Le monde dans lequel nous vivons est ébranlé, tourmenté, parce que les hommes et les peuples ont bâti sur de fausses assises. Les prétentions de la matière qui revendique le pouvoir veulent s'imposer à notre attention; aussi devons-nous aujourd'hui « porter nos regards là où nous voudrions diriger nos pas, et agir comme possédant tout pouvoir de Celui en qui nous avons notre être » (Science et Santé avec la Clef des Écritures, par Mary Baker Eddy, p. 264).
Mrs. Eddy exprime en ces termes ce qu'il nous faut avant tout (ibid., p. 4): « Ce dont nous avons le plus besoin, c'est de la prière du désir fervent de croître en grâce, exprimée par la patience, l'humilité, l'amour et les bonnes œuvres. » Cette exhortation est d'une importance capitale. Remarquons qu'après avoir mentionné la grâce dont nous avons tant besoin, notre Leader nous dit que cette grâce si nécessaire doit s'exprimer « par la patience, l'humilité, l'amour et les bonnes œuvres. »
Dans son interprétation de l'oraison dominicale, notre Leader appuie également sur l'importance de la grâce. Cette parole: « Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien, » est interprétée spirituellement comme suit: « Donne-nous Ta grâce pour aujourd'hui; rassasie les affections affamées »(ibid., p. 17). La grâce est la qualité dont nous avons besoin chaque jour, la nourriture qui rassasiera « les affections affamées. » Voici comment Webster définit la grâce: « Une vertu, une qualité morale considérée comme venant de Dieu;... les grâces de l'abnégation, de l'humilité, de l'amour. »
Le second passage de Science et Santé reproduit ci-dessus implique que la présence de la grâce se marque avant tout par l'expression pratique de la patience. Le dictionnaire nous dit qu'une personne patiente est celle qui peut « exercer ou manifester dans des circonstances pénibles la longanimité, l'empire sur soi-même. » Il ajoute, remarque digne d'attention, que l'homme patient persévère, « ne cède pas au mécontentement,... reste calme dans l'attente. » Voici encore une autre définition: « La patience supporte les peines de la vie, grandes ou petites, sans murmurer et sans se plaindre soit en paroles, soit dans la manière d'être ou l'expression du visage. »
Ces définitions impliquent qu'un homme patient ne se contente pas de fermer les yeux sur les épreuves et les provocations; il s'élève au-dessus de ces choses qui à vues humaines susciteraient les plaintes, l'irritation, le désir de se défendre d'un ton agressif, de se justifier soi-même. Elles indiquent aussi qu'une personne patiente se rend compte au moins dans une certaine mesure que les inharmonies de l'existence humaine ne sont point réelles ou permanentes, ne sauraient affecter elle-même et son travail si ses pensées s'élèvent suffisamment pour échapper au prétendu pouvoir de ces ennuis. Telle est l'attitude du vrai Scientiste Chrétien. Il ne se soumettra pas à l'empire des conditions fausses, et ne se laissera point irriter par elles — qu'elles prétendent exister dans sa propre conscience ou le poursuivre dans ses rapports avec autrui. Il sait qu'en réalité le mal est sans pouvoir et ne saurait produire la douleur ou l'irritation, soutenir l'injustice, faire échouer les bons desseins. Grâce à cette connaissance, il est patient en face des provocations; il persiste à déclarer avec confiance que l'homme est l'enfant de Dieu, parfait, harmonieux. Il s'attend à ce que sa compréhension spirituelle dissipe les brumes du mal et révèle l'identité de l'homme en tant qu'idée de Dieu, toujours supérieure à l'irritation, au découragement.
La seconde qualité par quoi s'exprime la grâce, c'est l'humilité. Nous savons que notre Leader ne recommandait pas le malheureux concept d'humilité qui suggérerait le manque de courage, la sujétion, la lâcheté, et caetera. Elle pensait à l'humilité qui se reflète dans la douceur, la bienveillance, les qualités mentales qui ne sont jamais orgueilleuses, altières, arrogantes ou rancuneuses. Puisque la douceur correspond bien au vrai sens de l'humilité, la définition suivante pourra nous être utile: Celui qui est doux « a du savoir-vivre, il n'est pas dur ou sévère; il est aimable, plein d'égards,... modéré. »
Comment l'homme de Dieu pourrait-il n'être pas doux, manquer de savoir-vivre, avoir des dispositions qui ne soient pas aimables, modérées, paisibles? Dieu S'exprime par toutes ces belles qualités; il est donc heureux l'homme qui manifeste l'humilité! Il fait vraiment du bien à tous ceux qui se trouvent dans le champ de sa pensée.
