Quand les pharisiens dirent à Jésus: « Tu n'as pas encore cinquante ans, » le Maître leur répondit en exprimant le fait spirituel de son être: « Avant qu'Abraham fût, je suis » (Jean 8:57, 58). La Science Chrétienne, qui répète ce qu'enseignait Jésus, révèle que l'homme véritable n'a point d'âge, qu'il coexiste avec Dieu; aussi n'a-t-il jamais dû naître pour jouir ensuite temporairement de toutes ses facultés, puis s'éteindre. Mary Baker Eddy déclare dans Science et Santé avec la Clef des Écritures (p. 265): « Les sens représentent la naissance comme prématurée et la mort comme inévitable, comme si l'homme était une herbe qui pousse vite, ou une fleur flétrie par le soleil ou brûlée par les gelées inopportunes; mais ceci n'est vrai que d'un mortel, non d'un homme à l'image et à la ressemblance de Dieu. La vérité de l'être est perpétuelle, et l'erreur concernant l'être est irréelle et désuète. »
Jésus connaissait l'homme en tant que ressemblance de Dieu, non pas comme rejeton des mortels. Sur cette base, il maintenait et prouvait l'éternelle nature spirituelle de l'homme, malgré tous les indices matériels contraires. La Science Chrétienne a rétabli la méthode de guérison qu'employait le Maître. Le fait suivant nous servira d'illustration. Un bébé dont les parents étaient Scientistes Chrétiens avait les jambes très arquées, et la chose ne se corrigea pas lorsqu'il grandit. On le fit traiter par la Science Chrétienne, mais sans résultat jusqu'au jour où les parents se rendirent compte de leur erreur: tout en s'efforçant de connaître la vérité au sujet du problème, ils avaient admis à tort que la conception et la naissance matérielles étaient des réalités. Ils virent clairement que si l'on accepte la base de la mortalité, l'on ne peut en bonne logique nier les conditions matérielles. Ils reconnurent que l'origine de l'homme est divine. Sa nature est spirituelle et non pas matérielle ou physique; donc sa droiture et son équilibre ne sont point déterminés par la matière, mais par le rapport constant qui l'unit au seul Père, à Dieu. Grâce à la paix que produisit cette réalisation, en quelques jours les jambes de l'enfant devinrent tout à fait normales.
Voir clairement l'éternelle nature de l'homme en tant qu'expression de Dieu, accepter ce fait sans réserve, doit à coup sûr faire paraître dans l'existence humaine les preuves du bien. Les opinions des mortels quant à la naissance, à la croissance, à la maturité, au déclin, ne peuvent empêcher que les faits véritables touchant l'être de l'homme se manifestent dès que la pensée s'attache surtout à la réalité.
L'homme né de Dieu n'a point à subir un stade d'immaturité. Le rejeton de l'Esprit coexiste avec l'Esprit; il n'a point à croître pour arriver à la plénitude de l'être, car il est déjà complet, parfait. Quand David s'offrit à lutter contre Goliath pour sauver Israël, le roi Saül lui dit, en pensant à son jeune âge: « Tu ne peux marcher contre ce Philistin et combattre contre lui; car tu n'es qu'un enfant, tandis que lui est homme de guerre depuis sa jeunesse » (I Sam. 17:33). Mais grâce à sa compréhension de Dieu, David prouva que la force spirituelle ne se mesure pas d'après le nombre des années.
A quelqu'un qui est jeune, disons-nous peut-être, soit mentalement, soit en paroles: Vous ne pouvez pas encore servir votre pays, votre firme ou votre église dans un poste entraînant des responsabilités, car vous êtes trop jeune. Calculons-nous ses aptitudes d'après le nombre des années et ses progrès d'après la longueur de son expérience humaine? Un des pionniers qui travaillaient pour notre Cause avait coutume de dire: « Ce qui nous gêne, c'est notre adultisme. » Sommes-nous prêts à renoncer à notre « adultisme, » à savoir que les valeurs spirituelles peuvent se trouver non seulement dans notre jeunesse, mais ailleurs encore? Le penser mondain n'a jamais pu juger selon la justice, dans quelque domaine que ce soit. Les valeurs spirituelles ne se pèsent pas selon des mesures mortelles. La conscience éclairée reconnaît que comme réflexion spirituelle, l'homme réel n'a pas d'âge, et c'est sur ce terrain qu'elle juge les choses.
