Quelle belle chose que la fidélité, la loyauté! Elle implique un haut idéal et un cœur courageux. Elle est fortifiée par la conviction. Sur son écu figure la noble résolution du sacrifice. Le but à atteindre, la vigilance, lui servent de guide; la fidélité est son rempart. Comme l'amour, la loyauté « supporte tout. »
L'apôtre Paul donna l'exemple d'une fidélité remarquable. Une fois qu'il eut saisi la vision du Christ, il entreprit d'effacer par les réalisations présentes ses erreurs passées. Renonçant à maint privilège, au conformisme soutenu par la majorité, à l'approbation d'autrui, à l'orgueil spirituel, il eut la joie de toucher les cœurs en leur annonçant le message du Maître.
Paul fut exposé à toutes sortes de vicissitudes. Sa constance étonnait les Israélites. Le mépris, la vengeance, la captivité, les mauvais traitements ne réussissaient point à l'abattre, et ceci faisait outrage au faux sentiment des valeurs; mais bien qu'on l'accusât d'être hors de sens, on ne pouvait s'empêcher de respecter son courage.
La sainteté, la consécration du Christ Jésus, fidèle à la mission donnée par Dieu, furent pour l'apôtre une inspiration qu'il n'abandonna jamais. Il suivit l'exemple du Maître, sa parfaite réalisation spirituelle, au point que le mal sous toutes ses formes ne pouvait longtemps l'arrêter. Parfois il se trompait, il trébuchait, mais il se relevait toujours et continuait d'avancer.
Paul ne reculait devant aucune tâche. Chaque jour il s'exhortait lui-même à suivre la voie tracée par Jésus. Il cherchait à réveiller chez tous la pure perception du Christ ressuscité. Avec quel zèle il exhortait, raisonnait, plaidait, travaillait dans les églises, aidant leurs membres souvent inquiets ou indifférents! Sachant que les églises devaient être établies et maintenues, il ne se lassait pas d'expliquer aux rois, aux gouverneurs, aux érudits, aux pauvres, aux ignorants, l'œuvre de Jésus, dont les merveilleuses promesses trouvaient leur accomplissement.
Dans le cœur de tout vrai Scientiste Chrétien brille cette flamme de fidélité envers Dieu. Les efforts du mal ne résussissent point à l'éteindre. En effet le Scientiste a vu, pour lui-même et pour autrui, que l'activité constante, la prière persévérante, la tendresse inaltérable de notre Leader ont pour résultat de grandes bénédictions. L'exemple de Mrs. Eddy lui est précieux. Il sait avec quel courage et quelle résolution elle suivit humblement la voie tracée par le Maître. Il sait que lui-même doit maintenant montrer en le suivant que ce chemin est accessible à tous.
Un mercredi soir, comme il faisait très mauvais temps, une Scientiste Chrétienne se demanda si elle irait à l'église. Elle fréquentait régulièrement les cultes. Elle ne transigeait guère avec les suggestions négatives. Ce qui la faisait hésiter, ce n'était point la tempête — ces choses ne l'avaient jamais retenue. Mais elle avait le cœur lourd. Un problème scolaire et la maladie d'un de ses enfants la préoccupaient beaucoup. Se détournant de ces tristes pensées, elle se demanda ce qu'elle était prête à faire dans la bonne direction; elle s'avisa que si de fausses lois tyranniques avaient barré les portes de l'église, elle aurait instamment revendiqué son droit à y entrer. Elle vit alors que pour les maintenir ouvertes, il fallait y passer, afin que d'autres les trouvent.
Une fois réveillée spirituellement, elle partit pour la réunion du mercredi soir. Mais son obéissance n'était encore que partielle, car elle se sentit triste, fatiguée, et s'assit tout au fond de l'église. La lecture et les cantiques la tranquillisèrent, mais quand vint la période réservée aux témoignages, elle pensa: « Je connais quelqu'un qui ne dira rien ce soir! » Un des assistants, puis plusieurs, parlèrent avec gratitude des bienfaits reçus. Elle fut reconnaissante de ces guérisons, elle partagea leur joie. Elle se souvint qu'elle aussi avait été guérie. Quand il y eut un moment de silence, elle se leva pour rendre grâce à Dieu. Son témoignage fut bref, car elle ne s'y était point préparée; mais la joie avait triomphé de la tristesse.