La patience et l'humilité sont certainement des qualités impersonnelles. Leur portée est immense; elles ne dépendent point de l'attitude qu'ont les autres à notre égard. Il n'est donc pas surprenant que notre Leader ait cité la patience et l'humilité comme les deux pierres fondamentales sur lesquelles on peut construire une vie exprimant la grâce et le caractère du Christ.
La troisième qualité vitale mentionnée par Mrs. Eddy, c'est l'amour. Il est bon qu'elle ait tout d'abord attiré notre attention sur deux qualités tout à fait impersonnelles, — la patience et l'humilité, — car l'entendement humain trouve souvent difficile de comprendre et d'accepter l'amour s'il ne se rapporte pas à des relations individuelles. Pourtant le Scientiste Chrétien qui étudie son livre de texte avec intelligence sait que l'amour ayant sa source en Dieu, qui est Amour, « ne fait pas acception de personnes; » que sa portée est universelle; qu'il est toujours accessible à l'enfant de Dieu, et cela sans limites. Refléter individuellement l'Amour universel, c'est une chose importante qui donne à la patience et à l'humilité du ton, de la joie, de l'inspiration, de la chaleur. Fortifié par la patience, l'humilité, l'amour, le Scientiste Chrétien est prêt à n'accomplir que de bonnes œuvres.
La dernière et quatrième preuve indiquant la présence de la grâce, ce sont les bonnes œuvres. Elles expriment d'une manière active et positive la patience persévérante, s'attendant au bien, affinée par l'humilité véritable, puis enrichie, réchauffée, purifiée par l'amour. Notre Leader a rendu notre tâche bien simple, si nous voulons étudier et méditer ces cinq termes dans un esprit de prière afin d'en comprendre le sens.
Quand la grâce demeure dans notre penser, elle s'exprime inévitablement par de bonnes œuvres, et nos rapports avec le prochain deviennent toujours plus harmonieux. Ce qui jadis nous empêchait de travailler avec autrui dans la concorde, avec satisfaction; ce qui faisait ressortir chez d'autres ou chez nous des idiosyncrasies désagréables; ce qui nous poussait à envier, à voir de mauvais œil les responsabilités ou les succès de nos semblables — tout cela doit être surmonté. En outre, ce qui nous empêchait d'exprimer l'humilité et la douceur, sans lesquelles il est impossible de coopérer d'une façon complète et sincère; ce qui nous engageait à nous montrer vains ou fiers de notre position, de nos biens, de nos prérogatives; ce qui nous faisait tomber dans des pièges tels que les racontars ou la critique malveillante, toutes ces choses doivent être reconnues puis éliminées, car il est certain que la grâce de Dieu ne les sanctionne pas. Consacrons-nous à des pensées si pleines de grâce que les croyances déplaisantes du sens personnel ne pourront trouver accès dans notre conscience. Seuls les progrès spirituels, la consécration, la joie peuvent nous assurer la présence de la grâce dans tout ce que nous pensons et faisons.
Il faut du courage pour exprimer en tout temps la grâce. Il faut être à la fois brave et humble — assez brave pour exprimer la Vérité, assez humble, simple, modeste pour entendre le « son doux et subtil. » Quiconque a lu le récit de ce qui s'est passé pendant les derniers jours qui précédèrent la crucifixion ne peut mettre en doute l'intrépidité, le courage du Maître. D'autre part nul ne peut contester son humilité, car, au mépris des considérations personnelles, il mit au premier rang son devoir envers Dieu; avec un calme, une douceur, une confiance absolue, il supporta les sarcasmes, les insultes, les injures de ceux qui cherchaient à briser sa force morale. Seul avec la Vérité, il demeura sans crainte et plein de grâce, malgré des provocations qui dépassaient semble-t-il les forces humaines.
L'exemple parfait de notre Maître, le courage inébranlable et doux de notre bien-aimée Leader, doivent nous inspirer à vivre d'une manière toujours plus aimante, riche en grâce. A cette fin, prions sans cesse, disant avec une sincérité profonde:
« Esprit plein de grâce, ô reste avec moi!
Puissé-je toujours me montrer fidèle,
Révéler Ta vie agissant en moi,
Guérir mon prochain, aider qui chancelle.
Que dans mes mots et mes actes l'on voie
L'esprit du Christ et sa grâce éternelle. »
