Quelle assurance nous donne la réalisation que l'enfant de Dieu ne saurait être séparé du bien; que malgré toutes les apparences matérielles, l'homme coexiste avec Dieu, reflétant l'abondance de l'Esprit, la seule substance! Toutefois nous devons nous montrer vigilants pour ne pas permettre que l'erreur nous fasse déprécier le bien et amplifier l'illusion — sous-estimer les ressources et grossir les lacunes apparentes.
L'Évangile de Jean rapporte que même après avoir eu maintes preuves du pouvoir divin démontré par le Maître, André, l'un des Douze, répondit à Jésus qui demandait où l'on achèterait du pain pour nourrir cinq mille personnes: « Il y a ici un jeune garçon, qui a cinq pains d'orge et deux poissons; mais qu'est-ce que cela, pour tant de gens? » André voyait la pénurie tandis que Jésus voyait les ressources abondantes; en effet, la Bible nous dit qu'il « savait bien ce qu'il allait faire. » Par sa compréhension du pouvoir de Dieu subvenant à tous les besoins, il nourrit cette foule de gens, et lorsqu'ils furent rassasiés, on remplit douze corbeilles des morceaux qui restaient. Quelle abondance, quelle profusion de biens!
Ce beau récit met en lumière le fait que Dieu peut subvenir à nos besoins; nous y remarquons que Jésus refusa d'admettre la réalité du sens matériel indiquant la pénurie. Les provisions visibles aux sens matériels paraissaient bien insuffisantes pour nourrir une foule épuisée. Pourtant le Maître utilisa ce qu'il avait sous la main, car il savait que Dieu donnerait l'accroissement. Nous remarquons aussi qu'après avoir rendu grâces, Jésus distribua les vivres aux disciples et que ceux-ci les répartirent entre les assistants. Nous voyons donc que la gratitude s'exprima avant même que fût démontrée la manifestation de l'abondance. Ce sont là d'importantes leçons. Que de fois la démonstration des ressources est retardée par l'ingratitude — parce qu'on amplifie le manque apparent et qu'on sous-estime ou néglige le bien déjà proche! A la page 3 de Science et Santé avec la Clef des Écritures, Mrs. Eddy écrit: « Sommes-nous réellement reconnaissants pour le bien déjà reçu? Alors nous mettrons à profit les bienfaits que nous avons, et ainsi nous serons qualifiés pour en recevoir davantage. »
Tant qu'il est pourvu à nos besoins actuels, nous ne manquons de rien; et si nous accueillons avec gratitude les ressources d'aujourd'hui, nous ouvrons la porte à la manifestation continue de la divine sollicitude. Dans Malachie, nous lisons ceci: « Apportez toutes les dîmes au trésor du temple. Qu'il y ait des vivres dans ma maison: mettez-moi ainsi à l'épreuve, dit l'Éternel des armées; vous verrez si je ne vous ouvre pas les écluses des cieux et si je ne répands pas sur vous la bénédiction sans mesure! »
Cette dîme que nous pouvons apporter, ne serait-ce pas la reconnaissance touchant le bien déjà reçu? En ce qui concerne les choses dont nous avons besoin, la gratitude joue un rôle très important. Une gratitude sincère augmente notre réceptivité; elle détruit la pitié égotiste, l'impatience, le ressentiment, le découragement — erreurs qui limiteraient le bien et fermeraient la porte aux bénédictions toujours prêtes à venir, si nous les acceptons. Le cœur reconnaissant est une source de joie; il donne plus de prix à tous les services que nous pouvons rendre.
Dans un certain cas, un Scientiste Chrétien s'aperçut que ses ressources étaient quasiment épuisées: il lui restait tout juste assez pour un jour. Au premier moment, la crainte et l'anxiété voulurent l'envahir. Puis il se rappela les nombreuses occasions où Dieu l'avait protégé, avait pris soin de lui; il se mit à compter ses bénédictions, à se réjouir de ce que le bien ne lui avait jamais fait défaut, de ce que son entretien était assuré pour la journée, de ce qu'il était riche en joie, en gratitude, en compréhension de Dieu, choses qui n'ont pas de limites. Il vit clairement que les termes « argent » et « ressources » ne sont pas synonymes, car même avec des richesses matérielles illimitées, il eût été très pauvre sans la compréhension de Dieu. Lorsqu'il saisit la vérité concernant l'abondance du bien, un sentiment de paix et de bonheur remplit sa conscience. Avant la fin de la journée, il eut l'occasion de rendre un service très apprécié et il reçut de quoi subvenir aux besoins du moment. Jour après jour sa subsistance fut assurée, jusqu'à ce que de nouveau il put exprimer l'abondance. Inutile de dire que cette épreuve fut pour lui une bénédiction, car les richesses de la vraie substance lui devinrent plus claires et lui valurent la réalisation de la sécurité véritable, qui ne dépend pas des possessions matérielles.
Dans Miscellaneous Writings, notre bien-aimée Leader écrit (p. 307): « Dieu vous donne Ses idées spirituelles, et celles-ci vous donnent à leur tour les ressources quotidiennes. Ne demandez jamais en vue du lendemain: il suffit que le divin Amour soit une aide toujours présente; et si vous savez attendre, sans jamais douter, vous aurez à chaque instant tout ce qu'il vous faut. » Lorsque nous ne reconnaissons pas le bien déjà proche, nous ne sommes point prêts à recevoir davantage. La pensée que remplissent la crainte et les tracas n'est pas attentive aux directions divines; aussi néglige-t-elle bien des occasions d'être bénie. Le cœur plein de gratitude reconnaît le bien, s'attend au bien, l'accepte, et par conséquent le possède toujours en abondance.
Voici donc ce que nous devons faire: servir Dieu d'un cœur confiant et reconnaissant; oublier le moi pour être prêt à servir les autres, à leur faire du bien; chercher à percevoir les idées spirituelles de Dieu, puis en faire usage; reconnaître les bienfaits déjà reçus, ce qui nous rendra réceptifs au bien que Dieu a préparé et dont nous pouvons jouir maintenant. Comme le dit un beau cantique:
« La gratitude est un trésor,
On est pauvre si l'on se plaint. »
En nous tournant vers Dieu avec gratitude, nous laissons entrer dans notre vie la réalisation de l'abondance toujours accessible aux enfants de Dieu, et représentant leur héritage.
C'est une erreur de s'imaginer que la religion s'applique seulement aux choses très hautes, à ce qu'on nomme les grands devoirs de la vie. Elle s'élève jusqu'aux cimes, mais elle ne méprise pas les occupations les plus humbles. Avec le désir sincère de glorifier Dieu, on travaille à l'œuvre du Seigneur même en balayant le plancher, en guidant la charrue, en s'occupant d'une laiterie, en faisant des écritures. Tout travail dont le mobile et le but s'inspirent de Dieu, devient l'œuvre du Seigneur. Ainsi notre vie sous ses divers aspects, entièrement consacrée à l'œuvre du Seigneur, devrait ressembler à la rivière qui malgré les obstacles, quelles que soient la longueur de son cours, la monotonie ou la majesté du paysage, a sa source dans les hauteurs et, nourrie par les rosées célestes, répand les bénédictions et reflète l'azur des cieux. —