Elle avait résisté à la suppression du droit de la parole; elle avait chassé les tentations qui voulaient réduire au silence sa gratitude. A sa sortie de l'église, elle méditait encore les paroles qui l'avaient aidée à chasser le faux sens du moi (Ésaïe 40:9): « Monte sur une haute montagne, Sion, qui annonces de bonnes nouvelles! Élève ta voix avec force, Jérusalem, qui annonces de bonnes nouvelles! Élève ta voix ne crains point; dis aux villes de Juda: Voici votre Dieu! » A son retour, elle constata que l'enfant allait mieux, qu'il était prêt à raisonner spirituellement au sujet du problème scolaire. Le lendemain la difficulté qui tracassait depuis longtemps cette famille trouva une solution harmonieuse, qui constituait un progrès. On put voir que l'ennemi auquel on avait résisté ne pouvait imposer l'abattement, et n'était qu'un leurre.
Examinons les suggestions trompeuses de l'entendement charnel qui prétendent se ranger contre la Cause de Christian Science; quel est un de leurs procédés les plus habituels? Elles disent et répètent au Scientiste Chrétien qu'il devrait abaisser quelque peu son idéal, se relâcher dans ses efforts, se permettre quelque apathie, avancer avec moins d'enthousiasme. L'erreur lui dit qu'il a toujours été consciencieux et qu'une seule omission ne compte pas; qu'une personne n'est pas importante; que pour le moment il ne siège dans aucun comité; qu'il est déjà allé une fois à l'église et que cela doit suffire pour la semaine; qu'il a des devoirs envers sa famille; qu'il a besoin de repos. Une dose d'excuses pour se justifier; une petite dose d'égotisme; multiplions cela par le nombre des membres et qu'avons-nous? L'église de Laodicée — tiède; l'église de Sarde — stagnante. « Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Églises » (Apoc. 2:7).
Si tous les membres acceptaient les suggestions de l'ennemi, le visiteur ne trouverait dans nos églises que des bancs vides. Nous écartons cette possibilité comme étant déraisonnable. Elle est absurde! C'est une chose impossible en Christian Science. Elle ne peut se produire dans notre mouvement si ceux qui étudient la Christian Science reconnaissent l'inspiration et la joie qu'apportent la fréquentation des cultes et le travail fait pour l'église. Nous savons — et c'est là un sujet de gratitude — qu'elle est impossible pourvu que tout Scientiste Chrétien fidèle résolve de ne point la laisser arriver et agisse en conséquence. L'erreur n'est en aucune mesure inévitable. Si les fondements d'une maison s'affaissent et qu'une lézarde se produise, on ne dit pas: « Voyez comme certaines parties sont encore bonnes! » On se met à l'œuvre et l'on bouche immédiatement les lézardes. Dans notre Cause le sceau de la fidélité sert à prévenir, à protéger, à conserver, à promouvoir. On peut dire en toute vérité qu'ils se comptent par milliers et centaines de mille ceux qui soutiennent le mouvement de Christian Science. Toutefois personne ne peut prendre notre place, faire notre travail ou se charger de la tâche dont nous sommes individuellement responsables.
Le Scientiste Chrétien sincère apprend à aimer l'Éternel son Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa force et de toute sa pensée. Il loue Dieu, il L'honore. Il aime et sert la vérité. Il prouve toujours davantage qu'il peut sacrifier les choses terrestres qui voudraient l'empêcher de travailler sans réserve pour Dieu. Il se rappelle tout ce que la Christian Science représente pour lui. Son ardeur ne se refroidit pas. Sa joie n'est jamais languissante. Il désire avant tout servir. Il est fidèle!
Le travail de quiconque s'attache au Christ, à la Vérité, est d'une valeur inestimable. D'innombrables Scientistes Chrétiens servent fidèlement la vérité qu'ils aiment. Dans un esprit de prière, ils soutiennent les cultes, les assemblées, les conférences, les conseils, les comités. Ils ne désertent jamais leur poste. De plus, ils comprennent que leur présence physique ne suffit pas pour gagner la bataille et déjouer les plans de l'ennemi: ils savent qu'aux cultes et dans l'œuvre de l'église, l'amour est nécessaire et doit être mis en pratique — l'amour dont la nature est nature est divine; l'amour intelligent, chaleureux, doux, reconnaissant, plein de joie. Quand ce pur amour se fait bien sentir, il répand le courage et l'espoir, le calme et le contentement dans les cœurs inquiets qui cherchent la voie de la guérison. Aussi avant d'entrer à l'église, le Scientiste Chrétien tâche de renoncer aux tracas, à ses problèmes personnels, au penser matériel. Le cœur purifié, consacré, il entre dans Son temple avec des louanges, ayant conscience que le Christ guérit et bénit chacun.
