Presque universellement, les hommes croient que l'âge est un facteur; qu'ils sont mortels et traversent successivement les stades restrictifs que l'on nomme enfance, jeunesse, maturité, déclin. La Science Chrétienne écarte ce faux concept; elle nous enseigne qu'en réalité l'homme est l'idée parfaite de Dieu, du divin Principe et que, puisque le Principe ne change jamais et ne vieillit pas, l'homme qui le reflète ne saurait changer ou vieillir. A mesure que nous prenons davantage conscience de l'identité véritable qui reflète le Principe immuable, éternel — la Vie, la Vérité, l'Amour — la croyance d'âge s'atténue et dès lors ses indices se marquent toujours moins dans l'existence humaine.
A la page 244 de Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mary Baker Eddy déclare: « L'homme dans la Science n'est ni jeune ni vieux. » La Science Chrétienne éduque spirituellement les humains qui peuvent ainsi sortir de la croyance d'après quoi l'accumulation des années produirait la décrépitude; elle leur donne la compréhension spirituelle de ce grand fait: l'homme est l'immortelle idée de la Vie, et la fuite des ans ne l'affecte point. Elle leur enseigne que leur seule individualité véritable existe à jamais au niveau même des aptitudes, des capacités, de la force et de la joie spirituelles, invariables. Comprendre que l'homme est fils de Dieu, que cette filialité spirituelle est invariable, ininterrompue, cela dissipe l'ignorance humaine. Lorsqu'on ignore la vérité de l'être, on mesure en grande partie le développement, les connaissances, les capacités, la force, et cœtera, d'après l'intervalle qui s'est écoulé depuis la naissance humaine; et l'on tend à calculer l'aptitude des hommes et des femmes d'après leur âge.
Mrs. Eddy fait voir les limitations qu'entraîne l'importance accordée aux questions d'âge. Obsédée par le désir d'augmenter le rendement matériel, la pensée mortelle a introduit dans les affaires et l'industrie maintes règles restrictives concernant l'âge. Par exemple, elle prétend qu'à partir d'un certain âge le travailleur perd ses capacités, quoique dans bien des cas, même au sens humain, les aptitudes soient au niveau le plus élevé et que le savoir-faire acquis par une longue expérience soit d'une très grande valeur. Elle accepte la fausse notion que l'écoulement des années affaiblit les facultés ou les aptitudes; elle ne se rend pas compte que penser aux autres ou à soi-même en fonction de l'âge matériel est précisément l'erreur qui trace sur le front des hommes la tristesse et la lourdeur de la vieillesse.
Dans ce faux concept de l'existence, la jeunesse, que l'entendement humain trouve d'habitude si désirable et si charmante, manifeste parfois l'étourderie et la déraison qui font commettre des fautes apparemment difficiles à effacer. L'âge mûr, qui passe en général pour une période de réalisations et d'épanouissement, cède parfois à la folie. Quant à la vieillesse, la pensée mortelle s'en détourne avec terreur, sans se rendre compte que pour être affranchi de la vieillesse il faut surmonter toutes les croyances d'âge, soit jeune, soit mûr, soit avancé. Cet affranchissement exige une spiritualisation de la conscience; le faux concept d'un homme mortel éphémère doit faire place au concept juste, indiquant l'éternelle réflexion de Dieu.
Les péchés dont s'accompagne la croyance à la corporéité doivent également être vaincus. La Science Chrétienne rend possible cette victoire en élevant notre pensée plus haut que les désirs et les faiblesses charnels, en nous faisant aimer ce qui est bon, pur; cette Science chasse l'apathie et l'oisiveté grâce à la vigilance et à la promptitude spirituelles; l'opiniâtreté, le désir de se justifier, l'égoïsme font place à l'humilité véritable, au service l'envie et la haine sont remplacées par l'amour spirituel et le pardon.
Penser à nous-mêmes en fonction du temps et de l'expérience humaine, c'est admettre à tort un commencement et une fin; ceci nous lie à la cruelle croyance de mortalité qui pousse les humains vers la décrépitude et l'anéantissement. Un prophète nous exhorte en ces termes (Ésaïe 2:22): « Cessez de compter sur l'homme, dont l'existence n'est qu'un souffle: quel cas, en effet, peut-on faire de lui? » Cessons de croire que la matière organisée constitue l'homme et qu'il est soumis aux conditions matérielles; élevons-nous jusqu'à la conscience spirituelle de la vie comme réflexion de l'Entendement, de l'intelligence illimitée. Alors nous exprimerons dans notre carrière humaine la sagesse divine qui ne dépend pas du nombre des années, la vigueur et la stabilité spirituelles qui ne peuvent se mesurer d'après la matière, l'attrayante joie et l'heureux enthousiasme qui sont loin d'être le privilège exclusif de l'enfance.
