Il y a plusieurs mois en pensant avec gratitude aux nombreuses guérisons et bénédictions reçues grâce à l'étude de la Science Chrétienne, l'auteur du présent article se dit qu'enfin il devait s'être assimilé dans une bonne mesure les leçons d'obéissance qui permettent d'obtenir les lumières et le développement spirituels. Or cette conclusion fut renversée par une chose qui se passa quelque temps après, quand la firme pour laquelle il travaillait eut besoin d'une forte somme qui lui était due par un client. Quelques semaines avant l'échéance, l'auteur vit cette personne qui déclara ne pouvoir payer sa dette.
En face de cette situation apparemment difficile, selon sa plus haute compréhension de la Science Chrétienne il chercha les directions divines. Il affirma que dans la totalité de l'Esprit divin se trouvent la substance et les ressources abondantes pour subvenir à tout ce qui est juste. Il put voir que comme il avait agi de bonne foi, il serait protégé. Il comprit que l'homme est l'idée du divin Principe, toujours gouvernée par la loi divine. Il déclara que le mesmérisme de la crainte n'a ni présence ni pouvoir dans l'univers de l'Amour où l'homme vit éternellement; donc le mesmérisme ne pouvait avoir aucune influence dans cette conjoncture. Mais bien qu'il connût la vérité, il ne ressentait pas la paix dont s'accompagne ordinairement la vraie prière.
Lors d'une seconde entrevue avec le client, il accepta un billet à trente jours au lieu d'espèces, car il croyait que la compagnie serait d'accord. Toutefois les directeurs refusèrent le billet parce que, dirent-ils, ce mode de paiement était contraire aux règles établies. Un sentiment de révolte, une crainte et un trouble intenses assaillirent l'auteur. Il passa plusieurs nuits sans sommeil, mais comme il persistait à prier il eut une belle et bienfaisante révélation.
Un verset biblique qu'il n'avait jamais approfondi s'éclaira d'une vive lumière. Dans ce passage, répondant à l'un des disciples le Christ Jésus montre comment le Christ se révèle (Jean 14:23): « Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera, et nous orins à lui, et nous ferons notre demeure chez lui. » Avec joie l'auteur s'aperçut qu'il remplissait déjà la condition posée: « Si quelqu'un m'aime » — aime le Christ, la Vérité. Tout l'amour de la Vérité qui avait maintes fois été pour lui une lumière, une inspiration depuis qu'il étudiait la Science Chrétienne, vint remplir sa conscience. Sans aucun doute cette condition divine était suprême dans sa pensée; lorsqu'il le reconnut, la révolte, la crainte, la confusion s'évanouirent. Deux jours plus tard le paiement en espèces se fit sans difficulté et toutes les autres questions argent qui tracassaient le disciple commencèrent à se résoudre.
Semblable au patriarche Jacob qui, à Péniel, avait lutté pour obtenir la lumière spirituelle, le Scientiste désira saisir d'une manière plus exacte et complète la révélation qui l'avait guéri. Il était sûr qu'elle avait une portée dépassant de beaucoup les circonstances présentes. Sa recherche fut si fructueuse qu'il désire en parler ici, avec l'espoir sincère qu'elle aidera d'autres personnes à réaliser, à mettre en œuvre la présence et le pouvoir de l'Amour divin dans des situations où les capacités humaines semblent trop faibles pour faire face à d'écrasantes responsabilités.
Pour mieux étudier le verset que nous citions tout à l'heure, considérons-en l'une après l'autre les deux parties. Méditions tout d'abord cette affirmation de Jésus: «Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole.» Croire que le Maître n'avait en vue qu'un concept humain de l'obéissance, ce serait admettre que celle-ci est simplement une protestation d'amour; que les hommes peuvent à leur choix obéir ou se montrer rebelles; que le désir d'être obéissant peut céder à l'envie de désobéir. Dans sa lettre aux Romains, chapitre sept, l'apôtre Paul expose l'état de perplexité qu'il résume ensuite en ces termes: «Car je ne fais pas le bien que je veux, mais je fais le mal que je ne veux pas.»
Si les hommes répondent d'une manière aussi confuse et vaine aux exigences du bien, c'est parce que le prétendu entendement mortel ne saurait comprendre le divin Amour, le Principe. Quand les humains tiennent l'obéissance pour une attitude que l'on peut adopter ou négliger selon les circonstances et les intérêts personnels, cela prouve que pour eux le divin Principe de la vie est encore obscur. Comme l'Amour est précisément ce Principe divin, l'amour est l'accomplissement de la loi. Donc l'obéissance à la loi devient naturelle, spontanée, lorsque comprenant l'homme en tant que réflexion de l'Amour, nous nous efforçons d'exprimer davantage cet Amour en pensée et en actions. Alors se révèle progressivement le fait que l'obéissance est le résultat normal, immanquable, d'un amour actif et conscient à l'égard de la Vérité. Grâce à cette lumière divine, le faux concept d'une obéissance aveugle se dissout; l'on n'a plus à choisir entre la docilité et la rébellion; la tentation de résistance prend fin et l'on ne cherche plus à fuir les responsabilités.
