Au premier chapitre du livre de Josué nous lisons: « Ne te l'ai-je pas commandé? Sois ferme et prends courage. Sois sans crainte et sans peur; car l'Éternel, ton Dieu, est avec toi dans toutes tes entreprises. » Ce verset fut pour moi un grand réconfort; il me fit sentir la présence de Dieu quand notre navire, le Robin Moor, fut torpillé dans l'Atlantique sud le 21 mai 1941, quinze jours après notre départ de New-York pour Le Cap.
Le commandant du sous-marin annonça qu'il allait faire couler notre bateau, et nous donna vingt minutes pour nous vêtir et quitter le bâtiment. Il y avait quatre canots de sauvetage; mon mari et moi avec cinq autres passagers, y compris un enfant de deux ans, fûmes désignés pour le canot N° 2, où prirent place un officier et quatre matelots. On put sans encombre mettre tous les canots à la mer.
Dans le Robin Moor, une torpille avait atteint la chambre des machines; mais le vaisseau tint bon jusqu'à ce que le commandant du sous-marin le fasse canonner et qu'il ait reçu trente-trois projectiles; alors il coula.
Le sous-marin s'éloigna, abandonnant nos quatre canots en pleine mer; mais nous savions que Dieu était avec nous et qu'il aurait soin de nous, ce qui fut prouvé par la suite. Pour la première nuit nous liâmes l'un à l'autre les quatre bateaux pour rester tous ensemble. Au matin l'on décida de partir pour la côte sud-américaine, à environ douze cents milles. Je savais que Dieu seul pouvait nous aider et que Sa loi agissait. Tout ce que nous possédions avait sombré avec le navire, sauf un étui contenant mes précieux livres. En quittant ma cabine je n'avais pris que cela; mais des torrents de pluie qui tombèrent bientôt trempèrent tout ce que nous avions, y compris mes livres. Nous fûmes très reconnaissants de ce que pendant la journée le soleil vint sécher mps vêtements. Mon mari et moi nous travaillâmes jour et nuit, comme on apprend à le faire en Science Chrétienne. Ces paroles d'un cantique (Hymnaire de la Science Chrétienne, N° 86) me vinrent à la pensée et me réconfortèrent beaucoup:
Dieu gouverne ici même,
Quoiqu'il semble invisible.
Ne pouvant employer mes livres, je me tournai sans réserve vers Dieu pour trouver de l'inspiration. Ces deux lignes d'un autre cantique (N° 9):
Il sait quels anges il vous faut,
Lui-même les envoie,
me rappelèrent que les pensées angéliques se révélaient constamment à moi et que je n'avais rien à craindre. Mon cœur débordait de reconnaissance envers notre bien-aimée Leader, Mary Baker Eddy, qui nous a donné d'admirables enseignements, des vérités qui nous aident dans la détresse. Il fallait sans cesse prêter l'oreille à ces pensées angéliques, car si l'on avait écouté ce qui se disait dans le canot, la situation aurait paru désespérée. Mais grâce à la Science Chrétienne, nous savions comment on corrige les pensées humaines. Chaque jour je méditais l'oraison dominicale et son interprétation spirituelle que donne notre livre de texte, Science et Santé, par Mrs. Eddy (pp. 16, 17); je prenais également les psaumes 91, 23 et 121, surtout ce dernier verset du psaume 121: « L'Éternel veillera sur ton départ comme sur ton arrivée, dès maintenant et à toujours. » Pour aider qui gouvernaient le canot, je fis mon travail avec le cantique 309 (Poems, par Mrs. Eddy, p. 14): « Montre-moi comment, Berger, je puis avancer. » Les cantiques furent tout le temps un grand réconfort. Quand la mer était agitée, que les vagues s'élevaient jusqu'à quatre ou cinq mètres, je méditais le cantique 209 (ibid., pp. 4, 5): « Douce présence, ô paix, puissance et joie. » Je sentais cette « douce présence, » et j'étais heureuse de savoir que « l'Eternel est puissant dans les hauts lieux, plus que les voix des grandes eaux, des flots puissants de la mer. » Chaque fois l'on pouvait remarquer les effets du travail.
