'une et l'autre. Sa compréhension spirituelle lui permettait de guérir instantanément, mais il ne feignait pas d'ignorer les prétentions de la matière ou d'une loi matérielle. Il les répudiait par un signe extérieur qui faisait impression sur les assistants.
Le sens spirituel demande que l'on nie les prétentions de la matière et que l'on affirme les faits de la Vérité. Le seul but de la négation est celui-ci: Pour nous-mêmes et ceux qui ont recours à nous, elle aide à produire la conviction que la matière est impuissante, que l'Esprit est tout, donc infiniment capable. Être toujours apte à comprendre Dieu, cela spiritualise la pensée et permet de retenir toutes les facultés, perpétuellement parfaites dans l'Esprit.
