L'entendement humain condamne volontiers. Avant même qu'un mortel vienne au monde, la pensée matérielle le condamne à devenir malade et à mourir tôt ou tard. Après sa naissance, il est souvent condamné à un sort pénible. Il se trouve peut-être limité par différentes choses — faiblesse physique, mentalité anormale, milieu défavorable, manque d'instruction. On peut croire que son existence sera terne, malheureuse, et ne le satisfera guère. L'entendement charnel, l'opposé fictif de l'Entendement divin, de Dieu, ne réussit jamais, car il est négatif. A sa race de mortels, il impose les sentences négatives, les condamnations injustes, inhérentes à sa propre nature impie.
En outre, les mortels sont souvent enclins à se condamner l'un l'autre. Sous divers prétextes ils se blâment, se critiquent ou même se maudissent réciproquement. Tout cela montre que l'entendement matériel avec son rejeton, l'homme mortel, n'est qu'une parodie de la vérité; que cet entendement impie et sa conséquence — les mortels à la pensée matérielle — sont bien éloignés de la réalité, c'est-à-dire de Dieu, de l'Entendement plein d'amour, et de Sa famille d'idées ou d'enfants qui s'aiment.
En Dieu, l'Entendement positif, et dans l'homme, Sa réflexion, la condamnation ne se pense, ne s'exprime, ne se connaît pas. Dans l'infini du bien, dans la totalité de l'Entendement parfait, dans l'universalité de l'Amour, la condamnation ne trouve rien qui lui serve de source, aucune conscience pour l'entretenir, nulle identité pour l'exprimer ou la ressentir.
Mary Baker Eddy nous montre clairement que les Scientistes Chrétiens doivent réaliser et prouver, dans leur pensée et leur vie journalière, que la condamnation ne fait point partie de l'homme. Voici par exemple un exposé significatif (The First Church of Christ, Scientist, and Miscellany, p. 113): « Saint Paul, quoique n'étant pas au nombre des douze disciples, suivit notre Seigneur; et dans ces brèves phrases, Paul déclare la vérité du système complet de la Science Chrétienne: “Il n'y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ, qui marchent non selon la chair mais selon l'esprit: parce que la loi de l'esprit de vie, qui est en Jésus-Christ, m'a affranchi de la loi du péché et de la mort.” »
Une traduction moderne rend comme suit une autre déclaration de Paul: « Il y a une nouvelle création toutes les fois qu'un homme vient à être en Christ » (II Cor. 5:17). Cette « nouvelle création, » la création éternelle et spirituelle de l'Entendement immuable, la Science Chrétienne nous aide à la comprendre et à y demeurer consciemment. Dans l'idée spirituelle de Dieu, de la création, de l'homme, il n'y a jamais la moindre condamnation. C'est là une des merveilleuses caractéristiques mises en lumière par la grande découverte que nous devons à Mrs. Eddy.
La seule condamnation que Dieu justifie, c'est la condamnation de l'erreur, car cette dernière est un mensonge qui cherche à se faire prendre pour vrai. La Vérité proscrit absolument le péché et la fausseté sous toutes leurs formes; elle les condamne à l'annihilation. Mais condamner l'erreur en tant que mensonge, ce n'est point croire qu'elle puisse vous condamner à pécher, à tomber malade, à n'avoir que des échecs, à mourir: ces deux voies sont diamétralement opposées. En outre, condamner l'erreur comme telle, c'est tout autre chose que de la condamner comme si c'était une personne. Si nous adoptons cette dernière attitude, il nous faut d'abord croire que nous ne sommes pas « en Christ, » pas unis à la véritable idée de l'être. Ainsi nous croirions à tort que nous sommes des personnes mortelles dans une création peu chrétienne, composée de mortels dont nous sommes prêts à devenir les critiques, les censeurs. Toute pensée de ce genre semble nous séparer de Dieu, du bien, et nous associer au mal sans valeur.
On cherche parfois des excuses pour justifier la condamnation de son prochain soit au foyer, soit au bureau, dans les églises, dans les sphères politiques nationales ou internationales. Mais selon la lucide déclaration de Paul, qui présente, comme le dit notre Leader, « la vérité du système complet de la Science Chrétienne, » la condamnation est tout à fait exclue de la conscience de quiconque est « en Christ. »
Quand on lui amena une femme prise en flagrant délit, Jésus ne chercha point à l'excuser; mais discernant chez elle la contrition, l'humilité, il lui dit: « Va, et ne pèche plus. » Il sépara l'erreur d'avec la femme et somma celle-ci de ne pas croire qu'elle était condamnée à pécher encore. Dans les premières années de notre mouvement, Mrs. Eddy, remarquant dans une de ses brochures un blâme personnel, refusa de laisser mettre en circulation les nombreux exemplaires déjà imprimés. (Voir Miscellaneous Writings, p. 285.)
Chaque jour, demeurons consciemment fermes « en Christ » — dans la révélation de la création nouvelle et vraie, où ne se trouve aucune condamnation parce que Dieu, l'Amour, est à jamais Tout-en-tout. Réjouissons-nous intelligemment de ce qu'il n'y a ni voix, ni force, ni loi de condamnation pour notre individualité ou celle de notre frère. Refusons d'admettre que nous sommes des humains qui croient à la Science Chrétienne, mais se livrent à la condamnation de leurs frères et d'eux-mêmes. Recherchons plutôt avec prière, et revendiquons comme nôtre, la réalisation de ce fait divin: notre seule identité véritable reflète Dieu, maintenant et toujours; elle ne condamne point, comme si c'étaient des personnes ou des choses, les formes fictives du mal qui ne sont jamais dans l'univers de la Vérité et ne s'identifient pas avec les fils et les filles de l'Entendement.
Condamner le mal en tant que personne, c'est sortir mentalement de la Science du Christ, croire à une cause ou à une création autre que celle qui nous est révélée par Christ. Soyons toujours en garde contre les impulsions suggestives nous poussant à blâmer, à censurer, à critiquer, à condamner notre frère; excluons de même avec soin le mensonge diabolique d'après quoi notre vraie nature pourrait être condamnée par la pensée matérielle, sous quelque étiquette que ce soit. L'homme n'est point condamné et ne condamne pas. Dieu condamne à l'éternel oubli tout ce qui est mal; par Sa perfection immuable, Il assure à Sa réflexion la vie incondamnable, la santé, la sainteté.