Notre plus grande épreuve fut la soif. Chaque personne recevait matin et soir un demi-verre d'eau avec une ration de biscuit. Pendant la journée, lorsque la chaleur augmentait ma soif, j'étais soutenue par cette béatitude: « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés! » Quelques jours plus tard, on dit que si la pluie ne venait pas nous manquerions d'eau. Il fallut de nouveau nier cela et savoir que les enfants de Dieu ne peuvent être privés d'aucun bien. Le jour suivant les nuages s'accumulèrent puis se séparèrent tout à coup. Un des matelots dit: « En mer ce signe indique toujours qu'il n'y aura pas de pluie. » Immédiatement cette pensée me vint: Pour nous la pluie est la bénédiction de Dieu; rien ne peut nous en priver ou nous séparer de Ses bienfaits. Peu après les nuages se rassemblèrent de nouveau et nous eûmes assez de pluie pour faire face à nos besoins, mais on n'augmenta pas notre ration d'eau.
Jour après jour nous eûmes ces preuves de l'omniprésence et de l'omnipotence divines. Je devais faire des efforts pour vivre en Dieu et ne pas laisser vaguer mes pensées; je me sentis si près de Dieu que quand mes compagnons dirent que les requins nous suivaient, j'eus beau regarder, je ne pus les voir, car tout le temps je savais qu'il n'y a rien de destructif « dans la retraite secrète. » Mon mari et moi nous nous attachâmes fermement à la loi de Dieu et nous eûmes la preuve que Sa loi opère, car après bien des discussions l'officier décida qu'il fallait changer de direction; et le matin du treizième jour, après avoir fait plus de sept cents milles, nous vîmes un bateau, un cargo britannique. Nous fûmes tous remplis de joie; mon mari et moi nous sûmes que nos prières étaient exaucées, et nous rendîmes grâce à Dieu dont la bonté est grande. Le capitaine du cargo nous dit que deux jours auparavant, il avait reçu des ordres de l'Amirauté: on lui disait de dévier d'environ dix milles, et c'est ainsi qu'il était arrivé tout droit où nous étions, tandis qu'autrement il ne nous aurait pas vus. Ceci nous prouva que la loi de Dieu avait opéré.
C'est le 2 juin vers midi qu'on nous recueillit, et je ne puis dire combien je suis reconnaissante envers Dieu qui me donna la force de monter sur l'échelle de corde pour arriver sur le pont du cargo. Le capitaine et ses officiers nous témoignèrent beaucoup de bonté. Apprenant que nous avions vu pendant la nuit l'un des autres canots, le capitaine fit renverser la marche du navire pendant près de quatre heures; il trouva ainsi deux autres canots et recueillit en tout trente-cinq passagers du Robin Moor. Une semaine plus tard, un vapeur brésilien sauva le quatrième canot. Grâce à Dieu nul ne perdit la vie. Nous fûmes tous très reconnaissants de ce que personne ne devint malade par suite des intempéries et de la pluie qui nous avait si souvent trempés dans les canots. Le 16 juin nous arrivâmes sains et saufs au Cap. Les paroles ne pourront jamais dire ma gratitude envers Dieu, et envers notre bien-aimée Leader qui nous a fait connaître la Science Chrétienne. Mon cœur déborde de joie et je répète (Science et Santé, p. 494): « L'Amour divin a toujours répondu à tout besoin humain, et y répondra toujours. » Chaque soir dans le canot, lorsque j'essayais de dormir, je me répétais la dernière strophe du cantique 148:
Dans de verts pâturages
Mon Dieu me conduira;
Tous les sombres nuages,
Il les dissipera.
Mon espoir est immense
Et libre est mon sentier;
Père, avec Toi j'avance,
Certain d'être gardé.
Johannesburg, Transvaal, Afrique du Sud.
C'est avec joie que je corrobore dans tous ses détails le témoignage de ma femme; je fus très reconnaissant de savoir par cœur les cantiques de Mrs. Eddy: « Montre-moi comment, Berger, je puis avancer » — « Douce présence, ô paix, puissance et joie, » et cet autre beau cantique qui se trouve dans l'Hymnaire de la Science Chrétienne (N° 148): « Demeurant dans l'Amour céleste. » Ces paroles, ainsi que l'oraison dominicale et son interprétation spirituelle que donne le livre de texte Scientiste Chrétien (pp. 16, 17), furent ma prière constante pendant douze longs jours et autant de nuits. Elles m'encouragèrent beaucoup, et lorsque la situation paraissait désespérée, elles renouvelèrent ma force et mon courage; je pus continuer à savoir que la loi de Dieu produit toujours ses effets, et nous la vîmes certainement agir dans notre cas. —