Dans les œuvres de l'église, ces Scientistes Chrétiens fidèles emploient beaucoup l'intelligence qui renferme la patience, la bonne humeur, l'honnêteté, le courage impersonnel, la miséricorde. Ils se protègent contre les pensées critiques qui voudraient leur faire croire qu'un autre membre ne désire pas travailler; ils voient plutôt la vigilance et la fidélité qui caractérisent l'homme créé par Dieu, En effet, comment pourraient-ils être fidèles à moins de percevoir que la fidélité est l'apanage inaliénable de l'homme? Ils obéissent à cet ordre de Mrs. Eddy: « Veillez avec diligence; ne quittez jamais le poste de l'observation spirituelle, examinez-vous vous-mêmes » (Miscellaneous Writings, p. 154); ils se posent donc ces questions: Est-ce positivement ou négativement que je prie pour notre chère église? Est-ce que je fais certaines réserves au sujet de l'assistance ou de l'école du dimanche qui se réunissent sur l'impulsion de l'Entendement? Mon espoir est-il paralysé, mon penser rigide, ma préparation mentalement limitée? Ou bien ma vision est-elle habituellement rafraîchie, consacrée à nouveau, vivifiée, d'une portée toujours plus grande dans le champ des possibilités infinies? Est-ce que pendant les heures jusqu'ici consacrées au travail spirituel, je me livre à des occupations matérielles au profit de l'église ou de ses œuvres? Ou bien, en plus des heures que je consacrais d'habitude à la prière scientifique, est-ce que j'ai soin de me préparer à ces nouveaux devoirs par la pensée spirituelle? Est-ce que je me souviens que mon premier désir, c'est de glorifier Dieu? Est-ce que je me rappelle que mon vrai travail consiste à soutenir l'activité du Christ dans la conscience pour qu'elle apporte à l'étranger — au cœur inquiet, troublé, comme je l'étais jadis moi-même — le réconfort, l'assurance du bien?
Chez les disciples fidèles qui s'interrogent ainsi, qui sont vigilants, attentifs, le prince de ce monde ne trouve rien qui lui appartienne, car ils sont dociles à la vision du Christ. Comme l'apôtre Paul, ils ont « gardé la foi. »
Ainsi le fidèle Scientiste Chrétien dirige sa barque dans le courant de la vie quotidienne. Il est en garde contre les astuces du mal et ne se laisse point entamer par elles. Si quelqu'un lui parle avec colère ou mépris, il refuse d'en prendre ombrage ou de s'emporter. Il ne perd pas son temps à se demander quelles mauvaises suites la chose pourrait avoir. Avant tout, il songe à remplacer le mal par le bien. Son premier désir, c'est d'avoir pour son frère une vraie compassion. Il se rappellera peut-être que le soleil ne nous commande pas avec impatience d'avoir chaud, de ne plus sentir le froid. Le soleil brille! Donc, au lieu de faire une réponse acerbe, une verte réprimande, le disciple prie afin de pouvoir refléter le bien et venir en aide à son frère. Il se tourne vers Dieu, puise dans la réserve infinie du divin Amour, et trouve en abondance la sagesse et la tendresse dont il a besoin. Ayant en toute humilité fait face au défi de l'erreur, il sort de cette épreuve avec une meilleure compréhension de l'amour exempt d'égoïsme et avec l'assurance que son frère se sent lui-même davantage en paix.
Le Scientiste Chrétien qui persiste dans l'amour lorsqu'il semble impossible d'aimer; qui manifeste l'humilité lorsque l'erreur l'incite à se justifier, la joie quand les apparences sont loin d'être encourageantes, la gratitude aux heures les plus sombres; qui décide de rester ferme quand les sophismes de l'erreur l'engagent à se montrer passif au lieu d'être actif pour le bien — ce Scientiste-là fait preuve de fidélité. Il exprime son amour envers Dieu. Il prouve qu'il apprécie l'œuvre du Christ Jésus et celle de Mary Baker Eddy. Il accomplit fidèlement la tâche qui lui est confiée.
Dans Miscellaneous Writings, Mrs. Eddy déclare (p. 343): « Parmi tous les carillons suaves qui viendront remplir les loges hantées du souvenir, le plus doux sera: “Tu as été fidèle!” »
