Le désir de commander est sans aucun doute une impulsion fondamentale de l'entendement charnel. Il se manifeste de bonne heure chez la plupart des humains. Observez à cet égard un groupe d'enfants. L'un d'entre eux doit être le chef, le capitaine. Cette question sera-t-elle réglée sans égoïsme, selon le choix de la majorité? C'est rarement le cas! Avec la présomption qui caractérise l'entendement des mortels, un des garçons annonce probablement que lui sera le chef; et devant cet étalage de volonté humaine impérieuse, les autres enfants se soumettent en général avec humilité. Mais cela peut avoir des conséquences graves, car comme l'a dit Victor Hugo:
Les crimes du despote
Sont faits par sa puissance, ombre où son âme flotte,
Par la pourpre qu'il traîne et dont on le revêt.
Les parents, s'ils sont sages, démasqueront bien vite l'argument de la volonté humaine chez leurs enfants, et feront ce qui se doit pour y remédier; mais ne faut-il pas avant tout qu'ils scrutent leur propre pensée pour s'assurer que le Principe et non le vouloir humain les gouverne? Remarquez la prompte obéissance d'un enfant qui sait que ses parents sont justes, non pas volontaires — gouvernés par le Principe plutôt que par les caprices de l'entendement mortel. Quel triste spectacle que celui d'un père, d'une mère têtus, irrités, cherchant en vain à imposer à leur enfant, volontaire comme eux, une décision qui ne se fonde pas sur le Principe, mais sur un caprice personnel!
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