Nous devrions accorder à tous le droit de prouver par la démonstration que l'homme possède les aptitudes, la sagesse et la force, indépendamment des illusions humaines qui concernent l'âge. Ceci n'implique pas qu'il faille charger quelqu'un d'une tâche pour laquelle il n'est pas prêt. Mais les restrictions matérielles qui se fondent uniquement sur les valeurs humaines sont fausses et nuisibles. L'immaturité n'est pas un fait spirituel, et dans la mesure où l'on en rejette les prétentions, on se libère des entraves mentales et physiques qu'elle veut imposer.
On croit en général que la jeunesse est l'époque de la spontanéité, des perspectives favorables; en réalité ces choses appartiennent sans cesse à l'homme, expression joyeuse et libre de l'Entendement. La toute-puissance, l'omniaction s'expriment à jamais dans l'univers spirituel en raison de la nature divine. Il en résulte que l'homme, image et ressemblance même de Dieu, est perpétuellement fort, actif, libre, plein de joie, non parce qu'il a des aptitudes personnelles inhérentes, mais parce qu'il est la manifestation de Dieu. Cessons de penser avec regret aux jeunes années, de croire qu'elles offraient des avantages qui nous sont maintenant refusés. Le bien éternel, infini, est toujours présent et ne cesse pas d'être pleinement accessible.
Une autre illusion de la mortalité, c'est l'âge mûr. Un avec Dieu dans l'être qui n'a pas d'âge, l'homme est toujours à l'apogée du pouvoir et des réalisations. L'âge mûr n'offre ni avantages ni désavantages, car en réalité il n'atteint pas l'homme de Dieu. Cet homme exprime à jamais l'être infini, progressif.
Les humains croient que la maturité est une période où l'on doit spécialement mettre en réserve des biens matériels en prévision de l'époque où l'on ne pourra plus gagner; mais souvent les efforts dans ce sens s'accompagnent de luttes et de tension. Il est légitime de penser à ce qui est humainement nécessaire, mais les hommes doivent se réveiller et reconnaître ce dont ils ont vraiment besoin: c'est de mieux comprendre la véritable nature de l'homme pour la démontrer dans les circonstances humaines. La pénurie ne peut subsister si l'on comprend que l'homme est l'expression de Dieu, du bien. La sagesse, l'intelligence, les égards pour autrui, l'humilité qui se laisse conduire par Dieu non seulement dans les décisions importantes mais jusque dans les détails de l'existence — ces qualités-là caractérisent la conscience qui saisit chaque jour davantage la vérité touchant Dieu et l'homme. Concevoir toujours mieux la nature de l'homme nous apporte un jugement meilleur qui s'exprime par la sagesse, l'abondance, un niveau de vie plus élevé. Lorsque aujourd'hui même nous comprenons davantage que Dieu est le bien toujours présent, le lendemain aura tout ce qu'il lui faut.
La vieillesse, comme la jeunesse et la maturité, est une fausse prétention de l'entendement mortel. Celui qui avait accepté la croyance qu'il est vieux peut arriver par la Science Chrétienne à comprendre la nature spirituelle de l'homme, qui est non pas l'enfant passager de la matière mais l'expression éternellement progressive de l'Esprit. Puisque la matérialité ne soutient pas la vie et les progrès de l'homme, elle ne saurait lui ravir le bien qui constitue son héritage dans l'existence éternelle.
Mrs. Eddy déclare (Science et Santé, p. 258): « Dieu exprime en l'homme l'idée infinie qui se développe à jamais, et qui, partant d'une base illimitée, s'élargit et s'élève de plus en plus. L'Entendement manifeste tout ce qui existe dans l'infinitude de la Vérité. » L'Entendement, Dieu, ne cesse d'assurer à l'homme tout ce qu'il lui faut. La force, la liberté, la vigueur, la fraîcheur — toutes les qualités de Dieu — sont à jamais reflétées par l'homme.
Ni les circonstances matérielles ni le cœur matériel ne peuvent soit donner soit reprendre à l'homme son bien-être que Dieu soutient. L'homme spirituel vit en vertu d'un décret, d'une loi divine; exempt d'âge ou de mort, il est éternel. Mrs. Eddy nous donne cette assurance (Miscellaneous Writings, p. 205): « Les encombrantes molécules mortelles, appelées homme, s'évanouissent comme un rêve; mais l'homme né du grand Éternel continue de vivre, couronné par Dieu et béni. »