Ici la prière de l'amour dissout vraiment l'erreur, que celle-ci soit due à l'ignorance de la Vérité, à l'opiniâtreté, au pharisaïsme ou à l'égoïsme. Quand le disciple trouve le repos dans la ferme assurance que le divin Amour est infini, toujours présent, tout-puissant, il peut se conformer à chaque vraie loi et faire face aux responsabilités légitimes. Mary Baker Eddy expose le point de vue spirituel de l'obéissance lorsque à la page 140 de Science et Santé avec la Clef des Écritures, elle déclare: « Nous obéirons et adorerons dans la mesure où nous comprendrons la nature divine et L'aimerons avec intelligence, ne guerroyant plus au sujet de Sa corporalité, mais nous réjouissant dans l'abondance de notre Dieu. »
Dans le cas de l'auteur, la guérison fut instantanée lorsqu'il put reconnaître ceci: l'amour de la Vérité qui avait inspiré, conduit ses longues recherches du bien et les avait rendues fructueuses, n'était pas une aspiration purement personnelle mais plutôt l'activité de l'amour spirituel. Ce pouvoir divin éleva sa pensée jusque dans les sphères de l'obéissance au Principe fondée sur le fait que l'homme est l'image de l'Amour. Alors la règle qui avait semblé restrictive, déraisonnable, put être rapidement obéie par toutes les personnes en cause; chose encore plus importante, le disciple eut dès lors une arme pratique, irrésistible, pour détruire la tentation de négliger ou d'enfreindre une règle juste. Il put voir pourquoi Science et Santé dit (p. 30): « Nous n'avons pas le choix des moyens, mais il nous faut travailler à notre salut comme l'enseignait Jésus. »
Il vit en outre comment Dieu, l'Amour divin, opère en nous pour que nous sachions régler comme il se doit toutes les situations. Il eut la joie de comprendre qu'en face des tentations passées lui suggérant de se montrer faible, l'Amour infini avait vraiment été la force, la présence, l'onction de l'Esprit grâce auxquelles il avait pu prendre la ferme attitude que Martin Luther immortalisa dans ces paroles: « Me voici. Je ne puis autrement; que Dieu m'aide! Amen. »
Le verset pris dans l'Évangile de Jean se termine ainsi: « Et mon Père l'aimera, et nous irons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui. » Cette simple promesse du Maître indique la récompense finale de l'obéissance au Christ. La portée de cette récompense était bien connue de Jésus! Son amour de la Vérité lui permettait de dire (Luc 22:42): « Que ta volonté soit faite et non la mienne; » bientôt les ténèbres de Gethsémané firent place à la gloire de la résurrection, et la Science de l'obéissance spirituelle fut établie pour que tous puissent l'apprendre et la mettre en pratique.
De même, quand Mrs. Eddy, mettant son amour de la Vérité plus haut que tous les autres désirs, put entendre la voix du Père et s'y montrer docile, elle apporta au monde l'inestimable don de la Science Chrétienne. Dans la guérison relatée par l'auteur, ce furent la force et la tendresse de l'Amour toujours présent, ici, maintenant, à jamais, qui firent naître l'obéissance spitituelle et la récompensèrent; cette même tendresse se remarque dans les innombrables guérisons accomplies en tous lieux grâce à la Science Chrétienne.
Au chapitre treize de l'épître aux Romains, Paul fait voir que dans toutes les situations nous avons des devoirs envers nos frères, et que sous ce rapport l'amour est l'accomplissement de la loi. Notre Leader montre pourquoi il en est ainsi lorsqu'elle affirme dans Miscellaneous Writings (p. 117): « L'obéissance est le fruit de l'Amour; or l'Amour est le Principe de l'unité, la base des pensées et des actions justes; il accomplit la loi. » Lorsque nous sommes prêts à reconnaître, donc à ressentir le grand amour de la Vérité auquel nous avons droit comme enfants de l'Amour, nous constatons que notre prochain et nous-mêmes sommes obéissants, réceptifs à l'égard du bien. Alors la prière: « Que ta volonté soit faite et non la mienne » remplacera toutes les situations pénibles par la conscience de la maîtrise, de la paix, de la joie, du pouvoir.