Regretter la jeunesse envolée abaisse le concept de la vie jusqu'au niveau d'une triste croyance de mortalité, au lieu de l'élever jusqu'à l'acceptation joyeuse de l'immortalité présente. Cette fausse attitude abrège plutôt qu'elle ne prolonge la durée de la vie humaine. Vouloir imiter la jeunesse nous ravirait non seulement la dignité mais la pondération et la beauté véritable. Pourquoi vouer un culte à la jeunesse puisque c'est, tout comme la vieillesse, un stade de la croyance mortelle? Nous devrions renoncer à mesurer le statut de l'homme d'après le concept du temps, avec les faiblesses et les déceptions qui l'accompagnent; cherchons plutôt à mettre en lumière le fait spirituel de l'immortalité par d'humbles et constants efforts pour démontrer que l'homme est un avec Dieu.
La beauté qui n'est due qu'à la jeunesse est bien inférieure à la beauté croissante de la grâce spirituelle s'exprimant par des actions aimables; dans ce qu'on nomme la force et l'endurance de la jeunesse, rien n'est comparable à la ferme stabilité de la droiture et de la pureté spirituelles, à l'entière confiance en Dieu. Nous efforçant d'atteindre à la compréhension de l'immortalité plutôt que de retenir un sens matériel de jeunesse, cherchant à nous élever au-dessus de la chair plutôt qu'à y trouver le réconfort, nous offrons à la croyance de vieillesse une résistance spirituelle efficace.
La prétendue jeunesse doit tôt ou tard paraître se changer en vieillesse jusqu'à ce qu'on abandonne la croyance au temps et à la matière parce qu'on saisit spirituellement la ressemblance de l'homme avec son Créateur éternel. Si nous voulons échapper à l'accusation finale de la matière vieillissante, il faut réfuter les arguments du sens matériel affirmant la mortalité de l'homme; il faut reconnaître qu'il est incorporel, éternel, spirituel, et qu'en lui s'expriment à jamais la beauté de la sainteté et la gloire impérissable de l'Entendement.
L'histoire sainte contient d'admirables récits prouvant que l'immortelle Vérité peut donner à ceux qui la suivent la force spirituelle et le renouvellement éternel. Nous savons que Moïse, après avoir servi son peuple avec consécration pendant de longues années, constata qu'à l'âge de cent vingt ans « sa vue n'était pas affaiblie, et sa vigueur n'était pas épuisée » (Deut. 34:7). Jean, le disciple bien-aimé, infatigable soldat chrétien, était apparemment très âgé lorsqu'il écrivit l'Apocalypse; or ce livre, indiquant une profonde compréhension de la vérité spirituelle, annonça la grande révélation spirituelle du bien que le monde reçoit maintenant par la Science Chrétienne.
Selon la définition de Mrs. Eddy, « année » signifie notamment « temps nécessaire pour la repentance » (Science et Santé, p. 598). Le vrai repentir implique la réforme, c'est-à-dire le progrès — la marche en avant. Le passage des années devrait être pour nous l'occasion de mieux mettre en pratique ce que nous savons déjà concernant la Vérité, d'apprécier et de démontrer progressivement la révélation de notre Leader, selon quoi l'immortalité et l'harmonie éternelle sont présentes ici même. Les années qui s'accumulent devraient être remplies par la réalisation du bien spirituel; le péché, la maladie, la mort devraient faire place à la réalité divine. On devrait voir apparaître la fraîcheur et non la flétrissure, la moisson plutôt que l'aridité, l'adaptation gracieusement consentie et non pas la raideur fragile. La maturité plutôt que la décadence, la satisfaction et non pas la nullité, la joie plutôt que le chagrin devraient en être les caractéristiques. La continuité de l'existence réelle est un fait scientifique exposé en Science Chrétienne; si nous le démontrons, notre longévité peut s'accroître parce que nous renoncerons au concept limité du temps. Nous pouvons revendiquer et manifester le labeur utile, les aptitudes et les forces intactes que l'Entendement divin accorde sans cesse.
Les jours qui forment les années où se développent la sagesse, la beauté, la sainteté, sont les vues spirituelles de Dieu et de l'homme qui deviennent toujours plus claires. En ces jours-là, comme le dit notre Leader (ibid., p. 584), « les objets du temps et des sens disparaissent dans l'illumination de la compréhension spirituelle, et l'Entendement mesure le temps d'après le bien qui se déroule. » Une gloire spirituelle incorruptible caractérise le jour de l'Entendement où ne se trouvent ni temps ni matière, ni jeunesse ni vieillesse, mais la radieuse lumière de l'éternité et de l'immortalité présente.
